Prière et
restauration intérieure
autour de la
symbolique
Coeur-langue-mains
&
yeux-oreilles-pieds
dans la Bible
Remarque preliminaire = Le texte qui suit est celui d une etude biblique, realisee et ecrite par mes soins, lorsque, `pasteur debutant`, dans une paroisse du Borinage, je poursuivais mes etudes de theologie.
Je ne l`ai pas retouche... Il comporte donc des lacunes, voire des erreurs et reflete une maniere de voir les choses qui n`est plus vraiment la meme aujourd`hui. Neanmoins on y trouve deja l`echo de l`attirance qu`exercait deja a l`epoque le Judaisme sur moi.
Je n`ai malheureusement pas pu importer les schemas sur ce blog. Il faut aussi que je complete ce texte par l`exegese des Psaumes annonces, puisque l`etude ne compte actuellement que celle du Psaume 1 !
Par consequent, soyez indulgents !
L
|
'étude biblique
qui va suivre aborde le sujet qui est sans doute le plus essentiel à notre vie
d'enfants de Dieu : celui de la prière. Est-ce à dire que nous allons apprendre
à prier? Non! Nous allons apprendre à
RESPIRER ! Et nous apercevoir très vite combien la similitude est frappante
entre les deux actions. La respiration est nécessaire à notre vie. Elle fait
partie de nous-mêmes, elle est dans notre nature. Nous le savons fort bien, et
nous savons aussi que , depuis la petite claque que nous avons reçue sur les
fesses le jour de notre naissance, nous respirons instinctivement, que nous
soyons ou non éveillés, conscients ou non. Nous ne remettrions pas cela en
question. Pas plus que nous ne nierions le fait que la prière est comme la
respiration du chrétien ! Mais alors, de deux choses l'une : soit nous
respirons parfois très lentement, soit nous sommes de véritables champions de
l'apnée en cette matière. Parce que, me direz-vous, on ne prie pas comme on
respire, on ne prie pas inconsciemment. Cela demande de l'attention, un effort
soutenu. C'est sans doute en partie vrai, mais c'est aussi totalement faux, en
ce sens que la prière est l'état naturel de l'homme, sa vraie nature, ce pour
quoi il a été créé ! C'est ce que nous allons essayer de découvrir ensemble au
cours d'un périple de plusieurs mois.
Conventions :
Cette étude biblique est bâtie
autour d'un plan précis. D'autre part, elle n'aura lieu que deux fois par mois,
durant dix mois. (s'il n'y a pas d'étude biblique en juillet-août). Nous ne
disposons donc pour en "faire le tour" que de vingt séances de une
heure trente, ce qui nous fait pour l'année un total de 30 heures.
C'est très court.
Par conséquent, il va nous falloir exploiter au mieux le temps qui nous est
imparti. Je propose donc que nous procédions comme suit :
1. Nous
commençons à 19 heures précises.
2. Nous commençons par un temps de louange et de
chants.(plus ou moins 1/4 Hr)
3. Nous
avons trois quarts d' heure d'enseignement devant nous.
4. Nous
réservons la dernière demi-heure à la prière d'action de grâce et
d'intercession.
Il va sans dire que ce timing est un
idéal que nous nous efforcerons de suivre, sans toutefois en devenir esclave :
laissons la place à l'inattendu que le Seigneur ne manquera pas de susciter au
cours de nos réunions comme il le suscite dans notre quotidien !
Chaque
participant recevra, au fur et à mesure que nous avancerons, les notes
complètes relatives à l'étude entreprise.
D'autres documents (textes divers, documents
iconographiques, bibliographie, lexiques, etc...) vous seront remis en cours
d'année.
Plan de l'étude :
Avant-propos.
Conventions.
1. Introduction :
Qu'est-ce donc que l'homme ?
2. La triade
coeur-langue-mains.
3. La triade
yeux-oreilles-pieds.
4. Prier avec
tout son être.
5. La prière de
louange.
6. Le coeur, la
langue, les mains : autant de clés pour ouvrir les textes de la première
Alliance.
7. Les mêmes
clés, pour ouvrir les Evangiles.
8. Conclusions et
applications pour notre temps.
(Certains points
seront particulièrement développés, notamment le point 5, sur la prière de
louange, qui nous occupera durant une bonne partie de l'année.
1. Introduction
: Qu'est donc que l'homme ?
L
|
a toute première
question que nous allons avoir à nous poser dans le cadre de cette nouvelle
étude biblique est celle de la perception que nous avons nous-mêmes de la
personne humaine.
Dans notre monde occidental, l'homme
apparaît comme constitué d'un corps et d'une âme distincts, le premier élément
ayant souvent une connotation assez négative. Ainsi, on dira que tout ce qui
sert le corps ou qui est l'objet de son action est moins "bon" que ce
qui sert l'âme ou émane de l'esprit[1].
On voit se dessiner là une dichotomie qui touchera l'humain jusque dans ses
activités professionnelles et ses relations socio-culturelles. La lutte ou
l'opposition des "manuels" contre les "intellectuels" ne
date pas d'hier et n'est sans doute pas près de cesser.
Cette opposition
fut entretenue durant des siècles tant par la philosophie grecque que par le
catéchisme catholique qui enseignait que l'homme est une créature raisonnable,
composée d'un corps mortel et d'une âme immortelle. Saint Augustin lui-même,
ainsi que Saint Thomas d'Aquin, pour ne citer que ces deux grands théologiens,
cautionnèrent cette définition. Elle sera reprise sur le plan philosophique par
le grand Descartes, qui influencera largement la pensée française et, par
rebondissement , une large part de la pensée occidentale. Aujourd'hui encore,
la lutte perdure entre matérialistes et spiritualistes, parfois de façon
subtile d'ailleurs lorsque certains, qui se croient suffisamment
"spirituels" dénigrent à tout va ceux qu'ils nomment avec mépris ou
condescendance des "mystiques"[2].
Ce dualisme entre
matériel et spirituel est pourtant en total désaccord avec ce que l'on pourrait
appeler "l'homme biblique" qui lui, est un tout dont un peut affirmer
que même la mort ne le divise pas. En outre, nous le verrons tout au long de
cette étude, trois fonctions essentielles, ontologiques de l'homme sont
constamment mises en valeur par la désignation symbolique des trois organes que
sont le coeur, la langue et les mains. Ces trois organes ou groupes d'organes
renvoient non seulement à leurs parallèles immédiats et abstraits qui sont la
pensée ou l'intelligence, la parole et l'action ou la création mais, plus
profondément, indiquent des caractéristiques propres à l'homme que je
qualifierais volontiers "d'intérieur" :
* L'intention profonde,
l'intériorité du coeur
* L'expression de cette intention,
le 'dire', ce par quoi l'homme dialogue
avec ses pairs ou avec
son Créateur.
* La réalisation de cette pensée, le
moyen grâce auquel l'homme est capable de l'exécuter
concrètement, de "procréer" au sens large.
Les trois sont
unis par un lien dynamique, une sorte d'enchaînement logique sans lequel le
point 3, la réalisation, ne saurait aboutir ni exister.
Ce lien est
important parce qu'il montre bien que, s'il est facteur d'équilibre lorsqu'il
existe, son absence ou sa déficience peut, a contrario, engendrer des
déséquilibres plus ou moins graves. Ces déséquilibres pourront, nous le
verrons, être générés par la volonté de l'homme lui-même. Ceci en vertu de la
liberté la plus totale que Dieu nous laisse dans nos choix. Mais seul l'état
d'équilibre corps-âme pourra générer en nous la joie véritable, durable et
inaltérable.
Comme le souligne
très justement René Garaudy, "ni le corps ni l'esprit ne peuvent être
joyeux séparément."[3]
La Bible, elle,
expression d'une pensée orientale différente de la nôtre, voit l'homme comme un
tout, une Unité. Du reste, comment pourrait-il en être autrement de celui qui est créé à l'image du Dieu Un ?
Dans la Bible,
l'homme est présenté comme un organisme "psycho-physiologique",
constitué à la fois par un corps et une âme, intimement liés entre eux par la
force de l'Esprit.
Il y a là trois
termes qu'il convient d'expliquer plus précisément :
Le corps, en
hébreu "Basar" : Le sens premier est "la chair". Cette
chair est la manifestation concrète de l'âme (à peu près au sens de
"anima" en latin, c'est à dire ce qui "anime"). Ce qui
anime ne peut jamais être séparé de la chair. (Sinon cette dernière disparaît).
On dit en Hébreu que l'homme EST chair. Pas qu'il a une chair. Ceci indique
combien la chair est importante puisqu'elle est partie intégrante de l'être
humain.
L'âme, où plutôt
le mot que nous traduisons par âme, se dit en hébreu "nephesh" .Le
sens premier est celui de "gorge". Puis, par extension, il devient le
souffle, et donc la vie, et même précisément l'être vivant. De même qu'il EST
Basar, l'homme EST aussi Nephesh ! Les deux sont indissociables !
Le troisième
terme à expliciter brièvement est celui que nous traduisons généralement par
Esprit. C'est, en hébreu, le mot Ruah. Son sens premier signifie souffle, vent.
C'est le souffle de vie que Dieu insuffle dans les narines de l'homme, et de
l'humain uniquement (pas des animaux !) Ce souffle, c'est la vie de Dieu
Lui-même, que le Créateur communique, insuffle à sa créature préférée. Quand
l'homme "meurt", il rend ce souffle à Dieu.
On le voit, il
n'y a ici aucun dualisme corps/âme. Bien au contraire, il y a UNITE, une unité
construite par l'Esprit de Dieu dont l'homme tire sa force vitale.
2. La triade
Coeur-Langue-Mains.
A. Le coeur (Lèb)en hébreu, Kardia (kardia)en grec)
Quand nous
parlons du coeur, nous le faisons aussi au sens figuré. Pour nous, le coeur est
le siège des bons sentiments. On dit d'un homme qu'il a du coeur ou non pour
signifier qu'il est bon ou pas. On peut aussi associer le coeur au courage.
Ainsi, on parlera "d'avoir le coeur à l'ouvrage". Symboliquement, le
coeur désigne l'amour. Ainsi on parlera des "deux coeurs enlacés" ou
du "courrier du coeur". Très rarement on l'associera à l'activité
intellectuelle. Le siège de l'intelligence, pour nous, c'est plutôt le cerveau,
dont émane la pensée. Donc, dans la grande majorité des cas, nous lions le
coeur à l'affectivité. On comprendra dès lors tous les dérapages et toutes les
erreurs interprétatives que vont engendrer en nous des versets ou des
enseignements à propos d'une "Révélation qui parle au coeur" ou d'une
"conversion du coeur" ou même - et ce sera particulièrement l'objet
de notre réfléxion de cette année- d'une "prière du coeur".
a. Le coeur
humain :
Sans doute
aurez-vous compris que je n'entends nullement parler ici de cette merveilleuse
pompe qui nous fait vivre, pas plus d'ailleurs que je n'ai le dessein de vous entretenir
des mains, de la langue, des oreilles, des yeux ou des pieds en tant
qu'organes. Nous ne sommes pas dans une classe de sciences naturelles !
en ce qui
concerne le coeur, le sens physiologique strict est extrêmement peu employé
dans la Bible. On peut toutefois citer 2 Sa 18.14 où Joab plante ses javelots
dans le coeur d'Absalon, 2R 9.24 où Jéhu tue Joram d'une flèche dans le coeur
et Os 13.8 où c'est Dieu Lui-même qui parle d'anéantir Israël en lui déchirant
le coeur. Mais c'est déjà là un sens plus allégorique.
Même comme siège
de la vie, le coeur est peu cité : Pro 4.23 : "Mon fils, veille sur ton
coeur plus que toute chose, car c'est du coeur que jaillit la vie."
Pourtant, le mot
est cité 749 fois dans l'ensemble de la Bible hébraïque et du Nouveau
Testament. (591 fois pour le mot Leb et 158 fois pour le mot kardia).
C'est donc un mot
très important. On le rencontre dans la plupart des cas sous un des sens
suivants :
* Comme siège de la vie
psychique, de l'intériorité. C'est le lieu où le Seigneur a accès, quoi que
nous fassions, le seul lieu d'ailleurs qui lui importe : c'est l'endroit que
"scrute le Seigneur" (Jr 17.9-10), le lieu où "regarde le
Seigneur", par opposition à l'homme qui ne regarde, lui que les apparences
(1Sa 16.7), c'est aussi le lieu que seul Dieu connaît (Ac 1.24)
* Comme siège de l'intelligence.
Ainsi Daniel va révéler à Nébuchanedsar le sens de la vision de la grande
statue "pour qu'il connaisse les pensées de son coeur" (Dn 2.30).
Chez Luc, Jésus interpelle les disciples d'Emmaüs qui ne comprennent pas, en
leur disant : "O inintelligents et lents de coeur à croire tout ce qu'ont
déclaré les prophètes!" (lc 24.25)
* Comme siège de la volonté :
Salomon, parlant de son père David dit de lui qu'il "eut à coeur" de
bâtir le un Temple pour Dieu. (1R 8.17). Paul demande aux Corinthiens de donner
"selon la décision de leur coeur" (2Co 9.7)
* Comme siège de la vie émotive :
C'est là un sens second qui nous est proche. Ainsi on parlera de
"coeur en joie" et de "coeur en peine" (Es 65.14). Avant la
lutte, il convient que le coeur ne faiblisse pas (Dt 20.3)
Chez
Jean, dans son Evangile, Jésus dit à ses disciple après la Cène : "que
votre coeur ne se trouble pas" (Jn14.1)
* Enfin, comme siège de la vie
morale et religieuse : Israël est invité à "incliner son coeur devant
le Seigneur" (Jos 24.23); à "déchirer son coeur" en signe de
conversion (Joe 2.12-13). Dans les Béatitudes, les "Coeurs purs" sont
appelés heureux et il est dit qu'ils verront Dieu...
Ajoutons à ceci
que le coeur apparaît comme le centre de la personne. Tout ce qui est de la vie
de l'homme passe par le coeur.
On saisit mieux
alors, puisque ce coeur est le centre décisif de notre personnalité,
l'importance du choix qui nous est donné à chacun d'ouvrir ou non notre coeur à
Dieu et donc de choisir ou non la vie. On est loin d'un sentimentalisme
quelconque : on est en face d'un choix vital !
b. Le coeur divin
:
Dieu aussi a un
coeur, un peu du même ordre que le nôtre. Ou plutôt, c'est le nôtre qui est du
même ordre que le sien, puisque nous sommes à son image et non l'inverse. Nous
oublions souvent ce "détail" !
Il est bien
évident que le coeur de Dieu n'est pas une pompe de chair qui bat dans une
poitrine . C'est un coeur longanime ("Les projets de son coeur subsistent
d'âge en âge" (Ps 33.11-12)), qui ne varie pas. C'est un coeur plein de
tendresse, capable d'être bouleversé par nos manquements (Os 11.8-9), plein
d'amour et de miséricorde...
Dans le NT, c'est
surtout chez Luc que se trouve exaltée la bonté de Dieu (Lc 1.50;
1.78,-Entrailles de miséricorde !!!- etc...)
C'est parce
qu'il vit de la vie même de Dieu que le coeur de l'homme est appelé à vivre
au rythme du coeur de Dieu dans l'Alliance. C'est d'ailleurs le sens profond
de cette Alliance. C'est ici qu'apparaît tout le sens de la promesse du don
d'un "coeur nouveau" que l'on trouve chez Ezéchiel 36.26-28. Dans
sa miséricorde, Dieu donne, et c'est son Esprit, qu'il place Lui-même dans le
coeur nouveau qu'il nous offre, qui nous change, nous convertit. Tout est don
dans la vie chrétienne. Don et abandon...
|
B. La langue Leshon en hébreu, glwssa glôssa en
grec.)
Note préliminaire : on rangera sous ce vocable aussi bien la
bouche que les lèvres. Toutefois, le terme "langue" est préférable
pour le titre de notre rubrique, puisqu'il contient un dérivé : le langage,
moyen par lequel l'homme communique avec ses semblables et avec Dieu. Il est
bien entendu que nous parlerons du langage dans tous les cas, jamais
directement de l'organe anatomique qui le permet.
a. La langue de
l'homme.
La bouche a normalement un usage triple :
Elle sert à l'alimentation
Elle sert à la communication
Elle sert à exprimer des sentiments, de manière
abstraite (sourire, moue) ou concrète (baiser ou crachat)
Nous ne retiendrons principalement que la
communication, mais sans faire totalement abstraction du reste.
Dans la Bible, chaque fois que nous trouvons le
mot "bouche" (ou l'un de ses parallèles avec le sens de
"langue" ou de "lèvres", nous devons être particulièrement
attentifs. Très souvent, en effet, ce mot souligne le caractère prophétique des
paroles prononcées. Ainsi, nous voyons Dieu qui ouvre la bouche de l'ânesse de
Balaam, pour la faire participer à un dialogue pour le moins étrange (Nb 22.28).
Les prophètes, bien sûr, ouvrent la bouche pour prononcer les oracles du
Seigneur. On peut dire ainsi qu'ils prêtent leur voix à Dieu Lui-Même. L'emploi
du mot est extrèmement fréquent , sous toutes ses formes, comme on le remarque
dans le tableau ci-dessous :
Ancien
Testament
|
|
Nouveau
Testament
|
|
LASHON (langue)
|
117
|
GLOSSA (langue)
|
50
|
PEH (bouche)
|
340 (dans ce sens)
|
STOMA (bouche)
|
73 (dans ce sens)
|
SAPHAH (Lèvre)
|
125 (dans ce sens)
|
CHEILOS
|
6 (dans ce sens)
|
Certaines expressions sont très caractéristiques :
Mettre sa main sur sa bouche :
L'action renforce l'idée du silence : ainsi
l'ordre donné par les Danites au prêtre de la maison de Mika (Jg 18.19)
Etre la bouche de quelqu'un :
Ainsi, Aaron va devenir le "porte
parole" de Moïse (Ex 4.15-16) tout en étant lui-même celui de Dieu.
Etre une seule bouche :
Plusieurs hommes, qui sont d'accord ensemble sont
désignés comme "parlant d'une même bouche, comme en Jos 9.2 et 1R 22.13.
Par le truchement
de sa langue, l'homme communique avec autrui. Mais chacun de nous peut dire ce
qu'il pense ou le contraire de ce qu'il pense. La langue ne dit pas toujours la
vérité et peut donc être un dangereux instrument . La littérature de sagesse en
fait un très large écho. A titre d'exemple, nous pouvons lire les versets
suivants :
* Pr 18.20-31
* Pr 10.31-32
* Si 5.13 & 27.4
Dans un même
ordre d'idée, on peut établir une liste des "péchés de langue" :
* le faux témoignage (Ps 130.2)
* le mensonge ( So 3.13; Es 53.9; Mi
6.12)
* la parole double, la médisance (Si
28.13-26)
* les paroles arrogantes ou
insolentes (Ps 12.4-5)
* les paroles qui blessent, qui
tuent ( Ps 52.3-6)
Quand on parle de
blesser ou de tuer, on fait facilement le rapprochement avec une arme . La
langue est souvent citée comme étant une arme :
* Arme tranchante (Ps 57.6)
* Poignard (Ps 55.22)
* un fouet (Job 5.21)
* Etc...
C'est vrai
qu'avec sa langue, l'homme peut faire des dégâts considérables. C'est
d'ailleurs pourquoi il est souvent recommandé de l'employer avec
circonspection. Il convient souvent de "tourner la langue sept fois dans
sa bouche avant de parler", et il est recommandé aux enseignants, dans
l'épître de Jacques, de "tenir leur langue", c'est à dire de ne
l'utiliser qu'à bon escient. Il est des vérités parfois qu'il faut éviter de
révéler à certaines personnes. Ce qui n'empêche qu'il faille toujours toujours
rectifier l'erreur, même si la rectification fait parfois mal.
La bouche, les
lèvres, semblent quant à elles se situer sur un plan plus précis : ce sont les
portes que le Seigneur doit ouvrir, voire purifier pour que l'homme puisse
parler en Son nom et publier Sa louange.
C'est le thème
général repris pour notre étude de cette année (Seigneur, ouvre mes lèvres et
ma bouche publiera ta louange) et celui, non moins connu de la vocation d'Esaïe
( Es 6.5-7) où l'on voit un séraphin purifier les lèvres du prophète en les lui
touchant d'une braise de l'autel.
b. La langue de Dieu.
Parler de la
"langue" de Dieu revient bien entendu à parler de sa Parole. Nous
savons de Dieu qu'il a parlé à l'homme depuis le moment initial de la création,
qu'il lui a parlé au travers des patriarches, des prophètes, etc...
Ceci relève du
catéchisme élémentaire. Tout comme nous sommes sans doute tous d'accord sur le
fait que la Bible est la Parole de Dieu. C'est du moins ainsi que nous parlons
le plus souvent entre nous. Et sans doute nous avons raison, mais je crois
qu'il est bon d'apporter ici un petit rectificatif : il serait plus juste me semble-t-il
de dire que la Bible "est Parole de Dieu", plutôt que de dire qu'elle
est "LA" Parole de Dieu. Bien sûr, Dieu parle dans la Bible. Mais il
parle et se révèle aussi au travers de tous les prophètes, au travers de la
personne de Jésus-Christ et, bien au delà encore, au travers de chaque homme,
de chaque être, de la création tout entière. Pas plus que nous n'avons en tant
que chrétiens le monopole de la vérité, nous n'avons celui de la tendresse et
de l'intimité de Dieu, qui se manifeste dans ses révélations. Tous les hommes
parlent à Dieu et Dieu parle à tous les hommes. Nous n'avons pas à sous-estimer
la prière de qui que ce soit , ni la forme de cette prière. Nous avons bien au
contraire à apprendre de chacun. Faire nôtre la bonne part de chaque chose.
Mais avant d'aller plus loin (sans doute voyez-vous déjà ici se dessiner des
possibilités de prière qui vous semblent déroutantes dans leur expression) , je
voudrais encore parler brièvement du troisième point de notre première
"triade" : les mains.
B. Les mains ( Yadaïm en hébreu, Cheires en grec)
a. Les mains de
l'homme.
Elles sont le
point d'aboutissement, de concrétisation de la chaîne que nous avons déjà
évoquée souvent : coeur-langue-mains =
pensée-expression-réalisation. Il est très important de garder cet ordre à
l'esprit : que vaudrait une prière qui ne serait qu'expression orale, sans
enracinement dans le coeur et surtout sans réalisation ? J'entends par
réalisation les fruits de la prière, qui sont à prendre dans une corbeille qui
en contient de multiples, compris entre l'espérance et l'agir chrétien. Cette
triple chaîne trouve aussi un curieux écho dans une autre triade -et je ne
pense pas que ce soit un hasard- qui est celle des "trois vertus
théologales" : la foi, l'espérance et l'amour. On les appelle
"théologales" car elles sont les clés de l'accès à la connaissance de
Dieu. Le tableau de la page suivante devrait vous aider à synthétiser les trois
groupes de triades que nous venons d'évoquer, en les plaçant chacun à un niveau
précis de notre être.
|
PLAN PHYSIQUE
|
coeur
|
langue
|
mains
|
PLAN PSYCHIQUE
|
Pensée
Au fond de moi
naît une idée. Je pense à quelque chose.
|
Expression
J'exprime
verbalement cette idée, je la communique à mon prochain.
|
Réalisation
Je réalise
cette idée par mon action. Je transforme ma pensée, mes paroles en actes.
|
PLAN SPIRITUEL
|
Foi
Au fond de moi
se précise une idée, un concept se fait réalité, évidence : "tu es le
Christ, le Fils du Dieu Vivant"
|
Espérance
A cause de
cette évidence, je franchis le pas qui consiste à exprimer ma foi, à la
proclamer, la dire, envers et contre tout. "Seigneur, malgré la tempête,
je m'embarque avec toi, parce que je sais que tu me mèneras à bon port."
|
Amour
En
m'embarquant, je me fais disciple, et en tant que tel, je me dois de réaliser
ici et maintenant des plans qui ne sont plus les miens mais ceux de Celui en
qui j'ai mis ma foi et mon espérance. Il s'agit ici d'un dépassement de mon
"moi".
|
On peut dire
beaucoup de choses des mains ! Et tout d'abord qu'elles sont souvent (c'est
très visible dans certains pays du Sud) un complément à la parole, qu'elles
soulignent souvent de manière expressive, quand elles ne sont pas tout
simplement un palliatif : qui n'a entendu parler du langage des sourds-muets ?
Dans la Bible, on
trouve une foule de citations ayant trait aux mains et les évoquants dans des
situations bien précises.
On se lave les mains : bien plus que
par souci de propreté, on le fait pour satisfaire aux lois de pureté. S'il ne
s'agissait que de simple propreté, sans doute ce geste serait-il d'ailleurs
moins fréquent, puisque dans les pays du Proche-Orient, l'eau est trop rare
pour être gaspillée ainsi. Par contre, le lavement rituel des mains est très
fréquent, encore de nos jours dans le Judaïsme. On trouve ces prescriptions
légales principalement en Lév 15.11,
pour le commun des mortels et en Ex 30.19 plus particulièrement pour les
prêtres. Il semble bien que Jésus se soit parfois détaché de ces pratiques, au
grand dam des ultra-fondamentalistes de son époque qu'étaient les Pharisiens
(Mc 7.3 et Lc 11.38). De même, on peut aussi se laver les mains en signe de sa
propre innocence (Ps 26.6) ou pour se décharger symboliquement d'une
responsabilité, comme le fera Pilate, à propos de Jésus. (Mt 27.24)
On se donne la main : pour sceller un
accord (2 R 10.15). De même dans le Nouveau Testament, on voit Jacques, Pierre
et Jean, qui donnent à Paul et Barnabé une "main de communion" (c'est
la traduction littérale de Gal 2.9)
On prend quelqu'un par la main :
pour le secourir, le conduire (Ac 9.6, Ac 13.11)
On bat des mains : Principalement bien sûr
pour exprimer sa joie (Ps 47.2). Mais il n'empêche que l'on peut aussi le faire
pour exprimer sa colère (Nb 24.10) ou en signe de dégoût (Ez 6.11). Il est
encore une autre occasion où l'on peut le faire et qui s'apparente aussi bien à
la joie qu'à la colère et/ou au dégoût : c'est lorsque l'on bat des mains pour
montrer que l'on se réjouit du malheur d'autrui (Lm 2.15, Na 3.19)
On PRIE avec ses mains : Ce
faisant, nos mains traduisent l'expression de notre être profond. Ainsi, on
lèvera les mains vers le ciel (Ps 141.2).
C'est là sans doute ce qui nous paraît le plus évident. Mais il est d'autres
gestes, faits avec les mains, qui ont trait à la prière : on porte sa main à sa
bouche en signe d'adoration (Job 31.27). Ceci nous ramène d'ailleurs à
l'étymologie même du mot "adoration" : adorare, en latin dérive de la
contraction de deux mots : "ad", qui signifie "vers" et
"os" qui signifie "la bouche". Prier, c'est adorer, et
adorer, en vérité, ne peut se faire qu'en joignant le geste à une parole issue
des profondeurs de l'âme. On le voit de plus en plus précisément, les trois
pôles sont non seulement liés naturellement, mais ils sont indissociables. On
comprend mieux que la prière est unifiante (et donc pacificatrice de notre
être) mais aussi qu'elle dépend d'une unité que nous avons à découvrir en nous
et à préserver, à consolider. On comprend alors mieux à quel point la prière
fait partie de notre être profond, combien elle nous est naturelle !
La main symbolise la puissance :
Ainsi, l'expression "tomber aux mains de..." signifie bien que l'on
se trouve sous la domination de quelqu'un. Cette puissance ne peut d'ailleurs
être que celle de Dieu qui s'exerce au travers des gestes de l'homme. Ainsi
Moïse qui étend sa main sur les eaux, ainsi l'imposition des mains, geste
biblique s'il en est et que toutes les Eglises chrétiennes pratiquent encore
aujourd'hui pour conférer l'Esprit , que ce dernier soit en l'occurrence Esprit
de Force, de guérison, de sagesse, de joie, de connaissance, etc... Celui ou
celle qui impose les mains n'a strictement aucune importance : il n'est qu'un
médium, un moyen par lequel passe Dieu Lui-même. Ceci est essentiel. Il est dès
lors ridicule de croire que l'on obtiendra plus ou que l'on sera plus béni par
le biais de telle ou telle personne, ou dans telle ou telle Eglise. Ni les
lieux ni les hommes n'ont d'importance : l'Esprit souffle où il le veut et Dieu
donne à qui demande. Attention dès lors à ne pas tomber dans certains travers
de certaines églises ou prétendues telles qui imposent les mains à tour de bras
et génèrent dans l'esprit de leurs fidèles un attrait certain pour une
gestuelle qui relève dans ce cas plus de la pratique magique que de la foi.
Mais attention aussi à ne pas tomber dans l'excès contraire ! Si un frêre ou
une soeur me demande de lui imposer les mains (pas parce que je suis pasteur,
ancien ou diacre : ce geste est un geste qui peut être fait par tout BAPTISE )
j'ai le devoir de le faire A LA SEULE ET UNIQUE CONDITION QUE JE SOIS CONSCIENT
DES DEUX EVIDENCES SUIVANTES :
1°.
Dieu donne ce qu'il ordonne
2°.
C'est Lui, et Lui seul qui donne
Cela
veut dire que d'abord je dois être conscient de n'être qu'un ouvrier inutile
(je sers de pont, rien d'autre) et surtout, je dois CROIRE en ce que je fais.
On parle beaucoup, dans le Renouveau Charismatique , de choses extraordinaires,
de miracles. Ces miracles sont DES REALITES, et je suis prêt à en témoigner
devant vous et devant n'importe qui. Même si ce sont des choses qui dépassent
l'entendement et qui bouleversent nos conceptions cartésiennes. Ce ne sont
d'ailleurs pas nécessairement des choses spectaculaires au sens visuel du
terme. Mais ces choses ne sont le fait ni des hommes ni des lieux : tout au
plus sont-ils le fruit de la foi de ceux par qui ils passent, que ce soient les
bénéficiaires où ceux qui servent de "ponts" à Dieu.
On
parle beaucoup par exemple du Père Tardif et des effets extraordinaires et
tangibles obtenus par ses prières. Mais il serait le premier à le souligner, lui
n'y est pour rien. Chacun de nous est capable de faire de grandes choses, de
réaliser des merveilles. Peut-être dirons-nous "oui, mais, les miracles,
comme au temps de Jésus, c'était possible parce que la science n'était pas
aussi avancée et que l'on appelait miracle des faits tout à fait normaux, mais
qu'on ne comprenait pas, ou, ils étaient possibles parce que c'était Jésus qui
les opérait directement. Nous nous ne sommes pas Jésus." A cette double
objection, souvent entendue, je répondrai deux choses: premièrement le miracle
ne réside pas nécessairement dans l'inexplicable : le miracle, c'est qu'une
chose ait lieu contre toute attente humaine, fut-elle celle d'un moment.
Ensuite, si nous croyons que seul Jésus avait la capacité d'induire le miracle
(et nous entendons, bien entendu, à tort, le "grand" miracle), nous
sommes totalement à côté de la vérité. Relisons les Evangiles, relisons les
paroles du Christ Lui-même, par rapport à la foi qui soulève les montagnes.
Souvenons nous de sa promesse : "si vous croyez, vous ferez des choses
plus grandes que celles que j'ai faites". Et aussi : "Tout ce que
vous demanderez EN MON NOM, vous L'OBTIENDREZ !" Si vraiment nous nous posons des questions,
demandons-nous plutôt si nous avons assez de foi, assez d'espérance. Et
surtout, est-ce vraiment en son nom que nous demandons ? N'est-ce pas souvent
par affectivité, sentimentalité, voire même pour nous rassurer nous-mêmes, pour
combler nos vides ?
b. Les mains de Dieu :
On parle le plus
souvent de la main ou du bras de Dieu, comme symbole de sa puissance. On parle aussi de la "droite" de
Dieu. Ainsi, celui qui siège à Sa droite se retrouve ipso facto au bénéfice de
la Gloire infinie de Dieu. On peut se demander pourquoi la droite plutôt que la
gauche. Cela tient au fait que l'homme de la Bible (et l'homme primitif, dans
un sens général) s'orientait instinctivement vers le soleil levant, l'Est.
(l'Orient, d'où le terme "s'orienter") Per conséquent, comme on le
verra sur la figure ci-dessous, le Sud (le midi) se trouvait à sa droite comme
le lieu éclairé par le soleil (on tourne dans le sens des aiguilles d'une
montre). La lumière ayant instinctivement une connotation bénéfique chez
l'homme, tout ce qui allait vers la droite, tout ce qui se situait à droite
était aussi bénéfique. C'est là un atavisme qui a traversé les siècles et les
civilisations. Par contre, le côté gauche (le Nord) était considéré comme
maléfique, puisque son opposé. (le soleil se couche à l'ouest, et il fait
sombre. Quand il est au nord, il fait nuit noire. L'homme a toujours eu peur de
la nuit.
On retrouve aussi
ce concept dans les arts divinatoires des romains : un oiseau qui partait vers
la droite (le Sud, donc la lumière) était un bon présage. Un oiseau qui partait
vers la gauche (ad sinistra) était un mauvais présage. Il nous en est resté le
mot sinistre".
Le petit schéma
de la page suivante vous aidera sans doute à mieux comprendre cela.
3. La triade
yeux - oreilles - pieds :
Durant nos
séances précédentes, nous avons commencé un long parcours-découverte autour de
trois pôles importants et, nous l'avons vu, indissociables de l'être humain, à
savoir le coeur, la langue (ou la bouche) et les mains. Nous allons voir
aujourd'hui, de manière plus succinte les trois éléments qui leur sont
parallèles et complémentaires : les yeux, les oreilles et les pieds. Nous essaierons de "boucler le périple
" aujourd'hui, afin de pouvoir, après les vacances de Noël, entrer de
plain pied dans le vif du sujet : la prière, vécue et prononcée par tout notre
être.
A. LES YEUX :
"Voici mon secret, il est très simple : On ne
voit bien qu'avec le coeur,
l'essentiel est invisible pour les yeux."
(le
"secret du renard", dans "Le Petit Prince"
d'Antoine
de Saint Exupéry)
a) le point de
vue de l'homme :
Nous avons vu que
le coeur est en quelque sorte le "centre" de l'homme, le lieu où seul
Dieu a complètement accès, plus encore en profondeur que l'homme lui-même.
C'est aussi un lieu enfoui, physiquement comme psychologiquement, qui peut être
"double", qui ne se livre jamais qu'en partie parce que l'homme qui
décide lui-même de "se livrer" ne le fait , même s'il est sincère,
que dans la mesure exacte où il se connaît lui-même, c'est à dire de façon
toujours incomplète.
Pourtant, il existe
un moyen d'avoir accès (en partie toujours, mais de façon souvent assez juste
et profonde) au coeur d'autrui : cet accès se trouve dans le regard, dans les
yeux. Nous avons tous, instinctivement, donner un sens à un regard. Il est des
yeux qui "pétillent de joie", d'autres qui "brillent de
colère". Il y a des regards assombris par le chagrin, des regards ouverts,
etc...
La Bible est
riche d'expressions qui ont trait à l'oeil, au regard.
1. Examinons-en
quelques-unes :
·
Pour traduire la fierté,
l'orgueil : Es 2.11
·
Pour traduire l'envie ou
la convoitise : Mt 5.29; Mt 18.9; 2Pi 2.14; 1Jn 2.16
·
Pour traduire la dureté
: Dt 15.9
·
Pour traduire
l'attention : Ps 123.1; Jn 17.1
·
Pour traduire la
compréhension, l'intelligence : Gn 3.7 . Ou encore ces deux extraits, à lire en
parallèle et qui soulignent de manière très claire la corrélation entre le
coeur et les yeux : Lc 24.25 & 32 // lc 24.16 & 31
On peut aussi
évoquer un multitude d'autres passages
où il est question de "voir" ou d'"être voyant" : c'est le sens du mot hébreu
"rohê" donné aux prophètes (qui voient des choses cachées aux hommes
et les leur transmettent : cette "vue" particulière leur permet un
contact relationnel intime avec Dieu.) (Cfr 1Sa 9.9)
C'est aussi
l'oeil de l'esprit (la lampe du corps) qui permet à l'homme de prendre
conscience de quelque chose. C'est aussi, chez Jean, tout le rapport entre le
fait de voir et celui de croire...
L'oeil est
certainement pour l'homme son bien le plus précieux. Quand nous aimons quelque
chose, ne disons-nous pas que nous y tenons "comme à la prunelle de nos
yeux" ? L'hébreu a d'ailleurs une expression savoureuse pour désigner la
prunelle de l'oeil : c'est le mot "ishôn", qui signifie "petit
homme". Petit dans le sens de "résumé" : l'homme entier, son moi
profond est perceptible dans le regard.
On trouve cette
expression "petit homme" de l'oeil en Dt 32.10, Pr 7.2, ou encore
"fille de l'oeil" en Ps 17.8, Za 2.12.
Ajoutons à cela
que les orientaux dans leur ensemble, et donc les sémites, vont craindre l'oeil
mauvais, le mauvais regard (Si 14.8-9). Il seront convaincu que le
"mauvais oeil" peut amener sur lui toutes sortes de malheurs (parce
que cela part du coeur et traduit une intention profonde) et il cherchera à
s'en protéger par toutes sortes de moyens
Enfin, on ne peut
pas parler de l'oeil sans évoquer ce passage de Matthieu (Mt 6.22-23) que nous
connaissons tous , où il est question de l'oeil en tant que "lampe du
corps" !
b) le point de
vue de Dieu :
Comme elle parle
du coeur, de la bouche et des mains de Dieu, la Bible parle de ses yeux
Ps 11.4; Ps 33.18; Ps 34.16; Es 66.2; Jb 7.8, etc...
Dieu voit, et il
voit en profondeur, avec son coeur, puisqu'il ne se contente pas de regarder
l'homme comme le faisaioent les dieux païens, mais qu'il le regarde avec amour,
avec l'intention de le préserver, de le sauver. (Ex 3.7; Ex 4.31; Ps 113.6; Hb 4.13, etc...)
B. LES OREILLES :
a) le point de
vue de l'homme :
L'oreille est en
relation directe avec la bouche . On a un rapport que l'on pourrait rapprocher
de celui qui existe entre un émetteur et un récepteur. Par l'oreille nous
pouvons entendre et comprendre ce que nous dit notre interlocuteur. Sur le plan
de la compréhension, on pourrait donc se dire qu'il existe un parallèle avec ce
que l'on vient de dire des yeux. Je dirais plutôt qu'il y a un lien, mais que
ce lien n'implique pas une similitude absolue de sens. Comprendre les choses ne
suffit pas. Je peux très bien comprendre le sens, le message de l'Evangile, et
ne pas l'écouter au sens fort, c'est à dire ne pas l'appliquer à moi-même, ne
pas lui OBEIR. Ce dernier verbe, en latin comme en grec, est rendu par
l'adjonction d'une simple préposition au verbe qui signifie écouter (Audire,
écouter, avec l'ajout de "ob" devient obaudire, obéir, tandis qu' akouw,
(akouô) écouter , avec l'adjonction de upo
(hypo) devient upakouw,
(upakouô) obéir !
Ecouter la voix
de quelqu'un, c'est lui obéir (pour nous, le sens est souvent sous-entendu:
ainsi nous disons de nos enfants qu'ils écoutent bien ou qu'ils n'écoutent pas,
selon qu'ils obéissent ou non !) On
comprend alors mieux le sens d'une expression qui revient souvent dans la
bouche de Jésus : "que celui qui a des oreilles pour entendre, qu'il
entende !" (Mc 4.9-23; Mt 11.15; Mt 13.9 & 43 ; Lc 8.8; Lc 14.35)
C'est aussi le
sens de l'appel répété de l'auteur de l'Apocalypse du Nt : "Celui qui a
des oreilles, qu'il entende ce que l'Esprit dit aux Eglises !"
Plusieurs
expressions sémitiques assez savoureuses reviennent dans la Bible, à propos de
l'oreille, dans un sens positif ou un sens négatif . On en retrouvera les
principales dans le tableau ci-dessous :
Sens
Positif
|
Sens
Négatif
|
"OUVRIR
L'OREILLE de QUELQU'UN" : c'est à dire l'informer, lui révéler quelque
chose, l'enseigner : 1Sa 22.17; Es 22.14
|
"FERMER L'OREILLE
ou SE BOUCHER LES OREILLES" :
Es 33.15
|
"EVEILLER
L'OREILLE ou CREUSER L'OREILLE de QUELQU'UN " :
Même sens, mais
en soulignant l'attention, la réceptivité de celui qui reçoit : Es 50.4-5; Ps
40.7
|
"ENDURCIR
L'OREILLE" :
Même sens que
l'endurcissement du coeur (ou l'incirconcision) :
Za 7.11
|
"INCLINER L'OREILLE" :
Prêter
attention.
|
REFUSER
D'ENTENDRE, dans un sens plus général : Es 6.10; Mt 13.15, Ac 28.27, Lc 4.21
|
Le thème de
l'écoute-obéissance est un thème récurrent, que l'on retrouve d'un bout à
l'autre de la Bible. C'est tout le sens du Sh'ma Israël qui fait de la relation
Dieu-Peuple une caractéristique tout à fait originale et exceptionnelle : Le
Dieu d'Abraham, d'Isaac et de Jacob est un Dieu personnel, qui parle, qui aime,
qui voit, qui se révèle, qui attend de nous une réponse, une obéissance. Dieu
est une PERSONNE, pas un concept ! Notre relation à Lui ne saurait dès lors
être une abstraction , ni intellectualiste, ni sentimentaliste. C'est une
relation vraie. Une relation à vivre, avec toutes les difficultés et les heurts
que ce type de relation comporte !
b) Le point de
vue de Dieu :
Quand on dit de
Dieu qu'il est Celui qui "entend notre prière", cela implique ipso
facto qu'il est prêt à l'exaucer ! Dieu n'écoute jamais l'homme d'une manière
distraite. Mais l'exaucement va toujours dans le sens de Son plan, qui n'entre
pas toujours dans nos prévisions humaines, ce qui explique que parfois, nous
avons l'impression de n'avoir pas été entendus, alors que nous le sommes
toujours !
a) Le point de
vue de l'homme :
Comme les mains
servent à transformer nos paroles en actes (on se souviendra de la chaîne Coeur
/ Idée - Bouche / Parole - Mains / Actes) les pieds sont les organes qui nous
permettent de concrétiser notre écoute et notre obéissance par la suivance d'un
chemin. Le thème des deux voies, des deux chemins entre lesquels nous avons à
choisir est aussi très présent dans l'ensemble des Ecritures : Ps 1; Jr 21.8;
Dt 30.15; Pr 4.18-19; Si 15.17; Mt 7.13-14)
De même, tout
comme la main traduit la puissance (tomber aux mains de...) on retrouve le même
sens avec les pieds :
Le vainqueur pose son pied sur la
poitrine du vaincu : Jos 10.24
On met sous ses pieds celui que l'on soumet
à son pouvoir : Ps 8.7; 1Co 15.25; Ap 10.2
On se jette aux pieds de son supérieur, de
son maître : Mt 28.9; Mc 5.22-23; Lc 7.38
On dépose quelque chose aux pieds de
quelqu'un : Ac 7.58
On est assis aux
pieds de quelqu'un : c'est l'attitude du disciple, qui implique l'écoute
attentive, le regard : Lc 8.35; Ac 22.3
Une chose aussi
qui frappe très fort celui qui va en Israël, c'est la quantité phénoménale de
pierres qui sèment les routes et les déserts. Le pied, lorsque l'on marche dans
ces conditions, est soumis à très rude épreuve. Il sera donc l'objet de soins
attentifs et particuliers. Il sera chaussé (l'absence de sandales sera alors
synonyme d'extrême pauvreté : c'est le cas du fils prodigue à son retour - Lc
15.22-) On lavera les pieds de l'hôte. Ce sera toujours un esclave étranger qui
fera ce travail et un juif ne pourra pas contraindre un autre juif de le faire,
même un serviteur ! On comprend mieux dès lors le refus catégorique que Pierre
tente d'opposer à Jésus qui veut lui laver les pieds. Comme on comprend aussi
toute l'humilité des paroles de Jean le baptiseur qui se déclare indigne même
de dégrafer les sandales de Jésus !
On comprend aussi
pourquoi ceux qui ne sont pas reçus sont invités à secouer la poussière de leur
pieds en partant (S'ils n'ont pas été reçus, on ne leur a forcément pas lavé
les pieds !)
Arrivés à ce
stade, nous pouvons aussi comprendre la portée des gestes de Jésus qui rend la
vue aux aveugles, l'ouïe aux sourds, qui remet debout les paralytiques, qui
fait marcher les boiteux. C'est une restauration globale de l'être profond, qui
se traduit dans ce que j'appellerai le "ressuscitement" de la fille
de Jaïrus, plus encore dans celui de Lazare, et qui annonce la restauration
plénière de la résurrection et de l'accès à la vie éternelle.
C'est notre être
tout entier , pleinement guéri, restauré dans son état supralapsaire qui est
appelé à voir et à croire, à écouter, à louer, à obéir à Dieu, et à oeuvrer et
marcher selon sa volonté et ses voies.
b) Le point de
vue de Dieu :
La Bible évoque
les "pieds de Dieu", de manière assez furtive, et toujours
métaphorique : Ps 18.10; Mt 5.35.
NOUS POUVONS MAINTENANT ETABLIR UN SCHEMA COMPLET
:
4.
Prier avec tout son être.
5°.
La prière de louange.
Notes préliminaires :
Nous avons, pour des raisons pratiques,
"sauté" le chapitre 4, qui devait traiter de la prière "avec
tout son être". Ce n'est donc ni une erreur ni un oubli. Nous y
reviendrons par la suite.
Nous allons, dans ce chapitre consacré à la
prière de louange, procéder un peu différemment par rapport à ce que nous avons
fait jusqu'aujourd'hui. En effet, nous avons jusqu'à ce jour "voyagé"
d'un texte à l'autre, sans vraiment "entrer" dans un livre biblique
précis. Cette fois, nous allons concentrer notre attention sur les Psaumes, et
en étudier certains en profondeur, et de façon que j'appellerais
"dynamique". Voici comment nous allons faire :
*
Introduction : il est bon, avant d'aller à la rencontre du texte, de le situer
dans son ensemble. C'est donc ce que nous ferons en premier lieu.
*
Lecture des quinze psaumes suivants :
-
le tout premier : Psaume 1
-
Le "drame messianique" : Psaume 2
-
Une prière du soir : Psaume 4
-
Une prière du matin : Psaume 5
-
Une supplique : Psaume 6
-
Une louange : Psaume 8
-
Encore la louange : Psaumes 18-19
-
le "Bon Pasteur" : Psaume 23
-
Une prière dans les périls : Psaume 25
-
La prière du juste : Psaume 26
-
Confiance en Dieu : Psaume 27
-
Supplication et action de grâce : Psaume 28
-
Hymne au Seigneur de l'orage : Psaume 29
-
Action de grâces après un péril mortel : Psaume 30
*
Partage et exégèse. Après lecture de chaque Psaume, nous partagerons entre nous
ce que le texte nous apporte directement, au niveau du "coeur", pas
au niveau de l'intellect ! Nous essaierons donc de faire abstraction de tous
nos acquis, nos a-priori, nos préjugés en matière de critique du texte. Cette
première lecture est importante pour nourrir notre vie spirituelle. Ensuite,
pour chaque psaume nous ferons une exégèse, sous deux aspects : le premier,
traditionnel - donc exégèse chrétienne en général -, puis, second aspect, nous
affinerons ou nous nuancerons cette exégèse en faisant appel à une autre
tradition, dont, finalement découle la nôtre : la tradition juive. Nous ferons
donc appel à l'exégèse rabbinique. (Talmud, midrash, etc...)
* Atelier : nous essaierons de "nous y
mettre" nous mêmes et de composer des prières liturgiques, qui pourront
être utilisées par exemple lors de cultes. De même, nous pourrons prendre un
"tour de rôle" dans la conduite de la louange qui débute chacune de
nos réunions et dans l'intercession qui les clôture.
INTRODUCTION
:
1.
Le nom hébreu du Livre des Psaumes :
S
|
efer
Téhilim . Son sens propre est "livre de louanges" et dérive d'un
verbe (hillel) qui signifie "louer". On retrouve cette racine verbale
dans une expression que nous connaissons bien : halléluia, littérallement
"louez Dieu". Cette expression se retrouve de manière très typique
dans les psaumes de louange liturgique (113 à 118) -encore que dans ce groupe
le psaume 115 fasse exception.
En
tout cas, le mot n'a pas tout à fait le même sens que "psaume",
puisque ce dernier traduit littéralement le mot hébreu "mizmor" qui
signifie lui, très précisément "chant psalmodié sur un fond musical".
2.
Nombre et numérotation :
Le
psautier en compte 150. Mais il existe ailleurs, dans la Bible, des textes qui
appartiennent à des genres similaires !
La
numérotation pose parfois problème. Les différences en cette matière
viennent de ce que l'hébreu a divisé
malencontreusement le psaume alphabétique 9 en en faisant les psaumes 9 &
10. Ensuite, la Vulgate et les LXX ont
fondu en un seul psaume les psaumes 114 et 115, et on divisé en deux les
psaumes 116 et 147 ! Toutes ces hésitations, ces remaniements, font que les
numérotations diffèrent dans nos Bibles pour les psaumes allant du numéro 10 au
numéro 147. Certaines versions, comme la TOB, adoptent la numérotation
hébraïque et donnent entre parenthèse celle de la Vulgate et de la LXX.
3.
Division :
Comme
le Pentateuque, le Livre des Psaumes est composé de cinq parties.
"Moïse a donné à
Israël les cinq livres de la Tora et David a donné à Israël les cinq livres des
Psaumes. Moïse a conclu la Tora par la Bénédiction (Digne de louanges es-tu
Israël, qui t'est comparable ? -Deu 33.29-) David a ouvert les Psaumes avec
l'expression finale de Moïse, (les louanges de l'homme - Ps 1.1) "
(Midrach Co'her Tov; Yalkout)
Ces
parties sont :
1
- 41
42
- 72
73
- 89
90
- 106
107
- 150
Cette
division qui rappelle celle du Pentateuque n'est certainement pas fortuite pour
les Juifs. Pour nous, je pense qu'elle est encore de nos jours très parlante,
en ce sens qu'elle souligne que une juste spiritualité, une complète aptitude à
la prière, dialogue avec Dieu, est au moins aussi importante qu'une juste
doctrine, une juste vision des choses.
Chacune
de ces grandes parties se termine par une bénédiction ou une doxologie. On ne
peut pas parler d'un classement au sens strict du terme. (On pourrait classer
les Psaumes différemment, et de très nombreuses façons !) Cependant, on voit dans ces ensembles
ressortir de grands axes : certains groupes de psaumes nomment Dieu par le
biais du Tétragramme . C'est le cas de
3-41 et de 90-150. D'autres utilisent le nom commun de Elohim . C'est le cas du
bloc de 42 à 83.
On
voit que l'on sort de la classification biblique proprement dite.
4.
Matériaux divers :
Il
y a trois grands "genres" qui se détachent assez franchement :
·
Des louanges :
C'est
sans doute la plus grande "famille" de Psaumes. Ses représentants
sont disséminés au travers de tout le Livre. On pense le plus souvent que ces
cantiques de louanges ont été réalisés dans un but liturgique, pour être
utilisés lors des grandes fêtes juives. On y retrouve, comme d'ailleurs dans
nos propres chants liturgiques, souvent inspirés des Psaumes, des refrains et
des répons (Amen, Alléluia...)
A
noter, et c'est là un point intéressant pour le thème de notre étude (pour
rappel, le corps, impliqué tout entier , avec l'être, dans la prière) que la
participation collective aux fêtes renforçait l'esprit d'Unité d'Israël (et
renforce toujours) et que cette participation n'est pas du tout passive mais
s'exprime par des cris de joie, des chants, des danses, des battement de mains,
des prosternements, etc... Le Peuple Elu n'a jamais craint d'exprimer sa
louange de manière visible. Et il a raison !
Ces
chants de louanges peuvent se classifier entre eux sous la forme
-
D'Hymnes :
Ils
s'adressent au Seigneur de l'Alliance et forment un ensemble assez compact
. Nous en étudierons trois : 8, 19 et
29. Nous verrons que parmi ces hymnes, certains présentent de très fortes
similitudes avec des chants d'autres religions : le Psaume 29 est proche des
hymnes en l'honneur du Baal Cananéen; le 19 contient sans doute une
réminiscence des prières au dieu-soleil. Un autre, que nous ne verrons pas cette
fois, le 104 (Psaume de la création) est très proches par certains aspects de
l'hymne à Aton.
-
Des chants du Règne :
Ils
sont assez proches des précédents, mais présentent souvent des accents universalistes . On y trouve une
acclamation-clé : "le Seigneur est Roi !"
-
Les "cantiques de Sion" :
Ils
célèbrent la grandeur de Jérusalem et de son temple. Ils ont souvent des
accents eschatologiques en ce sens qu'ils évoquent une grandeur et/ou une
restauration future, prédestinée.
On
peut y ranger aussi les "Cantiques des Montées", que chantaient les
pélerins "montant" à jérusalem[6],
bien que ces cantiques soient sans doute plus tardifs et de facture assez
différente.
-
Les Psaumes "Royaux" :
Ils
sont différents des Psaumes du règne, en ce sens qu'ils n'exaltent pas d'abord
Dieu comme Roi, mais évoquent des rois bien humains, qui ont bien sûr été
respectueux de la Tora et fidèle au Dieu Un.
Notons
qu'il existe un lien très fort entre ces derniers hymnes, les hymnes du Règne
et les Cantiques de Sion : c'est le LIEN MESSIANIQUE ! Tous en effet portent en
eux l'Espérance d'Israël et la promesse de restauration finale et plénière.
·
Des prières d'appel au
secours, de confiance et de reconnaissance:
-
Appels au secours :
Ils
sont soit individuels, soit collectifs[7].
A noter que les prières individuelles occupent à elles seules près du quart de
l'ensemble du Livre. Nous en rencontrerons plusieurs dans notre étude, dont
celle, célèbre et bien connue du "Bon berger" (Ps 23).
-
La confiance :
Comme
le souligne la TOB, elle est "le ressort des appels au secours". Il
est évident que l'on ne peut guère faire appel qu'à quelqu'un en qui on place
sa confiance !
-
La reconnaissance individuelle :
Ces
prières sont nettement plus rares ! C'est là un fait humain et a-temporel.
Quand tout est rentré dans l'ordre, quand tout va bien, on est plus enclin à
oublier de dire merci, voire plus gravement à oublier même Dieu ! ... Jusqu'à
ce que cela aile de nouveau mal. L'histoire d'Israël s'inscrit dans ce
processus. On peut évidemment dire aussi que notre histoire individuelle
connaît ces hauts et ces bas, la "conversion" ne nous mettant
nullement à l'abri de la chute ou de l'installation dans ce que j'appellerais
la suffisance et/ou le confort spirituel. Nous qui sommes Réformés, devrions
être particulièrement attentifs à ce piège : nous pouvons éviter d'y tomber en
"nous réformant toujours", en nous remettant sans cesse en question
·
Psaumes d'instruction :
Certains
Psaumes ont un but pédagogique clair et précis[8].
Ce souci est généralement mis en exergue par leur titre. Parmi ces Psaumes, on
distinguera :
-
trois Psaumes "catéchétiques" :
Ils
résument et enseignent l'Histoire Sainte. Ce sont les Psaumes 78, 105 &
106.
-
Des Psaumes liturgiques :
Une
cérémonie fournit l'occasion de rappeler les conditions nécessaires pour
pouvoir accéder dans l'enceinte du temple. (Ps 15)
-
Des exhortations prophétiques :
par
exemple le Psaume 14.
-
Des Psaumes d'instruction à proprement parler :
Ainsi
le premier que nous allons étudier, qui est aussi le premier du livre : ce sont
des paroles de sagesse où la Loi est méditée avec amour. Le bonheur du Juste y
est proclamé, mais ces Psaumes n'excluent nullement le doute et le
questionnement de ce qu'un Saint Jean de la Croix nomme la "Nuit de la
Foi", cette période de désert que chaque chrétien, chaque croyant traverse
à un , voire plusieurs moments donnés de son existence. La grande question du
Mal y est présente. Ainsi, au Psaume 73, le psalmiste s'offusque de la réussite
des méchants, mais il garde malgré tout l'espérance pour lui-même, pour son
salut. On est finalement là très proche de l'esprit des béatitudes !
Lecture
et analyse de quinze psaumes choisis parmi les trente premiers.
1.
Le Psaume Un.
C
|
e
premier Psaume est un Psaume sapiential, dont la teneur (bonheur du juste
opposé au malheur de l'impie) est assez proche du sens de Josué 1.8 et de
Jérémie 17.5-8.
Il
comprend clairement deux tableaux :
·
Le juste
·
Les impies
C'est
une bonne préface à l'ensemble du Psautier, puisqu'il nous présente ce que
devrait être l'homme idéal : quelqu'un de pieux, de juste, éloigné de tout mal
et attentif à respecter et pratiquer les commandements divins.
Certains
exégètes ont dit qu'il était incomplet et comprenait à l'origine le Psaume 2 avec
lequel il formait un ensemble. Leur principal argument résidait dans le fait
que le Psaume 1 commence par le même mot qui termine le Psaume 2 (Bonheur!).
Toutefois
cela me parait peu probable. Je préfère m'en référer à l'explication juive qui
fait du Psaume 1 un tout indivisible : son premier mot commence par un aleph et
son dernier mot par un tav.
Le
Psaume 1 exprime de manière tranchée ce que doit être le vrai bonheur, la vraie
réussite qui n'ont leur source qu'en Dieu seul. Le péché ne saurait, quant à
lui, que nous mener à notre perte en nous égarant, nous menant sur des voies où
Dieu est absent. On a souvent "buté" sur cette conception. C'est vrai
que, présentée de manière abrupte, elle n'est guère acceptable ! Dans la
pratique, on voit souvent le "mauvais" réussir là où le
"bon" échoue. Il serait tout à fait injuste de dire à quelqu'un qui
subit un échec qu'il est "puni pour ses péchés" et de voir toujours
dans la réussite un signe de bénédiction. Il y a des chrétiens qui réussissent
dans la vie autrement que par la fidélité à Dieu, et d'autres, qui sont tout
aussi chrétiens, qui malgré une fidélité bien réelle et profonde, subissent
épreuve sur épreuve.
Ce
n'est pas là un fait nouveau : nous devrions d'ailleurs, chacun pour notre
compte, parallèlement à notre étude des Psaumes, lire le Livre de Job.
Le
Psaume 1 n'est pas non plus sans rappeler l'enseignement des "deux
voies", tel qu'on le découvre dans certains textes comme la règle de
Qumrân et la Didach (Didachê).
Nous lui trouvons aussi un écho très clair et très net en Matthieu 6.33.
Psaume
1 :
1.
Heureux l'homme qui ne marche pas selon le conseil des méchants, qui ne
s'arrête pas sur la voie des pécheurs, et qui ne s'assied pas en compagnie des
moqueurs.
HEUREUX
(Ashrei) : certaines versions ont "Les louanges de l'homme sont..."
(rachi, notamment.) D'autres : "Bonheur de l'homme..." (Frère
Ephraïm). D'autres encore, comme Chouraqui traduisent ASHREI par "En
marche !". Cette dernière traduction, pour surprenante qu'elle soit, n'en
est pas moins intéressante. Ashrei dériverait d'une racine verbale ASHAR, que
l'on pourrait traduire par cette périphrase : "action de l'homme qui
marche sur une route sans obstacle qui conduit vers YHWH."
Le
sens initial du mot aurait subit la dérive de la traduction grecque des LXX qui
traduit Ashrei par makarioj
Cette
traduction des LXX a évidemment fortement influencé nos propres versions
actuelles. Mais en fait, le verbe ASHAR exprime moins le bonheur que la
démarche qui y conduit. En ce sens, seuls les justes sont capables de faire un
pas constructif en avant. Eux seuls sont capables de vrai progrès, même si,
souvent, les "méchants" se targuent d'être à la pointe en cette
matière[9].
L'HOMME
: Il s'agit de n'importe quel homme ! Sans distinction de race ou de religion.
On remarque ici une très large ouverture d'esprit. De même on ne trouve pas non
plus de limite de temps ou de lieu : il ne s'agit pas de l'homme de telle ou
telle contrée ni de telle ou telle époque : la sentence est donc toujours
valable aujourd'hui, pour chacun d'entre nous !
MARCHER,
S'ARRETER, S'ASSEOIR : Trois verbes d'action qui indiquent une progression
logique, qui résume l'activité d'une vie humaine et la met en parallèle avec
l'histoire du Peuple Elu : l'homme, de sa naissance à sa maturité, marche vers
un progrès, vers la connaissance. A la maturité, il s'arrête, soit que sa
maturité lui fasse reconnaître ses limites, soit qu'il y soit forcé par l'âge,
les problèmes de santé ou une quelconque incapacité. Vient ensuite le moment
pour lui de s'asseoir, de s'installer dans ce qu'il est vraiment.
Le
Peuple Elu, lui, dès sa sortie d'Egypte est un peuple en marche, qui va
s'arrêter en Terre Promise, en Erets Israël, pour s'y installer et y habiter[10].
LES
MECHANTS (Rashim) et LES PECHEURS ( Rhattaïm) : Il y a une distinction
fondamentale entre les deux : le méchant est celui qui exhorte délibérément à
faire le mal, celui qui pousse à la révolte, à l'abandon de la Loi, au mépris
de la Tora. Le pécheur, lui, est quelqu'un qui s'égare involontairement, et
qui, de ce fait, rate le but qui lui était fixé. Le verbe hébreu KHATA signifie
littéralement "manquer sa cible". Pourtant, et malgré cet aspect de
non vouloir quant au mal, le pécheur est condamné. Il est responsable de son
péché. En effet, s'il a manqué son but, c'est en raison de sa désinvolture, de
sa frivolité, de son manque de confiance, d'amour.
On
pourrait trouver une image de ceci dans la fable de la cigale et de la fourmi.
La fourmi ne commet aucune action mauvaise en chantant. Mais sa désinvolture la
met en état de précarité. Elle est responsable de cette précarité. Il nous faut
donc revoir complètement notre notion habituelle du péché : le pécheur n'est
pas celui qui fait le mal, c'est bien plutôt celui qui, s'y laissant entraîner,
s'écarte du but qui lui avait été fixé par Dieu Lui-Même. Il n'y a donc pas de
grand ou de petit péché (de péché véniel ou de péché mortel, comme dans la
terminologie romaine) mais un acte ou une attitude qui nous sépare de Dieu en
nous égarant du chemin qui mène à Lui. Il semble bien qu'il soit fondamental de
distinguer mal et péché. (Ils sont distincts en Genèse et dans Job).
LES
RAILLEURS : Letsim : Le mot, au singulier (Lets) est composé de eux lettres :
Lamed et Tsadé : Lamed est la première lettre d'un verbe qui, en hébreu
signifie "étudier" (lamad) et tsadé la première d'un mot qui signifie
"Juste" (Tsadiq). Le railleur est un mélange des deux, quelqu'un qui
sait des choses parce qu'il a étudié, et qui se croyant juste parce qu'ayant la
connaissance, se permet de se moquer de ceux qui ne savent pas (ou qui savent
autrement !) : c'est un érudit qui se croit juste et se permet de ridiculiser
les autres en se justifiant lui-même[11].
Maïmonide
va encore plus loin : il dit que si, au départ, les railleurs ne commettent pas
un crime, ils finissent toujours par y aboutir, puisque forts de leur
érudition, ils en viennent, dans des discussions sans fin, à mettre en doute
l'existence même de Dieu. (Que l'on pense à ce que l'on nomme parfois les
"discussions de cabaret" , faites de propos oiseux et de déclarations
péremptoires sur les sujets les plus graves !)
2.
Mais qui trouve son plaisir dans la Loi de l'Eternel et qui la médite jour et
nuit!
SON
PLAISIR : Khephtso : littérallement, "il désire, il a mis son désir, son attirance".
Le
Talmud détecte un lien logique avec le verset précédent. Il ne suffit pas à
l'homme de se garder du mal : au contraire : il lui faut encore progresser dans
le bien. Si le fait de se garder du mal était suffisant, l'homme deviendrait
paresseux et n'évoluerait plus. La pratique des commandements n'est pas
suffisante : l'homme doit être attiré vers l'étude de la Tora comme vers une
épouse, il doit être animé envers elle d'un même désir.
Un
Rabbin célèbre, Rabbi Yehouda Hanassi ajoute que l'homme doit toujours étudier
la partie de la Tora vers laquelle le coeur incline et où porte le désir. A
noter d'ailleurs, comme le relève Chouraqui, que c'est un désir amoureux qui
doit
attirer
l'homme vers la Tora. Jamais la contrainte ou une morale !
DANS
LA LOI : Betorat : La traduction
"Loi" n'est pas très bonne parce que dans notre mentalité occidentale
et moderne, elle fait référence à tout autre chose. Il serait préférable de
traduire Tora par "enseignement", dans le sens de quelque chose qui
élève, qui fait grandir spirituellement. . C'est la totalité de ce que dieu
enseigne et révèle, et qui est consigné à la fois
·
dans les Ecritures
·
dans l'univers qu'il a
créé
Le
texte parle d'abord de la Tora de YHWH, mais après que l'étudiant ait peiné
pour la comprendre, l'ait gagnée par amour, elle devient SIENNE : Torato, comme
une épouse. Le langage employé est d'ailleurs sans équivoque !
IL
MEDITE : Yèhegèh : le mot vient d'un verbe Haggah, dont on retrouve la racine
dans le mot Haggadah. On peut traduire littéralement par "il
murmure", mais il s'agit bien ici de méditation (en orient, elle est
rarement silencieuse, et est souvent accompagnée d'une sorte de psalmodie à
voix basse) Ce n'est pas une pensée égoïste que l'on garderait pour soi-même.
Il s'agit plutôt d'une pensée qui est tellement forte qu'elle jaillit des
lèvres, incontrôlable et quasi-silencieuse[12].
JOUR
ET NUIT: Yomam valaïlah: On est ici devant une curieuse inversion de l'ordre
naturel (juif !) des choses qui voudrait que la journée de vingt quatre heures
débute par le soir (Vayehi erev, vayehi boqer, "il y eut un soir, il y eut
un matin...). Cette inversion est voulue. D'abord, elle attire immanquablement
l'attention du lecteur israélite, ensuite elle est en elle-même porteuse de
sens : l'homme, qui se lève instinctivement avec le jour, vit ainsi selon un
rythme qui n'est pas celui de Dieu. Pour retrouver ce rythme, pour renouer avec
son Créateur, il lui faut dès le matin se plonger dans l'étude de la Tora. (On
retrouve cela aussi en Josué 1.8, déjà cité.)
3.
Il est comme un arbre planté près d'un courant d'eau, qui donne son fruit en sa
saison, et dont le feuillage ne se flétrit point : tout ce qu'il fait lui
réussit.
IL
EST : Vehayah : accompli consécutif qal du verbe être. Il convient donc de
traduire comme un futur : IL SERA !
Le
fait que ce qui est devienne ce qui sera, en conséquence de ce qui précède
révèle une conception proche de la nôtre en matière de Salut et
d'accomplissement (conception très perceptible par exemple dans l'Evangile selon
Marc) : Le Salut est déjà acquis, et le Royaume est à la fois déjà présent et
encore à réaliser ! C'est l'objet d'une promesse divine, qui est donc déjà
"virtuellement" réalisée dès sa formulation.
ARBRE
: Ets : C'est, dans presque toutes les symboliques religieuses, le signe du
lien qui unit la terre aux régions célestes, un trait d'union entre la terre et
les cieux! C'est aussi un signe qui figure au début des Ecritures et au travers
duquel surgit toute la peine du monde : l'arbre de la connaissance, qui est
complété pour nous chrétiens, par l'arbre de la croix, qui rétablit l'accord
entre Dieu et la création.
PLANTE
: Shatoul : replanté, transplanté. Le sens n'est pas tout à fait le même !
On
peut penser à la phrase célèbre qui affirme : "on ne naît pas chrétien, on
le devient !"
L'homme
ne naît pas avec la Tora infuse ! Il ne naît pas en bonne terre, il doit y être
transplanté (c'est une belle image de l'Exode !) ce qui implique un
déracinement préalable, déracinement par rapport au monde, à notre passé, à nos
attaches , qu'elles soient de l'ordre du confort, du bien-être ou autres. Ce
déracinement implique toujours une souffrance, et aussi un risque : celui de ne
pas reprendre si la transplantation est mal faite, au mauvais moment, ou est
opérée par quelqu'un d'incompétent[13]...
A méditer !!!
Il
y a une autre ligne interprétative, que j'aime beaucoup, et qui est celle du
Talmud (Avoda Zara 19a) : quand on étudie la Tora auprès d'un maître, il est
bon au bout d'un certain temps de se transplanter auprès d'un autre afin de
grandir spirituellement, d'acquérir une maturité de jugement en se nourrissant
d'avis différents. Seule cette façon nous permet d'être vraiment nous-mêmes, en
toute liberté de choix. Il n'est pas question d'attachement inconditionnel à un
humain ou à une doctrine : seul l'attachement à Dieu, et à Dieu seul est
primordial !
COURANT
D'EAU : Palgeï mayim : ramification des eaux.
J'ai,
en lisant cette expression une image qui me vient à l'esprit : c'est une image
"coronarienne". Les artères coronaires, qui irriguent le coeur et lui
permettent de battre sont comme la Tora qui nous irrigue le coeur spirituel,
qui nous fait vivre de la vraie Vie.
Rachi
traduit par "réservoir", et lui donne le sens de "source
intarissable". Chouraqui parle de
"canaux" et souligne, dans le même sens que Rachi que l'effort humain
est nécessaire à leur établissement et à leur entretien. Un réservoir, un
canal, cela ne se creuse pas tout seul : il faut consentir parfois à de très
grands efforts. Et ensuite, il faut entretenir ! La tora se donne à qui fait
l'effort de la prendre et ne reste dans le coeur que de l'homme qui en vit et
qui entretient sa connaissance.
DONNE
: Yitten : Inaccompli qal de Natan, donner. Encore à rendre par un futur :
donnera. Il y a un plus, dans ce futur, qui est celui d'une promesse, d'un
a-venir qui nous dépasse nous mêmes en tant que personnes finies, limitées dans
le temps. On ne puise pas sa subsistance à la Tora pour soi seul, mais pour
donner du fruit dont profiteront les autres.
EN
SA SAISON : Be'itto: il y a un temps pour tout : d'abord pour engranger,
ensuite pour distribuer le bénéfice de la production aux autres. Ce temps est
cyclique (saison !) ce qui implique évidemment une dynamique : on n'a jamais
fini, il faut toujours se "réapprovisionner" soi-même si on veut
éviter de tomber à court. Cela signifie (et c'est très rassurant !) qu'il est
normal que l'on vive des périodes creuses, parfois après des temps de très
grande exaltation. Ce sont les temps où Dieu nous conduit au désert pour que
nous n'ayons plus que lui à écouter, et pour que nous l'entendions vraiment
avec notre coeur. Sachons mettre à profit ces temps-là !
UN
FEUILLAGE QUI NE SE FLETRIT POINT : Il y a là une allusion évidente à la
perénité de la vie, qui contraste avec
le mot "saison". Il y a donc pour l'homme une grande espérance : au
delà de sa vie cyclique, il est une autre vie, sans fin.
4.
Il n'en va pas de même des méchants : ils sont comme la paille que le vent
dissipe.
LA
PAILLE : Kamots : la glume : C'est cette partie du grain de blé qui ne sert à
rien, ce qui reste quand on a retiré tout le bon. Le mot hébreu dérive d'une
racine Matsats qui signifie "sucer". Le moindre suc, la moindre
substance valable a donc été extirpée. Ce qui subsiste ensuite n'est plus rien.
LE
VENT QUI DISSIPE : Le verset est bien plus "parlant" qu'il ne parait.
Il a une grande portée eschatologique, d'autant qu'il évoque Jérusalem, ville
Haute par excellence, de manière indirecte mais néanmoins explicite pour les
Juifs de l'époque : pour battre le blé, on le montait sur une haute colline, là
où soufflait le vent, bien à découvert, pour que la glime s'envole plus
facilement.
Nous,
Chrétiens, pouvons aussi dans ce verset, voir le Christ qui revient nettoyer
l'aire de battage, le van à la main !
LE
VENT : Rouakh ! Le mot se passe de commentaires : c'est celui qui, au début de
Genèse, désigne l'Esprit créateur qui plane au dessus des eaux primordiales.
C'est ce même Esprit qui un jour présidera au Jugement.
5.
C'est pourquoi les méchants ne résistent pas au jour du jugement, ni les
pécheurs dans l'assemblée des justes.
NE
RESISTENT PAS : Lo Yiqmou : Littérallement : "ne se relèveront pas".
Tous,
bon comme mauvais seront jetés à terre lors du jugement. Parmi eux, seuls les justes
se relèveront.
On
a ici trois catégories distinctes d'hommes :
·
Les méchants
·
Les pécheurs
·
Les justes
L'interprétation
juive tient compte des trois catégories : les "méchants" ne seront
même pas jugés. Les pécheurs le sont, mais n'ont aucune part à la récompense
promise aux justes (à noter que rien, dans cette ligne interprétative ne dit
qu'ils sont punis : simplement ils ne sont pas récompensés, ce qui est
différent !) Enfin, les justes sont jugés ET récompensés.
Très
vite, l'exégèse verra dans cette interprétation le fondement d'une distinction
enfer - paradis - purgatoire !
6.
Car l'Eternel connaît la voie des justes, et la voie des pécheurs mène à la
ruine.
CONNAIT
: Yode'a : Littéralement : "connaîtra, pénètrera".
C'est
un verbe important qui connote une connaissance amoureuse. On en revient à ce
qui a déjà été dit plus haut : l'étude de la Tora est une histoire d'amour
entre Dieu et l'homme. (Chouraqui traduit par "l'Eternel pénètre")
L'union d'amour entre Dieu et l'Homme est rendue possible par la connaissance
de sa Parole et est couronnée par son incarnation. Jésus, Verbe de Dieu fait
chair est le "catalyseur" qui permet cette union. On comprend alors
mieux la portée de Jean 17.21 (Père qu'ils soient Un...) que l'on limite trop
souvent à une volonté d'unité de l'Eglise : c'est celà, bien sûr, mais c'est
aussi infiniment plus que cela : il s'agit de la restauration de l'unité rompue
lors de la chute, une unité Dieu - Création !
On
remarquera aussi que Dieu ne se préoccupe que de la voie du Juste. C'est la
seule qu'il "pénètre". Sur l'autre (ou les autres !) voie (s) il
n'est pas présent. Et c'est bien pour cela qu'elles mènent à rien, au néant, à
l'anéantissement. Cette mauvaise voie, c'est celle que nous prenons chaque fois
que nous voulons mettre nos pas devant ceux de Dieu, que nous voulons
"vivre notre vie", de manière égoïste. C'est une voie sans amour,
sans issue autre que le retour, la conversion, la "metanoia".
Ici
trouvent un terrible écho les paroles de Jésus face à ceux qui ont vécu selon
les apparences d'une vie de foi : "je ne vous connais pas !"
Iaacov Demarque.
...... A SUIVRE !
[1]: Lorsque je parle de l'esprit avec un
"e" minuscule, j'entends parler de l'esprit humain, son intelligence,
sa pensée. Quand je parle de l'Esprit de Dieu, de l'Esprit-Sainrt, j'écris le
mot avec un "E" majuscule.
[2]: un mystique, c'est quelqu'un qui,
ayant laissé toute la place à l'Esprit de Dieu en lui, devient littérallement
comme "possédé" de Dieu. Tout ce qu'il fait, tout ce qu'il pense,
tout ce qu'il dit est comme transfiguré par cette "possession". C'est
pourquoi, sur le plan humain, ses actes, ses gestes, ses dires nous paraissent
pour le moins étranges. D'autant plus étranges que nous sommes petits , mal
lotis par rapport à lui. Mais c'est lui qui est dans la vérité, infiniment plus
que nous ! Le mystique est loin d'être un fou, comme trop souvent certains
chrétiens semblent vouloir le dire ! Notre protestantisme actuel souffre
cruellement de leur rareté
[3]: in Parole d'homme, Paris,
Laffont 1975, P. 77.
[4]: On a souvent tendance à confondre
calomnie et diffamation. La calomnie consiste à porter une fausse accusation
qui tend à détruire la réputation de quelqu'un. La diffamation consiste à
porter à la connaissance publique un fait caché (et donc bien réel) qui tend à
ruiner la réputation de quelqu'un.
[5]Il existe encore un autre sens,
vétérotestamentaire, que nous n'aborderons pas dans notre étude : "se
couvrir les pieds" signifie "faire ses besoins" (Jg 3.24)
Parfois aussi, les pieds sont un moyen euphémique pour désigner les organes
sexuels (Ex 4.25) et "l'eau des pieds" signifie alors l'urine (Es
36.12)
[6] :
c'est du moins ce que relate une tradition. Ce n'est toutefois pas une
certitude absolue : à ce sujet, la Mishna avance que ce sont les Lévites qui
chantaient ces cantiques sur les degrés du portail de Nicanor, d'où leur
appellation "Cantique des degrés" que l'on retrouve dans certaines
versions de la Bible.
[7] :
Attention : le "JE" du psalmiste peut très bien recouvrir une
collectivité au nom de laquelle il parle !
[8] : Il
est évident que le souci pédagogique peut être présent ailleurs que dans ces
Psaumes précis !
[9] : Le
premier à faire ce type d'interprétation sera le Rabbin Samuël Samson Raphaël
HIRSH (1808-1888), en plein dix-neuvième siècle, à une époque de grand progrès
technologique !
[10] : En
hébreu, YASHAV.
[11] :
Rabbi 'Hanina ben Teradyon dit : "Lorsque deux personnes sont assises
ensemble sans qu'il y ait entre elles de paroles de Tora, ce n'est qu'un
"moshav letsim", une assemblée de railleurs. (Avot 3.2)
Tossafot (ajoutes) Yom tov note que la
Mishna ne dit pas que chacun est oisif, sans étudier la Tora; elle s'efforce
plutôt de souligner qu'il n'y a aucun échange de pensées de Tora entre eux. Cela
implique la possibilité que chacun soit plongé dans l'étude de la Tora, mais
sans s'occuper de la présence de l'autre. Pourquoi aucun ne s'arrête-t-il un
instant pour poser une question à son voisin ou partager une pensée
intéressante ? Cela montre qu'en son for intérieur, chacun considère un tel
échange comme une perte de temps, parce qu'en secret, il fait peu de cas de
l'aptitude de son voisin à l'étude. Bien qu'ils ne prononcent aucune parole
mauvaise et ne perdent pas un moment dans leur étude, ils sont stigmatisés
comme "letsim" , railleurs, parce qu'ils ont un coeur orgueilleux,
gonflé de dédain." ( in TEHILIM, la Bible Commentée, Tome 1, Colbo Paris
1990, note 1 page 59.
[12] : On
n'est pas très loin de ce qui serait une bonne définition du "chant-langue"
tel qu'il est vécu, bien plus que pratiqué dans certains milieux chrétiens
comme le Renouveau Charismatique, où il n'est pas grèvé d'une charge
qualitative , mais où il est perçu comme une manière de prier qui survient
toute seule lorsque les mots ne suffisent plus à s'exprimer. (On est là très
loin d'une condition sine qua non ou d'un "test" de la réception de
l'Esprit ! C'est au contraire l'expression d'une grande humilité)
[13] :
Quelqu'un m'a ici posé la question de savoir ce qu'il en était alors des
enfants nés dans une famille croyante : n'étaient-ils pas, eux, nés en bonne
terre ? Dès lors, ils n'auraient pas à être transplantés ! Sur le moment, je ne
pense pas avoir pu répondre très clairement. Après réflexion, je me dis que le
fait pour un enfant de naître dans une famille croyante n'est nullement une
garantie quant à sa "réussite spirituelle" . Bien des tempêtes et des
orages pourront venir à bout du jeune baliveau et il faudra alors bien qu'il
soit replanté par des mains habiles et aimantes. Du reste, s'il en était
autrement, je me poserais d'autres questions : si notre façon d'élever nos
enfants garantissait ce que j'appellerai leur "santé spirituelle",
cela voudrait dire que, d'une part nous détenons un pouvoir, d'autre part, que
ce pouvoir anihile la liberté de nos enfants. Or il n'en est rien : nous ne
détenons aucun pouvoir : nous avons juste le DEVOIR de vivre notre foi et d'en
témoigner. Et nos enfants disposent à l'égard de Dieu de la même liberté que
celle dont il nous a gratifiés nous-mêmes.