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mardi 22 juillet 2014

Malte, l’île aux décors ANNE-CLAIRE GENTHIALON



Malte, l’île aux décors



ARTICLE PARU DANS " LIBERATION", ANNE-CLAIRE GENTHIALON 18 JUILLET 2014 À 18:56 L'”Ile de Malte est souvent choisie pour le tournage de gros blockbusters. (Photo Jean-Michel Sicot)


BOBINES
Sa lumière, ses couleurs, ses mille visages ont attiré les grands réalisateurs d’Hollywood. Marqué par une histoire tumultueuse, l’archipel méditerranéen expose peu ce nouveau patrimoine.





C’est une île pleine de fantômes. Où se croisent, pêle-mêle, le comte de Monte-Cristo, des espions du Mossad ou des gladiateurs. Un endroit à part où l’on rencontre Popeye, le capitaine Nemo, Hélène de Troie et des zombies. C’est un drôle de caillou paumé au milieu de la Méditerranée, qui sert de décor à tous les blockbusters du cinéma mondial.


A Malte, on aime les histoires. Les grandes, les héroïques, les mythiques. Celle du grand siège de 1565, au cours duquel les chevaliers de l’ordre de Saint-Jean ont tenu tête, des mois durant, aux Ottomans. Celle du naufrage de l’apôtre saint Paul sur l’une de ses plages, qui convertit ce rocher au christianisme. La légende qui veut que Gozo, l’une des trois îles de l’archipel, serait la mythique Ogygie où Calypso a retenu Ulysse prisonnier. On aime aussi raconter que le plus petit pays de l’Europe est le «Hollywood de la Méditerranée». Où se pressent, sur ses 316 kilomètres carrés, réalisateurs et acteurs du monde entier.


C’est ici, entre la Sicile et la Tunisie, que Ridley Scott a tourné Gladiator. Que Steven Spielberg a filmé Munich. Là encore que King’s Landing et le pays des Dothrakis, de la série télévisée Game of Thrones, se sont matérialisés. Que Tom Hanks en capitaine Phillips a bu la tasse. Et que, récemment, Angelina Jolie a fait les repérages pour son prochain long métrage. Du Da Vinci Code à Largo Winch en passant parl’Espion qui m’aimait ou les 1001 Nuits… Certains passionnés se sont amusés à les décompter : plus de 200 films y ont été tournés.


La raison ? Peut-être cette lumière, si particulière, qui attirerait ici les caméras depuis 1925. La façon dont le soleil brûle la garrigue des campagnes, mais épargne les figuiers de Barbarie. Et colore, du doré au rosé, la globigérine, cette pierre calcaire qui sert à la construction depuis des millénaires des forteresses et des 300 églises que compte l’île.


La capitale de Malte, La Valette, a été mise en scène pour des films comme «World War Z» ou «Midnight Express». Photo Jean-Michel Sicot


Fables. Les paysages, spectaculaires, font aussi cavaler l’imaginaire. On projette volontiers des fables romantiques dans les ruelles entrelacées et les palais baroques de Mdina, l’ancienne capitale. On rêvasse à des histoires de pirates face aux eaux turquoise du Blue Lagoon de l’île de Comino et aux falaises déchiquetées de Dingli qui tombent à pic dans la Méditerranée. Dans le port de Marsaxlokk, on se brode des épopées de marins échoués, à la vue des luzzus, ces bateaux peints en jaune, rouge, vert et bleu, qui portent sur leur proue un œil censé les protéger. Même les stations balnéaires bétonnées du nord inspirent des histoires d’agents secrets.


Tous les lieux emblématiques de Malte ont été exploités sur la pellicule. Même le palais Saint-Antoine, la résidence présidentielle, a été utilisé. Mais, si on emprunte volontiers ses décors, l’intrigue des films, elle, ne se passe jamais sur l’archipel. La plage de Golden Bay, une des rares de sable, qui a vu débarquer Brad Pitt en Achille, se transforme en Troie antique. Les Trois Cités (nom générique donné aux villes de Vittoriosa, Cospicua, et Sanglea, plus connues sous leurs anciens noms de Birgu, Bormla et L-Isla) deviennent le Liban dans Munich quand l’Azure Window à Gozo, une arche naturelle de calcaire surplombant la mer, se mue en porte de l’enfer où Persée décapite la Gorgone Méduse.


Fantasme. Si l’île sait aussi bien s’adapter aux exigences des réalisateurs, si elle arrive ainsi à se fondre dans l’ambiance, c’est qu’elle a de l’expérience. Au carrefour de la Méditerranée, souvent disputée pour sa position géographique stratégique, Malte en a vu passer. Un temps phénicienne. Un temps romaine. Puis arabe, espagnole, anglaise et même française : elle a conservé un peu de ses nombreuses influences dans sa palette de jeu. Les voitures qui roulent à gauche et les cabines téléphoniques rouges, reliquats de son appartenance, pas si ancienne, à la couronne britannique. Les auberges des chevaliers de l’ordre de Saint-Jean qui portent encore des noms français. Et sur les places des villages, entre les terrasses des cafés du Parti travailliste et du Parti nationaliste, on s’invective, façon Don Camillo, en maltais, une langue issue de l’arabe aux sonorités italiennes.


Dans ces multiples rôles de composition, c’est sa capitale, La Valette, la plus grande des interprètes. Le cinéphile le plus averti aurait du mal à la reconnaître assaillie de zombies dans World War Z ; à identifier son marché couvert dans les courses-poursuites de Midnight Express et dans le fort Saint-Elme qui veille sur l’entrée de la ville, sa terrible prison ; à deviner ses fortifications dans Alexandre d’Oliver Stone. On la prend pour Marseille, Beyrouth, Jérusalem… Il faut dire qu’écrasée sous le soleil, avec ses ruelles étroites épousant les vallons, ses balcons en bois fermés, son linge suspendu aux fenêtres, elle incarne à merveille le fantasme de la ville méditerranéenne.


Le fim «Popeye», avec Robin Willimas, a été tourné par Robert Altman à Malte en 1980. Les décors du film ont été transofrmés en parc d'attraction dans le nord de l'île, mais il peine à attirer les foules. Photo Jean-Michel Sicot


Bruyante, avec son terminal de bus à ses portes et son concert de klaxons. Et tellement concentrée, ramassée, qu’elle donne l’impression d’abriter des millions d’habitants. Changement de rôle le soir, quand elle se vide des touristes. Que les fonctionnaires et les - très - nombreux avocats la désertent pour Saint Julian’s et ses bars. Laissant l’obscurité s’emparer de ses jardins et de ses fortifications, la rendant mystérieuse, presque inquiétante avec, en bande-son, les sirènes des cargos qui résonnent dans son grand port.


Drakkars. Peut-être un peu froissée, Malte conserve très peu de souvenirs de ses nombreuses figurations. A peine au détour de Saint-Paul Street, une des rues principales de La Valette, tombe-t-on sur l’échoppe d’un tanneur qui expose en vitrine un mannequin portant un costume de gladiateur. Les studios de cinéma sont fermés, comme cachés aux yeux du public. On distingue de la mer quelques drakkars, des jonques et pirogues fatiguées, qui prennent le vent et le sel dans les Mediterranean Film Studios où se jouent tempêtes, batailles navales et accidents de sous-marins dans d’immenses bassins. Pas loin, dans le fort Ricasoli, ancienne fortification des chevaliers de l’ordre, l’immense plateau de cinéma sauvage où a été reconstitué le Colisée conserve quelques reliques, comme ces chars romains des péplums.


Dans le passé, quelques parcs à thème ont bien tenté de se lancer. Subsiste encore dans le nord de l’île le décor de Popeye, monumental nanar de Robert Altman dans lequel Robin Williams interprète le marin amateur d’épinards. Un peu pathétique, avec ses mannequins défraîchis et ses concours de Bingo animés par une Olive blonde platine, il peine à attirer les foules. Comme si les lieux de tournages devaient rester hors champ.


Le Colisée avait été reconstitué pour un trounage au fort Ricasoli, ancienne fortification des chevaliers de l'ordre. Des restes de ce tournage sont encore visibles. Photo Jean-Michel Sicot

PRATIQUE

Y ALLER
A trois heures de Paris en avion, Malte est desservie par des vols directs (Air France, Air Malta, EasyJet…). On peut également y venir en ferry depuis la Sicile.

Y DORMIR
Si les grands complexes hôteliers ont essaimé partout sur l’île, il y a peu d’hôtels dans les villes les plus anciennes. Des maisons maltaises et des palais ont été reconvertis en guesthouse et B&B. Sur l’île de Gozo, il est possible de louer des farmhouses, fermes du XVIIIe siècle. La plupart possèdent une piscine.
A GRIGNOTER
A tester absolument, les pastizzi, ces feuilletés fourrés à la ricotta ou à la purée de petits pois qui se mangent encore chauds, vendus pour quelques centimes d’euros dans des pastizzerias.
SE DÉPLACER
Les bus desservent toute l’île. Pratique : le départ et l’arrivée de toutes les lignes sont à La Valette, autour de la fontaine des Tritons. Une voiture de location peut être bien utile : selon la circulation, on peut faire le tour de l’île en une heure et la mettre sur le ferry pour se rendre à Gozo.

Anne-Claire GENTHIALON

mardi 15 juillet 2014

Bombe au Vatican: Une Bible de 1500 ans confirme que Jésus Christ n’a pas été Crucifié !

Prétendue "bombe" au Vatican:

Une Bible de 1500 ans confirmerait que

"Jésus Christ n’a pas été Crucifié !"


UN FAUX MANIFESTE !!!





Curieux que cet article, déjà paru plusieurs fois il y a quelques mois, ressurgisse aujourd'hui en pleine guerre Islamique !
L'Evangile de Barnabé, un Apocryphe Chrétien, est connu depuis longtemps et a de tous temps été avancé comme preuve aux thèses de l"Islam.
Je livre ici cet article, tel quel, avec évidemment l'intention d'y revenir sur le plan historique et de démontrer, au départ de l'Histoire Romaine notamment qu'il n'en est rien : Rabbi Yeshoua de Nazareth a bien été crucifié PAR LES ROMAINS (et pas par les Juifs !) parce qu'il était considéré comme un agitateur et que le Procurateur de Judée de l'époque, Pontius Pilatus craignait de se voir destituer de sa charge par les autorités et l'Empereur de Rome  !


"Au grand dam du Vatican, une bible vieille de 1500 à 2000 ans a été trouvée en Turquie, dans le Musée d’Ethnographie d’Ankara. Découverte et tenue secret en l’an 2000, le livre contient l’Évangile de Barnabé, un disciple du Christ, qui démontre que Jésus n’a pas été crucifié, et il n’était pas le fils de Dieu, mais un prophète. Le livre appelle également l’apôtre Paul « L’Imposteur ». Le livre affirme également que Jésus est monté vivant au ciel, et que Judas Iscariote a été crucifié à sa place.


Un rapport publié par Le National Turk affirme que la Bible a été saisi par un gang de trafiquants lors d’une opération dans la région méditerranéenne. Le rapport indique que le gang a été accusé de contrebande d’antiquités, de fouilles illégales, et de possession d’explosifs. Les livres eux-mêmes sont évalués à plus de 40 millions de livres turques (environ 28 millions. Dollars). Où est la Guilde des voleurs, quand vous en avez besoin?

Authenticité



Selon les rapports, les experts et les autorités religieuses de Tehram insistent que le livre est original. Le livre lui-même est écrit avec des lettres d’or, sur cuir faiblement liées en araméen, la langue de Jésus-Christ. Le texte maintient une vision similaire à l’islam, ce qui contredit les enseignements du Nouveau Testament du christianisme. Jésus prévoit également la venue du Prophète Mahomet, qui a fondé l’islam 700 ans plus tard.


On croit que, pendant le Concile de Nicée, l’Église catholique a choisi de conserver les évangiles qui forment la Bible que nous connaissons aujourd’hui; omettant l’Evangile de Barnabé (parmi beaucoup d’autres) en faveur des quatre évangiles canoniques de Matthieu, Marc, Luc et Jean. Beaucoup de textes bibliques ont commencé à faire surface au fil du temps, y compris ceux de la Mer Morte et les évangiles gnostiques; mais ce livre en particulier, semble inquiéter le Vatican.

L’Eglise Romaine Catholique le veut



Qu’est-ce que cela signifie pour les religions dérivées du christianisme et leurs partisans? Plutôt serré comme endroit. Le Vatican a demandé aux autorités turques de faire examiner le contenu du livre au sein de l’Eglise. Maintenant que le livre a été trouvé, viendront-ils à accepter sa preuve? Vont-ils nier tout cela ? Vous allez appeler cela un « mensonge musulman », comme l’a fait le magazine «Vérité», en 2000? Pour beaucoup, ce livre est une lueur d’espoir, que les croyants se rendent vite compte que l’objet de leur adoration est arbitraire; et que tout le texte, en particulier des textes religieux, est sujette à l’interprétation.


Qu’est-ce que cela signifie pour les athées / agnostiques / penseurs laïques? Le texte est réel? Faux? Est-ce important? Espérons que ces nouvelles inspirent le religieux à poser des questions, au lieu de pointer du doigt ou de croire quoi que ce soit à l’aveuglette. S’il vous plaît, ne vous moquez pas et ne lancez pas des « Je vous l’avais dit! »  Le plus grand danger de la foi, c’est quand les gens croient ce qu’ils veulent croire, et se défendent contre toutes preuves; surtout quand cette preuve révolutionne leur fondation à partir de sa base. Et le plus grand coupable de ce danger est le piège de l’ego: rejeter / critiquer les autres Pendant des siècles, la «défense» de la foi aveugle a conduit les nations à la guerre, la violence, la discrimination, l’esclavage et de devenir la société d’automates que nous sommes aujourd’hui; et depuis tout aussi longtemps, elle a été justifié par des mensonges. Si vous savez mieux, agissez en tant que tel."



http://sonsonthepyre.com/1500-year-old-bible-confirms-that-jesus-christ-was-not-crucified-vatican-in-awe/

The Inquisition in Malta 1575-1798 The Roman Inquisition (http://vassallohistory.wordpress.com/)

The Inquisition in Malta 1575-1798


The Roman Inquisition



The Roman Inquisition was a system of tribunals developed by the Holy See during the second half of the 16th century, responsible for prosecuting individuals accused of a wide array of crimes related to heresy, including sorcery, blasphemy, Judaizing and witchcraft, as well for censorship of printed literature. The tribunals covered most of the Italian peninsula as well as Malta and also existed in isolated pockets of papal jurisdiction in other parts of Europe, including Avignon, in France. The Congregation of the Holy Office, one of the original 15 congregations of the Roman Curia created by Pope Sixtus V in 1588, presided over the activity of the local tribunals. While the Roman Inquisition was originally designed to combat the spread of Protestantism in Italy, the institution outlived its original purpose, and the system of tribunals lasted until the mid 18th century, when the Italian states began to suppress the local inquisitions, effectively eliminating the power of the church to prosecute heretical crimes.

The Pope appointed one cardinal to preside over the meetings. There were usually ten other cardinals who were members of the Congregation, as well as a prelate and two assistants all chosen from the Dominican Order. The Holy Office also had an international group of consultants, experienced scholars of theology and canon law, who advised it on specific questions. In 1616 these consultants gave their assessment of the propositions that the Sun is immobile and at the center of the universe and that the Earth moves around it, judging both to be “foolish and absurd in philosophy,” and the first to be “formally heretical” and the second “at least erroneous in faith” in theology. This assessment led to Copernicus’s De Revolutionibus Orbium Coelestium to be placed on the Index of Forbidden Books, until revised and Galileo Galilei to be admonished about his Copernicanism. It was this same body in 1633 that tried Galileo, condemned him for a “grave suspicion of heresy”, and banned all his works.

Among the subjects of this Inquisition were Francesco Patrizi, Giordano Bruno, Tommaso Campanella, Girolamo Cardano, Cesare Cremonini, and Galileo Galilei. Of these, only Bruno was executed; Galileo died under house arrest, and Campanella was imprisoned for twenty-seven years. The miller Domenico Scandella was also put to the stake on the orders of Pope Clement VIII in 1599.

The Inquisition also concerned itself with the Benandanti in the Friuli region, but considered them a lesser danger than the Reformation and only handed out light sentences.

The Inquisition in Malta (1561 to 1798) is generally considered to have been gentler than the Spanish Inquistition.

Italian historian Andrea Del Col estimates that out of 62,000 cases judged by Inquisition in Italy after 1542 only 2% (ca. 1250) ended with death sentence.

The last notable action of the Roman Inquisition occurred in 1858, in Bologna, when Inquisition agents kidnapped a 6-year-old Jewish boy, Edgardo Mortara, separating him from his family.[3] The local inquisitor had learned that the boy was secretly baptised by his nursemaid. Pope Pius IX raised the boy as a Catholic in Rome. The boy’s father, Momolo Montara, spent years seeking help in all quarters, including internationally, to try to reclaim his son. The case received international attention and fueled the anti-papal sentiments that helped the Italian Nationalism movement.
The coming of the Roman Inquisition to Malta, 1575

Before the arrival of the Order there already existed a tribunal of the old medieval Inquisition in Malta under the jurisdiction of the Bishop of Palermo. The Bishopric of Domenico Cubelles (1542-1566) was divided into two periods: as bishop of Malta (1542-62) and as bishop and inquisitor (1562-66). The Inquisition was officially established as a separate institution from the Bishop in 1574. This came about almost by incident.

Grandmaster La Cassiere sought the advice of Pope Gregory XIII over a quarrel between him and Bishop Royas. Mgr. Pietro Dusina was sent as mediator, apostolic visitor and inquisitor. His office lasted for only nine months, but it served enough to set up the Inquisition as a separate institution from the Bishop�s Court.
Who were the Inquisitors?

The Roman Inquisition (or Holy Office) was the official stand by the Catholic Church against Protestantism. It was set up in 1542 by Pope Paul III. Its aim was to inculcate a sense of correct behaviour and the correct beliefs expected from a Catholic. The Inquisition subordinated all aspects of life and government, acted as a watchdog against all kinds of heresies, including blasphemy, apostasy, bigamy, reading of prohibited books and the practice of magic.

Superstitions in Malta Towards the Middle of the Seventeenth Century In the light of the Inquisition Trials


The greatest concern for the Inquisitors in the 16th century were heretics and the reading of prohibited books that were brought to Malta by foreign Protestants. In the 17th century the Inquisitors sought to deal with the impact on the Maltese, especially women, of the growing number of Muslim slaves practicing sorcery and magic. In the 18th century the Inquisition entered its period of decline. Inquisitors became mostly concerned with the increase of blasphemy, bigamy and apostasy to Islam.

The Inquisitor as Papal Legate (ambassador) exercised great power in Malta as the direct representative of the Holy See. In many instances of quarrels with the Grandmaster or the Bishop, it was usually the Inquisitor who came out victorious because he had the more support at the Holy See in Rome . Most Inquisitors who came to Malta were able and ambitious clergymen, who later became Cardinals and two of them were elected Popes (Alexander VII in 1655 and Innocent XII in 1687).
The Inquisitor’s Palaces at Vittoriosa and Girgenti


The Inquisitor’s Palace is found in the city of Vittoriosa , one of the very few surviving of its kind in Europe and South America .

It contains one of the rare early modern prison structures which still survives. Not much attention has been given to the building.

A few years ago the building was restored and transformed into an Inquisition museum and opened for visitors. Until 1571 the Inquisitor’s Palace had been used as the seat of the Castellania (Law Courts) of the Order.

The building had been left vacant when the Knights moved to Valletta until it was handed over to Mgr. Dusina in 1574 as the first Inquisitor in Malta. Various Inquisitors in the 17th and 18th centuries undertook a number of additions and alterations to the original building in order to make it more comfortable and adapted to serve its functions as: residence, court and prison of the Inquisition Tribunal in Malta.





In 1625 inquisitor Onorato Visconti built a palace and a chapel to serve as summer residence for himself and for his successors at Girgenti, limits of Siggiewi (today the Girgenti Palace serves as the Country Residence of the Prime Minister).

It was renovated by inquisitor Angelo Doriniin 1763.

The end of the Inquisition in Malta, June 1798

The Inquisition came to a sudden end in Malta when the French took over the islands in June 1798. The Inquisitor was given 48 hours to leave Malta and the Tribunal was closed down. The rich archives of the Inquisition were taken over by the Bishop’s Curia. In the 1970s these archives were transferred to the Cathedral Museum of Mdina where they were opened for research by scholars and historians. These archives give us important information on how the Inquisition Tribunal functioned and what went on inside its prisons.
How was life in the Inquisitor’s prison?


There were two prison sections: one for detention (ad custodiam) before a trial and one for punishment (ad poenam) after a sentence. In both cases prisoners were kept in separate cells. Prison sentences were frequent but of short duration � from a few days to a few years. In the 1630sInquisitor Fabio Chigi had to slow down the sentencing process because the cells were so full that they could not host other prisoners. Life in the prisons was not as desperate as in most civil prisons of the time. In civil prisons, women and children were put together with adult criminals in cells with no beds or sewers. In the Inquisitor�s prisons, prisoners could receive presents and food from relatives and friends. There were no fixed schedules for eating. They could make use of a candle at night and have beds with straw mattresses and blankets. Some had toilet facilities in their cells; others were taken by the warden to the toilet pit. Prisoners were kept in good health by regular visits by a doctor, giving medicine to sick prisoners or taking them to hospital. The Inquisitor took care also of the spiritual needs of the prisoners: they could confess in their own cell, taught catechism and attend Mass.

Prisoners usually used their free time to decorate the walls of their cells with all sorts of graffiti (e.g. ships, religious motifs, symbols, dates, initials. Gambling, singing and playing music were other common pastimes. Attempts at escape were most common at night. One prisoner Pietro Licini escaped eight times in 1697-98, once by removing a stone from the wall of his cell that led to one of the streets. Others tried to commit suicide by poison o hanging. On leaving the prison, prisoners had to take an oath not to reveal anything they had seen or heard in the prisons.
Conclusion

The overall contribution of the Inquisition was to introduce the concept of the prisoners’ reform whereby prisoners were made to pay for their misdeeds. The emphasis of most Inquisitors was on the reformation of the prisoner not on his elimination as was usually the case in the civil prisons of the time.
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Some case studies of sentences
given by the Malta Inquisition Tribunal

1. Carlo Vella, prison warden , in 1670 was dismissed from his job for having stabbed Antonio Rave’ to whom Vella was in debt.

2. Antonio Bellia, prison warden, in 1622 asked a Muslim slave to keep his money, which he later stolen.

3. Lazzaro Seichel, prison warden, in 1705 was found guilty of having had sexual relations with a female prisoner and was condemned for 5 years on the Order’s galleys.

4. Giovanni Maria Zammit, in 1725 escaped from his cell while the warden was fetching water from the well in the courtyard. He disguised himself as a beggar but was caught one month later.

5. Salvatore Cauchi from Zebbug was imprisoned for 1 day for insulting some Church dignitaries.

6. Two Greeks (Gioanne and Costantino) were found guilty of apostasy to Islam. They were not sent to the galleys because they were disabled and were imprisoned for 3years and 18 months respectively instead.

7. Sulpita de Lango, in 1618 was imprisoned for 8 years because of sorcery.

8. Blasio Visei, a Genoese buonavoglia, was accused of false testimony and sentenced to row on the galleys for 2 years.
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Constant problems which arose between
the Inquisition, the Bishop and the Order

The Inquisition was the third authority in the Maltese islands, and various incidents took place between members of the Curia, the Order and the Inquisition. The population looked at the Inquisition as a Court of redress. Thus the Inquisition became the authority to whom the

Maltese could appeal against given sentences by the Grand Master�s or bishop�s court. The inquisition differed from all forms of secular justice since it was penitential, that is, it aimed at instilling in the culprits a sense of penitence.

Although Inquisitors had full power over persons of any rank, they had no power just over two persons: the Grand Master and the Bishop of Malta. But still it was his duty to denounce them to the Supreme Congregation in case of some evident error against the faith. Those who were at the root of friction between the Inquisitor and the other authorities in Malta were the lay patentees. These patentees were the envy of all in Malta . They depended totally on the Inquisitor in a sense that the Grand Master and the Bishop had no jurisdiction over them. Therefore, they were a continual source of friction, particularly with the Grand Master.

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The Inquisitor’s Palace

Vittoriosa


The Inquisitor’s Palace, sited in the heart of Vittoriosa, is one of the very few surviving examples of a style of palace that would have been found all over Europe and South America in the early modern period. Many such buildings succumbed to the ravages of time or became victims of the reactionary power unleashed by the French Revolution against the ancien regime and all it represented. The fact that Malta’s palace, throughout its five centuries of history, always hosted high-ranking officials representing the main ruling powers on the Island helped ensure its survival.


The palace also survived the Second World War and the threat of modern development. Although its successive occupants changed much in the structure of the building, the Inquisitor’s Palace remains an architectural gem, representative of the chequered history and European heritage of the Islands.

The palace was not built purposely as a residence for the Inquisitor. It was erected in the 1530s as the civil law courts of the Order of St John (Castellania) soon after the Knights arrived in Malta. It continued to serve as law courts until 1571, when the Order transferred its headquarters to Valletta after the siege of 1565.

The palace then remained empty, but not for long. Mgr Pietro Dusina arrived in Malta in 1574 as the first general inquisitor and apostolic delegate of the Maltese Islands. The Grand Master offered him the unused palace as an official residence. Almost all successive inquisitors sought to transform the palace into a decent mansion. They all shared the same cultural values of clerical baroque Roman society, and by the mid-18th century they had managed successfully to transform the building into a typical Roman palace.

The Inquisitor’s Palace is now home to the museum of Ethnography. It focuses on the popular devotions and religious values latent in Maltese ethnic identity and culture up to the present day. The palace was the ideal place to emphasise such a concept since the raison d’etre of the Inquisition was to model popular devotions and religious culture and make them conform to the official doctrines sanctioned by the Church and imposed by the Council of Trent (1545-63). The Council dictates moulded Catholic faith and practice until the mid-20th century and influenced all major Catholic ceremonies, including the most important – rites of passage of birth, marriage and death.


Today, the Inquisitor’s Palace is being given a new lease of life. Careful historical reconstruction of the palace is under way based on extensive research of documents in the Inquisition archives in Malta and at the Vatican. In addition to the display areas in the tribunal room, the prison complex, and the kitchen which are already restored, there is a permanent exhibition on the impact of the Inquisition on Maltese society. The exhibition studies themes such as the Eucharist, the Holy Family, confession, preaching, and the cult of saints.

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Girgenti Palace

Siggiewi


Close to Siggiewi, at the western end of the island, is the fertile little valley of Girgenti. At its head is a flat, rocky ledge, from which the ground falls sharply below what it is a precipice in miniature. At the foot of the lodge is a grove of poplars, medlars, lemon, orange and pomengaranate trees; all sorts of shrubs grow with a luxuriance rare in Malta besides running water that irrigates the farms below.


On the ledge, when even in summer is cool and in winter is buffeted by every wind that blows, stands a little gem of a house – plain harmonious, restrained.



Girgenti was built by Inquisitor Onorato Visconti in 1625 and commands a superb view of the surrounding country. Its gardens are watered by a number of springs, the main one being that of Għajn il-Kbir, which also irrigates the valley of Girgenti below. Its chapel, dedicated to San Carlo Borromeo, was built by Inquisitor (later Cardinal) Angleo Dorini in 1763.

The facade consists of three blocks which lie in one continuous face with recessed panels and plain projecting strips marking the vertical and horizontal divisions. The window surrounds consists of similar palin strips whilst the central axis is accented by a balustraded balcony over the door and a high semi sercular-headed French window in the first floor. Good proportions, a clear articualtion and an interesting broken skyline produce a pleasant effect so that, although plain, the facade in neither monotonous nor preceptibly severe. It is worth nothing the effectiveness of the single top windows in the two wings.



The ground floor plan originally consisted of seven rooms built in a row overlooking the beautiful valley. Three of these rooms, to the right of the entrance hall, now form what is called the Long Room, the prinicipal reception room. At the back of this is a narrow passage which is connected by a graceful loggia to the charming little chapel, which is now the Dining Room. To the left of the entrance hall is a small study and a serving room which leads to the old kitchen. The first floor extends over the whole of the ground. It includes the Library which is a beautiful high ceilinged room with windows in three of the four walls. This floor also contains the main bedroom with it’s private terrace, as well as a secondary bedroom and Reading room.

The second floor only extends over the right wing and contains two bedrooms. What appears to be a second floor over the left wing has been taken up by the Library’s high ceiling.

From 1625 to 1798, when the French regime suppressed the Inquisition, Girgenti was the summer residence of Malta’s Inquisitors. Of the 41 Inquisitors who used this house, 26 later became Cardinals and two became Popes, reigning as Alexander VII and Innocent XII respectively.

During the British period Girgenti served initially as the summer residence of the Lieutenant Governors of Malta. In the second World War it was used as one of the stores for the National Musuem’s collection. It fell into total despair after the war and was partially restored in 1966 an 1967. It again fell into depair in the 1970′s and was fully restored between 1988 and 1990, when it became the country residence of the Prime Ministers of Malta.
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The Archives of the Roman Inquisition in Malta
Archivum Inquisitionis Melitensis (A.I.M.)
Housed in the Archives of the Cathedral Museum, Mdina, Malta


The Cathedral Museum of Mdina contains the archives of the Roman Inquisition on Malta, one of two complete sets of Inquisitorial archives in Europe. Sicilian Inquisitors had jurisdiction over Malta before 1561, and occasionally visited the island. The Bishop of Malta handled most problems of ecclesiastical discipline. But when the Emperor Charles V gave the island of Malta to the Order of the Hospital in 1530, he also introduced possible conflicts between two ecclesiastical overlords. Pope Pius IV ordered a resident inquisitor on Malta in 1561, where the office lasted until 1798. The Roman Inquisition on Malta ostensibly guarded against the introduction of Lutheranism and rooted out heresy, ignorance, and superstition. But the Inquisitor also checked the power of the Grand Master on Malta and reported to the Pope about the ecclesiastical misconduct of the Knights and their servants. The Maltese Inquisitor’s tribunal in Birgu formed one of the three centres of ecclesiastical power on Malta, balancing the Bishop in Mdina, and the Grand Master in Valletta. The office of the Inquisitor provided a stepping-stone to ecclesiastical promotion. Many inquisitors went on to become bishops and cardinals, and two — Fabio Chigi and Antonio Pignatelli - became Popes (Alexander VII and Innocent XII). The French abolished the tribunal when they took the island in 1798, and its records were transferred to the Cathedral, where they remain to this day.

The inquisition on Malta had no connection with the Spanish Inquisition, which Ferdinand and Isabella set up to enforce religious conformity in Spain. Instead, the word “inquisition” describes the nature of tribunal, which summoned those accused of religious improprieties and interrogated them to determine the facts of the case. Like the Spanish Inquisition, the interrogation could include torture. Unlike the Spanish Inquisition, the Roman Inquisition on Malta released few people to the secular arm for execution (church courts could not execute the condemned, and heresy was considered a capital crime). Instead, the Inquisitor sought to convince the accused to admit his or her errors and to impose the appropriate penance. Very few Protestants appeared before the tribunal; the most notable case, involving two religious teachers accused of Lutheranism, occurred before the appointment of the Inquisitor in 1561, and the Grand Master shielded French members of the Order who were suspected of being Huguenots. The best-known example of non-conformists was that of two English women, members of the Society of Friends, who tried to proselytize on Malta. The Tribunal of the Inquisition held the women for five years (1658-1663) before finally expelling them from the island.

The Inquisitors realized that most of the cases coming before them sprang from ignorance of religious orthodoxy: husbands feigning illness to eat meat on fast days, foreign sailors blaspheming in taverns, and slaves who claimed to work magic. Questions of religious identity arose concerning Maltese sailors who had been captured by Muslims and who may have converted to Islam. The local parishes encouraged the Maltese people to denounce blasphemers, sorcerers, and heretics to the tribunal. These denunciations reflect village conflicts and tensions. These circumstances also suggest that the greatest challenge facing the foreign-born Inquisitors was not eradicating heresy but understanding the language of the islanders. The records of the Maltese Inquisition reveal much about daily life in Malta, particularly, the lives of the peasants and other classes usually hidden from the historical record.

Index of the Archives of the Malta Inquistion


Acta civilia (580 mss) 1557-1798
Computa depositarii tribunalis sancti officii (5 mss) 1658-1798
Corrispondenza (104 mss) 1588-1698
Memorie lasciate agli inquisitori di Malti (35 mss) 1711-1798
Miscellanea (77 mss) 1487-1797
Processi e denunzie (296 mss) 1546-1798
Registrum actorum civilium sancti officii sanctissimae inquisitionis meltensis (19 mss) 1676-1795
Registrum brevium apostolicorum ac decretorum congregationum (3 mss) 1614-1754
Registrum litterarum patentium (1 ms) 1739-1792
Registrum sententiarum causarum civilium sanctissimae inquisitionis (1 ms) 1753-1786
Repertoires (41 mss) 1628-1793
Registrum depositorum causarum civilium (22 mss) 1676-1790

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Inquisitors and Apostolic Delegates
1561 – 1798




Inquisitor 
Stay 
Domenico Cubelles 1561-1566
Martino Royas da Porta Tubeo 1573-1574
Pietro Dusina 1574-1575
Pier Santo Humano 1575-1577
Rinaldo Corso 1577-1579
Domenico Petrucci 1579-1580
Federico Cefalotto 1580-1583
Pier Francesco Costa 1583-1585
Ascanio Libertano 1585-1587
Giovanbattista Petralata 1587
Paolo Bellardito 1587-1591
Angelo Gemmario 1591
Giovanni Ludovico Dell’Armi 1592-1595
Innocenzo Del Bufalo de’ Cancellieri 1595-1598
Antonio Ortensio 1598-1600
Fabrizio Verallo 1600-1605
Ettore Diotallevi 1605-1607
Leonetto Della Corbara 1607-1609
Evangelista Carbonese 1609-1614
Fabio Delagonessa 1614-1619
Antonio Tornielli 1619-1621
Paolo Torelli 1621-1623
Carlo Bovi 1623
Onorato Visconti 1624
Nicolo Herrera 1627-1630
Ludovico Serristori 1630
Martino Alfieri 1631-1634
Fabio Chigi 1634-1639
Giovanni Battista Gori Pannellini 1639-1646
Antonio Pignatelli 1646-1649
Carlo Cavalletti 1649-1652
Federico Borromeo 1653-1655
Giulio Degloi Oddi 1655-1658
Gerolamo Casanate 1658-1663
Galeazzo Marescoti 1663-1667
Angelo Maria Ranuzzi 1668
Carlo Bichi 1668-1670
Giovanni Tempi 1670-1672
Raniero Pallavicini 1672-1677
Ercole Visconti 1677-1678
Giacomo Cantelmi 1678-1686
Innico Caracciolo 1686-1691
Francesco Acquaviva d’Aragona 1691-1694
Tommaso Ruffo 1694-1698
Giacomo Filiberto Ferrero di Messerano 1698-1703
Giorgio Spinola 1703-1706
Giacomo Caracciolo 1706-1711
Raniero D’Elci 1711-1718
Lazzarao Pallavicini 1718-1720
Antonio Ruffo 1720-1728
Fabrizio Serbelloni 1728-1730
Giovanni Francesco Stoppani 1730-1735
Carlo Francesco Durini 1735-1739
Ludovico Gualterio Gualtieri 1739-1743
Paolo Passionei 1743-1754
Gregorio Salviati 1754-1760
Angelo Durini 1760-1766
Giovanni Ottavio Mancinforte Sperelli 1766-1771
Antonio Lante 1771-1777
Antonio Felice Zondadari 1777-1785
Alessio Falconieri 1785
Giovanni Filippo Gallarati Scotti 1785-1793
Giulio Carpegna 1793-1798


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SOME FACTS


Who was the first Inquisitor appointed by the Holy See to Malta in 1562?

Domenico Cubelles. Bishop Domenico Cubelles was appointed by Pope Pius IV by the bull “Licet ab Initio” as the first Inquisitor of the Holy Inquisition in Malta on 15 July 1562.

Paolo Passionei was the longest serving Inquisitor in Malta (1743-1754). What led to his downfall?

“Loose living” including fornication. Inquisitor Passionei secretly had a mistress, and he became the father of two females …. When in 1749 the Pope requested him to go to Switzerland as an Apostolic Nuntio he refused, being afraid that his scandalous life would become public! He left Malta on 1754 and was unfrocked.

What was the most common “crime of the faith” the Maltese were charged with before the Inquisition?

Witchcraft. Witchcraft (magic or sorcery) was by far the most common fault or crime committed by the Maltese in general. These took the form of love magic, divination, using the “evil eye”, magical healing, and black magic and were – apparently – common in Malta in from the mid-17th century and to the late 18th century.

Can you name the Inquisitor whose Inquisitorship occurred between the years 1634-1639, and who went on to become Pope Alexander VII in 1655?

Fabio Chigi. Fabio Chigi was appointed as Inquisitor and Apostolic Delegate in Malta by Pope Urban VIII on 23 April 1634. He left Malta on 28 April 1639. Afterwards, his ecclesiastical career was an outstanding one, becoming first a papal legate, then a papal Secretary of State, Cardinal, and Bishop of Imola until finally becoming Pope in 1655.

The Jesuits were banned from the Maltese Islands by Grandmaster Pinto in 1768. Who was Inquisitor at the time of their banishment?

Giovanni Ottavio Mancinforte Sperelli. Giovanni Ottavio Mancinforte Sperelli was Inquisitor between 1767 and 1771. Although the Jesuits were banished by Grandmaster Pinto, the Inquisitor defended them strenuously, though to no avail.

Au Nom-Du-Père...Par Yaqov Demarque, Théologien, psychanalyste.

Au Nom-Du-Père...

par
Yaqov Demarque,


Théologien, psychanalyste.









Un terme banal s'il en est pour qui n'y prête qu'une attention distraite mais qui peut soudain, à quiconque s'y arrête pour en sonder les profondeurs révéler des aspects cachés de son histoire, les illuminer d'une clarté insoupçonnée, leur donner sens .


Elisabeth Roudinesco et Michel Plon, dans leur « Dictionnaire de la Psychanalyse[1] »en donnent, en tête de l'article s'y rapportant, la définition suivante : « Terme inventé par Jacques Lacan en 1953, et conceptualisé en 1956 pour désigner le signifiant de la fonction paternelle. »


Tiens, c'est amusant : moi j'ai été « concrétisé » en 1956 !


Mais laissons-là la plaisanterie, essayons d'y voir plus clair et interrogeons-nous sur le sens du mot « signifiant ».


Emprunté au structuralisme de Ferdinand de Saussure, cette expression devient chez Lacan ce quelque chose qui, sans que le sujet le sache va déterminer sa pensée, ses mots, ses gestes et peser in fine parfois lourdement sur son destin. Nous pourrions donc voir dans le « Nom-du-Père »l'impact laissé dans notre existence au sens fort du terme par tout ce qui a bâti, de manière consciente ou inconsciente notre personnalité, comme un reflet de la transmission du nom « de famille » dans notre lignée agnatique. Du nom, bien sûr, mais aussi des traditions, des « habitudes » sans doute, et, au-delà de tout cela, bien d'autres choses infiniment plus complexes et parfois, sinon toujours, pesantes ! Transmission parfois même des frustrations :


« Ils seront pharmaciens, parce que papa ne l'était pas ![2] »



Ce que fut mon père, par-delà la vie et le nom qu'il m'a donnés, par-delà même l'éducation que j'ai pu recevoir de lui a façonné mon être à l'image de ce qu'il fut ou, a contrario, comme une sorte de négatif de ce qu'il a pu être ou signifier pour moi. Une constatation générale qui s'applique dans la plupart des cas à chacun de nous : nous sommes tous fils ou fille de quelqu'un, dont généralement nous portons le nom, et que nous imitons ou rejetons, consciemment ou non... La part de l'inconscient étant ici, je crois, vraiment celle du lion !


J'ai le sentiment très net, et de plus en plus au fur et à mesure de ma propre analyse, que l'entièreté de ma vie dans ses moindres détails prend sens pour moi dans ce « Nom-du-Père », là même et peut-être surtout où j'ai été en réaction, tentant d'être moi-même, d'être « autre[3] » sans pouvoir échapper au « moule » dont j'étais issu. Conçu, procréé que j'étais à l'image et à la ressemblance de mon père[4]. Et lorsque parfois j'ai voulu me dissocier de ce label que je n'avais pas plus demandé que de naître, je n'ai réussi, avec souvent beaucoup de douleur, qu'à me constituer comme étant son négatif, au sens photographique du terme !


Une chose, une seule a joué, de manière drastique et a pu rompre les chaînes qui me tenaient captif, une chose pénible, difficile, douloureuse: le drame d'un double deuil brutal qui me privant de mes racines comme de mes branches me laissait face à moi-même et à la vie comme un simple tronc susceptible seulement de consomption ou de façonnage. Fort heureusement, après quelques tâtonnements, c'est pour ce dernier que j'ai opté !


Façonnage que j'appellerais d'ailleurs plus justement « reconception », puisque je perçois, jusqu'au plus intime de mes fibres profondes ma vie d'aujourd'hui comme une renaissance, au sens le plus plénier. Une expérience que je connais bien, de par mon passé chrétien où j'ai pu parfois la percevoir dans un cadre essentiellement spirituel, celui de la « nouvelle naissance » du converti, du « mécréant » qui vient à la foi et à qui il est signifié que son passé est effacé, qu'il est « né de nouveau » ! J’ajouterais qu’ici, c’est encore différent dans le sens ou je crois qu’il serait plus adéquat de parler de naissance que de renaissance, le dernier terme impliquant une répétition, le premier renvoyant à un acte initial, nouveau, totalement fondateur.


Mais ici c'est différent, et bien plus fort : a de nombreux égards, je n'ai plus rien de l'homme que j'ai tenté d’être auparavant, tout en restant, fondamentalement qui j'ai toujours été, ou plutôt, en en prenant conscience. J'ai la nette conviction de n'avoir pas vraiment, « véritablement » vécu ma vie passée, qu'elle ne fut qu'un long et laborieux accouchement de qui je suis depuis toujours mais dont la personnalité véritable n'a jamais pu vraiment s'épanouir, engluée qu'elle était dans les liens du « Nom-du-Père »! J’ai le sentiment d’avoir vécu comme « par procuration », entendant par là que je n’étais pas , je n’existais pas moi-même ni par moi-même mais selon le modèle, le moule constitué par mes parents, mes grands-parents et ainsi de suite. (à condition de considérer, bien sûr, que le concept du NDP ne soit pas exclusivement référent au père biologique mais puisse s’appliquer à l’influence de tout « ascendant ».)


D'aucuns sans doute, lisant ces lignes, s'exclameront : « folie » et n'auront aucune peine à trouver, au sein des pages du DSM maintes preuves de leur constat! Pourtant, à en envisager les résultats, j'aurais plutôt tendance à dire « sagesse » ! Jugez plutôt :


Pétri, malaxé dans l'argile d'un christianisme pratiquant et triomphant j'ai été habité, depuis ma plus prime jeunesse, par un sentiment de culpabilité, transmis et lié à l'idée obscure du péché, jointe à une angoisse ressentie souvent comme épaisse et pesante face à mon inéluctable finitude et surtout aux punitions aussi hypothétiques que redoutées, que je croyais, par une sorte d’atavisme, promises à tout pécheur dans un non moins hypothétique au-delà, voire déjà dans l’immédiateté du temps qui lui est imparti, par le truchement d’événements difficiles et pénibles qui inévitablement émailleront –ou plus sûrement pourriront- sa vie.


Mais plus tard ou maintenant, en vertu de quoi justifier cette potentielle rétribution de nos actes ? Quel système, quelle croyance peut faire la démonstration de cette dernière comme étant à la fois logique et inéluctable ?


A démonter et retourner dans tous les sens les genèses fondatrices de mes « croyances[5] », à en démêler les nœuds à la force de l’esprit[6] , force m'est aujourd'hui de constater, avec sérénité, qu'elles n'ont aucun sens autre que celui ou ceux qu'ont voulu parfois y apporter des humains en quête dejustification . L’homme est ainsi fait : il a besoin de croire, besoin aussi de nier cette finitude qui lui fait si peur, quitte à s’inventer une obligatoire continuité sans la foi en laquelle il lui est bien difficile d’assumer son existence.

Pourtant rien, absolument rien ne peut me porter à croire qu’il y ait un avant et un après notre existence qui se fonde sur autre chose que purement logique ou contingent. En dépit de sa complexité, en dépit du fait qu’il soit une merveille dont nous ignorons encore bien des secrets, rien ne permet de démontrer ni même d’affirmer que l’être humain soit autre chose que le fruit d’un assemblage et d’une évolution logiques, sans la moindre intentionnalité créatrice ou autre qui justifierait sa présence dans notre monde. C’est ici et maintenant que je pense et que je suis, pas hier ni demain ! Dès lors pourquoi focaliser mon attention sur autre chose que l’instant présent, qui du reste n’est déjà plus à l’instant même où je l’envisage ? S’il est vrai que je sois la résultante d’un désir, en tant qu’individu, cela n’annule pas la possibilité que l’Homme, dans son acception générique ne soit autre chose que le fruit d’un hasard, plus ou moins heureux selon le point de vue dont on dispose !


Donc, et par conséquent, pourquoi lier notre vie et orienter celle-ci en fonction d’idéaux qui ne sont que des façons de concevoir l’existence, héritées pour la plupart d’une transmission plus ou moins traditionnelle ? Pourquoi me soucierai-je de mon « au-delà » quand la logique veut que ma vie, mon existence cesse de manière aussi sûre et définitive qu’elle a commencé ? Pourquoi surtout, optant pour ces « idéaux », irais-je infléchir le cours de cette existence si courte qui m’est donnée en m’imposant de suivre des choix et des règles conformes aux idées et croyances, aux traditions de ceux qui m’ont précédé et m’ont marqué de leur empreinte ?

Notre vie commence et finit. Point.


Entre ces deux étapes, un seul véritable choix s’offre à l’homme : celui d’être vraiment, ou de n’exister que par procuration.

La plupart d’entre nous optent, de manière plus ou moins marquée, pour la seconde solution. J’ai le sentiment très net d’avoir moi-même, et pendant très longtemps, suivi cette voie-là, qui selon ce que j’en perçois inscrit son parcours dans la foulée du « Nom-du-Père » et des options et choix de vie orientés par ce concept. Oui, durant des décennies, j’ai vécu comme par procuration, tentant vainement d’exister là même où je n’arrivais pas à être ! Et, partant, j’ai « oublié de vivre », avec toutes les conséquences corollaires à cet oubli !

Or, si l’homme veut être lui-même, il se doit d’être unique et non à l’image ou à la ressemblance de qui que ce soit, le concept de D.ieu n’étant, en cette matière qu’un pis aller, prenant fort à propos la place d’un Père devenu parfois pesant.

Etre soi implique la rupture avec les liens paternels dans toute l’acception du terme, et la prise de conscience d’une existence qui n’a pas à se mouler mais à se sculpter, prenant totalement les rênes de sa vie et en endossant la seule et unique responsabilité. L’homme ne peut vraiment se réaliser qu’en se détachant des liens qui l’entravent au « Nom-du-Père ».

N’être redevable de rien d’autre que du don de la vie, ce qui, en soi, est déjà suffisamment énorme pour qu’on puisse se passer d’avoir à porter autre chose ! Et si ce don s’est réalisé dans l’amour, tant mieux car ce sera un « plus » structurant pour la personne. Le reste n’est pas absolument nécessaire et peut s’avérer plus que réducteur !

Si je suis un homme, je me dois de vivre ma vie exactement comme je l’entends, et non comme « on » m’a dit ou appris à la vivre. Et je n’ai surtout pas à la bâtir en fonction d’une soi-disant rétribution post-mortem.


« La mort est un état de non-existence. 
Ce qui n'est pas n'existe pas. 
Donc la mort n'existe pas. »


C’est Woody Allen qui parle et l’on ne peut, je crois, mieux dire ! Dans un même ordre d’idée, il nous faut donc bien reconnaître que lorsque la vie n’est plus, elle n’existe pas non plus, et qu’il ne saurait donc exister « d’après » autre que celui d’un retour ou d’une fusion au néant dont nous sommes issus, à ce « vide » qui ne l’est pas vraiment. A l’Ein Sof cher aux Kabbalistes!


Il y a donc seulement un « pendant ». Pas d’avant ni d’après. Sachons donc vivre pleinement et sans entrave le « pendant », tant qu’il nous est donné. Nous rejoignons ainsi le « carpe diem » cher aux disciples d’Epicure. Cher aussi à d’autres sages, comme au Bouddha qui a cette phrase : « Le secret d’une bonne santé du corps et de l’esprit, c’est de ne pas ruminer le passé, de ne pas s’effrayer de l’avenir ni d’anticiper les difficultés à venir, mais de vivre l’instant présent avec sagesse et sérénité ».


Yaqov DEMARQUE 

Théologien
Psychanalyste

Notes :


[1] PLON M. & ROUDINESCO E., Dictionnaire de la Psychanalyse, Arthème Fayard, Paris, 1997.


[2] BREL, Jacques, in « Les Bourgeois ».


[3] « Moi est Autre » ? N’est-ce pas là quelque chose qui nous ramène au stade du miroir, au moment où l’enfant fait la dissociation entre l’image perçue initialement comme celle d’un « autre » et le reflet de sa propre corporalité ?


[4] Manière de dire qui renvoie au Livre de la Genèse et à la conception judeo-chrétienne de l’homme, créé « à l’image et à la ressemblance de son Créateur », mais qui beaucoup plus prosaïquement renvoie au traditionnel compliment à l’égard du nouveau-né : « comme il ressemble à son papa ! » (ou « à sa maman » selon le cas !)


[5] J’appellerais « croyance » tout ce qui découle d’une foi transmise et non objectivée, non assimilée par réelle conviction personnelle. J’ai été chrétien par « foi transmise » et non par choix propre, même aux instants où je me suis cru être devenu l’auteur de ces choix.


[6] Esprit à entendre ici au sens de ce qui est psychique et non de ce qui est spirituel. L’hébreu, comme le grec sont plus explicites à ce sujet que le français !

A Malte, une langue inscrite dans l’histoire. par Martine Vanhove, octobre 2007


A Malte, une langue inscrite dans l’histoire

par Martine Vanhove, octobre 2007




Méconnue, la langue maltaise porte les traces de l’histoire mouvementée de l’archipel, entre dominations arabe, italienne et anglaise. Depuis 2004, elle est l’une des vingt-trois langues officielles de l’Union européenne.



La présence phénicienne est attestée sur l’archipel maltais vers 800 avant notre ère. C’est d’ailleurs dans ces îles méditerranéennes que fut découverte l’inscription bilingue en grec et en phénicien qui permit de déchiffrer le phénicien. Il est donc probable que cette langue y fut parlée au moins jusqu’à l’arrivée des Grecs, deux cents ans plus tard. Ceux-ci furent supplantés par Carthage du Ve siècle av. J.-C. à 218 av. J.-C., avant que Rome n’assure sa domination (de 218 av. J.-C. à 870).

Malgré une présence d’un millénaire, les historiens doutent que Malte ait été entièrement romanisée. L’argument le plus souvent avancé repose sur le récit par saint Luc du naufrage de saint Paul à Malte aux alentours de l’an 60 (Actes des apôtres, chapitre XXVIII, I) : les habitants de l’île y sont qualifiés de « barbares », terme alors réservé aux peuples qui ne parlaient pas le latin. Parlent-ils grec, punique, voire encore phénicien, et peut-être aussi, pour certains du moins, latin, lorsque, en 870, les troupes musulmanes venues de Sicile débarquent dans l’archipel ? La seule certitude est que, en 1090, lorsque Roger de Hauteville, comte de Sicile, reconquiert Malte pour la chrétienté, les Maltais parlent une variété d’arabe.

Aujourd’hui encore, c’est une forme très évoluée d’arabe maghrébin, devenu le maltais, qui est la langue maternelle des quatre cent mille habitants de l’archipel. Les changements politiques et religieux qui suivirent la reconquête chrétienne n’y ont rien changé.

Deux faits curieux intriguent les spécialistes. D’une part, l’absence de vestiges archéologiques de la période arabe, les plus anciennes traces remontant à l’époque où les Normands avaient déjà repris l’archipel aux musulmans. D’autre part, en dehors du nom des deux îles principales, Malte et Gozo, l’absence de tout toponyme qui remonterait à une période antérieure à l’émergence de l’arabe. Il est bien connu que les conquêtes et invasions ayant conduit à l’instauration d’une nouvelle langue n’entraînent pas la disparition de toute trace de l’ancienne. Ainsi, la disparition du celte au profit du latin, après la conquête romaine de la Gaule, et l’adoption du latin par les Gaulois n’ont pas effacé les toponymes celtes en France. Pourquoi donc Malte a-t-elle échappé à cette règle ?
Massacres et déportations




Un géographe arabe du XVe siècle, al-Himyarî, reprenant vraisemblablement des œuvres disparues d’un autre géographe arabe contemporain de la fin de la domination musulmane (1), al-Bakrî (1020-1094), mentionne que les îles furent vidées de leur population à la suite de la conquête arabe et repeuplées par les musulmans et leurs esclaves chrétiens venus de Sicile à partir de 1048-1049 seulement. Il n’est pas exclu que quelques occupants aient tout de même échappé aux possibles massacres ou déportations. Si cela était confirmé, cela signifierait que les musulmans auraient régné sans partage sur l’archipel pendant quarante-deux ans seulement (1048-1090). L’éventuel dépeuplement des îles maltaises expliquerait donc les deux énigmes, archéologique et linguistique.
Aujourd’hui, la langue maltaise frappe par le singulier mélange qu’elle constitue : grammaire, mots et sonorités à l’évidence arabes, mais aussi siciliens, italiens et même anglais. Pour comprendre comment et pourquoi le maltais a évolué comme il l’a fait, il est indispensable de le resituer dans son contexte socio-historique.

Tout au long du Moyen Age, jusqu’à l’installation, en 1530, des chevaliers de Saint-Jean-de-Jérusalem, Malte passe successivement sous la coupe des Normands, des Souabes, des Angevins, des Aragonais, puis des Castillans, avant de tomber sous celle du royaume de Sicile aux XIVe et XVe siècles. Centre géographique de la Méditerranée, offrant des ports naturels abrités, l’archipel est aussi au centre des rivalités entre musulmans et chrétiens. C’est un important carrefour commercial, un passage quasi obligé sur la route de la soie et une plaque tournante de la piraterie, avec son lot de razzias et d’esclavage. La démographie du haut Moyen Age se caractérise par la présence encore majoritaire des musulmans.

En 1249, l’empereur Frédéric II expulse les derniers musulmans. Il est probable que beaucoup se convertirent alors au christianisme. C’est aussi à cette époque que s’installent progressivement un petit nombre d’Italiens, rapidement assimilés : marchands pisans, génois (et aussi catalans), travailleurs siciliens et italiens. Au XIIe siècle, de nombreux esclaves musulmans sont emmenés à Malte après la chute de Tripoli. A partir du siècle suivant, l’archipel est pleinement intégré dans le monde socio-économique sicilien et aragonais.

Toutefois, en dehors de l’installation de familles régnantes venues de Sicile et d’Aragon, les mouvements migratoires sont surtout rythmés par les razzias et les déportations : en 1224, après une révolte, la population de Celano, dans les Abruzzes, est déportée à Malte ; tout au long des XIVe et XVe siècles, les razzias maures sont fréquentes et, en 1429, l’une d’entre elles se solde par la perte de 10 % de la population. De leur côté, les pirates maltais et chrétiens continuent de réduire en esclavage des musulmans.

Le maltais étant encore une langue orale, en dehors des toponymes et des patronymes retrouvés dans les actes notariaux, on n’a que très peu de traces de la langue du Moyen Age. Ce sont le latin, d’abord, le sicilien, ensuite, qui servent de langues écrites et administratives.

En 1530, l’empereur Charles Quint fait don de l’archipel à l’ordre guerrier et hospitalier des chevaliers de Saint-Jean-de-Jérusalem. Les chevaliers, en majorité français, espagnols et italiens, s’installent avec leurs serviteurs, leurs soldats, ainsi qu’avec des Rhodiens. La population quintuple en presque trois siècles de présence et passe de vingt mille à cent mille habitants, par accroissement naturel, mais aussi grâce aux migrants. La construction de la cité-forteresse de La Valette, après le grand siège par les Turcs en 1565, provoquera un afflux de travailleurs, venus vraisemblablement de la Sicile voisine.

Toutefois des raids dévastateurs des corsaires se poursuivent encore au XVIe siècle : en 1551, toute la population de Gozo est massacrée ou emmenée en esclavage par le célèbre pirate Dragut. Les XVIIe et XVIIIe siècles sont eux aussi marqués par l’intense rivalité entre corsaires musulmans et maltais (au service tant de l’Ordre que de la bourgeoisie maltaise). Au début du XVIIIe siècle, Malte comptait encore dix mille esclaves tunisiens et algériens. La seconde moitié du XVIIe siècle voit le déclin du pouvoir espagnol et la montée d’une forte influence française au travers du commerce maritime. Les conditions d’un mélange linguistique plus intense que précédemment sont réunies. Avec une dimension supplémentaire : l’italien toscan est désormais la langue de la cour de justice, des notaires et de l’administration.

C’est aussi en italien que les intellectuels maltais s’expriment du XVIIe au début du XXe siècle, même si, au XIXe siècle, commence à se développer une littérature en langue maltaise. L’italien fut jusqu’au XIXe siècle la langue d’enseignement et celle des couches cultivées. Même si l’on peut soupçonner que l’influence du sicilien et de l’italien fut moindre sur le parler des Gozitains et des paysans analphabètes que sur celui des citadins, des liens étroits avec la Sicile ont continué sous la domination des chevaliers, et des administrateurs, commerçants, artisans, marins et pêcheurs parlant le sicilien et l’italien ont afflué dans les îles maltaises.
Des néologismes issus de l’arabe

Il ne faudrait cependant pas négliger, bien qu’il soit difficile à évaluer, le rôle conservateur de la présence de nombreux esclaves musulmans arabophones sur l’île. Le grammairien Mikiel Anton Vassalli écrivait ainsi, à propos du dialecte de La Valette et des bourgs voisins, que l’influence de l’arabe y était assez nette, à cause, supposait-il, du grand nombre de prisonniers musulmans. On sait aussi que l’arabe classique fut enseigné à Malte dès 1632, d’abord dans les ordres religieux à des fins prosélytes, puis, pendant la période britannique, dans le système universitaire et scolaire, avec des succès inégaux (2). La vie intellectuelle maltaise fut par ailleurs, à la fin du XIXe siècle et au début du XXe, fortement marquée par une tendance, dite « sémitisante », qui conduisit à la création de nombreux néologismes tirés de l’arabe, aujourd’hui devenus incompréhensibles.

Si l’influence de l’italien se poursuit du temps des Britanniques, qui encouragent au XIXe siècle l’émigration des exilés politiques italiens, elle s’accompagne d’une double montée en puissance : celle du maltais et celle de l’anglais. Dès la seconde moitié du XVIIIe siècle, des initiatives individuelles de savants locaux font faire au maltais ses premiers pas vers un statut de langue littéraire. Les tentatives sérieuses de description et de standardisation apparaissent avec les travaux de Soldanis puis de Vassalli, parus entre 1770 et 1798. Tous deux s’efforcèrent aussi, mais sans succès, d’imposer une orthographe unifiée et un enseignement du maltais dans les écoles. Vassalli rencontra tout de même un écho favorable auprès du colonisateur britannique et fut le premier titulaire de la chaire universitaire de maltais instaurée en 1825.

La volonté de certains Maltais de faire accéder leur langue maternelle à une reconnaissance sociale, animée par les idéaux de la Révolution française, s’est trouvée, plus tard, à la fois confortée et fragilisée par l’irrédentisme italien. Confortée, car le sentiment nationaliste et anticolonialiste de certains les conduisit à militer en faveur de l’enseignement du maltais. Fragilisée, car d’autres, tout aussi nationalistes et anticolonialistes, mettaient en avant leur sentiment d’appartenance à la sphère culturelle et politique italienne, et non un attachement, jugé ridicule, à une langue maternelle non écrite et, de ce fait, déconsidérée.

La résistance d’une partie importante des Maltais à l’introduction de l’anglais et du maltais à l’école sera très vive pendant plus d’un siècle. Entretenue au départ par l’Eglise catholique, qui redoutait une manœuvre du prosélytisme protestant, cette opposition avait essentiellement un fondement économique : juristes, notaires, commerçants, élite italophone s’opposaient à l’émergence d’une politique linguistique volontariste qui risquait de remettre en cause leur suprématie intellectuelle et économique. L’introduction du maltais ou de l’anglais aurait en effet ouvert au plus grand nombre l’accession à leurs professions. Ils rencontraient un écho favorable auprès de la population analphabète de l’archipel et, plus d’une fois, ils réussirent à mobiliser l’opinion par des pétitions et par des manifestations, dont la plus impressionnante rassembla, en 1901, un cinquième des habitants (3).

De leur côté, les Britanniques pensaient mieux implanter leur pouvoir politique et détacher Malte de la sphère d’influence italienne en imposant l’anglais dans les administrations et les écoles. Les revendications en faveur du maltais servaient leurs ambitions, car ses partisans étaient hostiles à l’impérialisme linguistique de l’italien sans être réfractaires à l’introduction de l’anglais, dont les Britanniques avaient su faire un instrument de promotion sociale qui sapait l’ancien monopole économique de la bourgeoisie locale, très italophile.
Londres s’impose

Tant la montée du fascisme que la résurgence des revendications italiennes sur Malte, soutenues par une partie des Maltais antibritanniques, finirent par conduire Londres à imposer des mesures radicales : suppression de l’italien comme langue officielle et administrative, adoption du maltais et de l’anglais comme langues officielles en 1933, adoption en 1934 d’un alphabet officiel maltais en caractères latins, mis au point par l’Union des écrivains maltais dix ans plus tôt, enseignement obligatoire du maltais à l’école la même année.

A l’indépendance, le 21 septembre 1964, le maltais devient, avec l’anglais, la langue officielle de la jeune république dont la capitale est la Valette, mais il en est la seule langue nationale. Le 1er mai 2004, le maltais est aussi devenu, non sans d’âpres résistances internes, l’une des langues officielles de l’Union européenne. Aujourd’hui, les Maltais sont presque tous bilingues maltais-anglais, et très souvent aussi, malgré un déclin certain de l’italien, trilingues maltais-anglais-italien. Si l’influence de l’anglais sur le maltais se fait grandissante, elle n’empêche pas la langue de continuer à vivre, ni la littérature écrite en maltais de continuer à fleurir.


Martine Vanhove
Directrice de recherches au Centre national de la recherche scientifique (CNRS). Enseigne le maltais à l’Institut national des langues et civilisations orientales (Inalco).


NOTES :

(1) Ibn Abd al-Mun’im al-Himyarî, Kitâb ar-rawd al-mi’tar fî habar al-aktâr,dictionnaire géographique du XVe siècle publié à Beyrouth en 1975. Cf. Joseph Brincat, Malta 870-1054. Al-Himyarî’s Account, Said International, Malte, 1995.


(2) Dionisius Agius, The Study of Arabic in Malta. 1632 to 1915, Peeters, Louvain, 1990.


(3) David R. Marshall, History of the Maltese Language in Local Education, Malta University Press, La Valette, 1971.

mercredi 9 juillet 2014

Malte préhistorique. Par Y . Demarque

Malte préhistorique:

Hypothèses.

Yaqov Demarque.

(D'après un article de Jean Courtin, paru en 1994 dans la Revue du Monde Musulman et de la Méditerranée, Volume 71; pages 17 à 38, ayant pour titre "Malte préhistorique, une île de Pâques méditerranéenne ?")

Photos (c) Yaqov & Joséphine Busuttil - Demarque.



Figurines humaines à usage chamanique.

Trouvées dans la "cache du Chamane" à Ggantija.

photo (c) J & Y. Busuttil-Demarque. 



(Les textes en caractères italiques gras sont des ajouts ou des remarques de Y. Demarque.)




Bien que distant seulement d'une centaine de kilomètres du sud de la Sicile, l'archipel Maltais n'a été peuplé par l'homme que très tardivement.

Les plus anciennes traces, indubitables, de présence humaine sur Malte et Gozo ne remontent pas en effet, tout au moins en l'état actuel des connaissances, au- delà du début du Néolithique, daté ici, comme d'ailleurs dans l'ensemble de la Méditerranée occidentale, du 5e millénaire.

Les îles Maltaises sont formées de roches d'âge tertiaire (essentiellement de l'Oligocène et du Miocène), stratifiées régulièrement, les seuls accidents étant quelques lignes de failles orientées sud-ouest nord-est. Avec un humour très britannique, on a comparé Malte à "a huge club-sandwich", constitué de deux niveaux - inférieur et supérieur - de calcaires durs coralligènes, séparés par des calcaires tendres à globigérines, à grain très fin - la pierre à bâtir de Malte, aisée à scier, tailler et sculpter — et par des passées d'argiles et de sables marneux. A l'exception de chailles grises de qualité médiocre, les hommes préhistoriques ne disposaient d'aucune roche dure apte à la production d'un outillage efficace, aussi les hommes du Néolithique maltais ont-ils importé du silex et des roches vertes à grain fin de la Sicile et de la Calabre, de l'obsidienne de Pan- telleria et des îles Eoliennes.

Qu'il s'agisse d'un troc ou déjà d'un véritable commerce organisé, le trafic de ces matières premières atteste l'importance et l'ancienneté de la navigation en Méditerranée occidentale, déjà établie par le peuplement ancien de la Sardaigne et de la Corse. Paradoxe surprenant, c'est sur leurs îles dépourvues de roches dures que les hommes du Néolithique maltais ont inventé et développé une surprenante architecture monumentale, ces temples mégalithiques qui n'existent nulle part ailleurs et qui ont bravé les millénaires.

Eléphants nains et cygnes géants


S'il n'est pas prouvé, pour l'instant du moins, que l'homme du Paléolithique, pourtant présent en Sicile, ait atteint Malte, on y a découvert dès le début du siècle des faunes quaternaires du Pleistocene inférieur. Dans la partie orientale de Malte, la vaste caverne de Ghar Dalam a fourni quantité de restes osseux d'hippopotames {Hippopotamus pentlandt) et d'éléphants nains, connus par ailleurs en Sicile, en Sardaigne, en Crète, à Chypre. Les éléphants fossiles de Malte appartiennent à trois espèces, Elephas mnaidrensis, E.melitensis et E.fal- coneri. Ces éléphants ne dépassaient guère 1 ,20 m au garrot, et les plus petits avaient la taille d'un chien saint-Bernard.

Ils côtoyaient par contre des cygnes de très grande taille qui, avec les hippopotames, fréquentaient les marécages alors présents sur ces îles aujourd'hui quasi arides. Dans la même grotte, un niveau supérieur contenait des ossements de cervidés, attribuables à la dernière phase de la glaciation de Wûrm, ilyal0àl2 000 ans. Aucun vestige d'occupation humaine n'a jusqu'ici été découvert, ni à Ghar Dalam, ni dans les autres cavités de l'Archipel. Pourtant, les chasseurs du Paléolithique supérieur, les Cro-Magnon méditerranéens, ont laissé de nombreux témoignages dans plusieurs grottes de Sicile, notamment dans les régions de Palerme et de Syracuse.

Des sites comme la Grotta Corruggi, San Teodoro, Fontana Nuova, Cala dei Genovesi, sont connus de tous les spécialistes. San Teodoro a même fourni cinq sépultures du Paléolithique supérieur. Tout aussi célèbres sont les grottes ornées siciliennes, telle Cala dei Genovesi, sur l'île de Levanzo (îles Egades), où ont été découvertes des gravures de cervidés, aurochs, équidés et humains, ou encore la grotte de l'Addaura, près de Palerme, avec ses énig- matiques gravures de silhouettes humaines dansant, associées à des gravures de bovidés, équidés, cervidés.

Or, il n'est nullement improbable que ces chasseurs siciliens du Paléolithique aient poussé des incursions jusqu'à Malte, qu'ils pouvaient atteindre en trois jours de marche en suivant l'isthme du cap Passero, au sud-est de la grande île. En effet, entre le cap Passero et Malte, les profondeurs sont inférieures à 100 m. Un "pont", un isthme émergé, a donc pu relier les deux terres lors de la dernière glaciation, lorsque le niveau de la mer se trouvait à 120 m sous le zéro actuel. Que l'on découvre un jour dans une grotte maltaise, sur terre ou sous la mer, des traces de campements du Paléolithique supérieur n'a donc rien d'impossible.

L'ancienneté de la navigation en Méditerranée occidentale, déjà établie par le peuplement ancien de la Sardaigne et de la Corse. Paradoxe surprenant, c'est sur leurs îles dépourvues de roches dures que les hommes du Néolithique maltais ont inventé et développé une surprenante architecture monumentale, ces temples mégalithiques qui n'existent nulle part ailleurs et qui ont bravé les millénaires.

II y a 7 000 ans, les premiers colons


Quoiqu'il en soit, les premiers habitants connus dans l'Archipel débarquèrent de leurs canots au début du 5e millénaire. Venus de Sicile, comme le prouvent leurs poteries aux motifs caractéristiques du Néolithique ancien sicilien (groupe de Stentinello : incisions en arête de poisson, sillons, impressions diverses, souvent incrustées de matière blanche destinée à rehausser le décor), ces marins étaient avant tout des fermiers. Ils apportaient avec eux des plantes cultivées : l'orge, deux sortes de blé — engrain et blé amidonnier — des lentilles, des pois. Gardé par des chiens, leur bétail comprenait des brebis, des chèvres, des porcs, mais aussi des bovins, ce qui laisse supposer que leurs embarcations n'étaient pas de simples pirogues mais de véritables bateaux capables de transporter hommes et animaux sur des distances relativement longues et surtout d'affronter les flots, pas toujours sereins, de la Méditerranée. La céramique de ces premiers immigrants a été découverte en plusieurs points de l'Archipel, outre la célèbre grotte de Ghar Dalam, à Ta Hagrat à Mgarr, à Santa Verna et Xewkija sur Gozo. Mais ce sont essentiellement les fouilles méthodiques de David Trump à Skorba qui ont permis de connaître l'économie, le mode de vie et la culture matérielle des premiers Maltais, en même temps qu'elles ont servi de base à la première chronologie absolue des divers styles céramiques qui caractérisent ce Néolithique tout au long de son évolution : phases de Ghar Dalam, de Grey Skorba, de Red Skorba, de Zebbug, de Mgarr, de Ggantija etc.



Ci dessus et photos suivantes :

Quelques vues de l'intérieur

de la grotte de Ghar Dalam.

Photos (c) J & Y. Busuttil-Demarque. 





























A Skorba, sous les ruines d'un temple double, des emplacements de cabanes ont été retrouvés. C'était, pour les plus anciennes, des huttes à plan ovale, longues de 7 à 10 m, larges de 2,50 m à 3 m, pour d'autres, plus récentes, des huttes à plan sub-rectangulaire, aux angles arrondis. 

Contrairement aux temples, ces habitations du quotidien ont été édifiées en matériaux périssables et de dimensions modestes. Seule la base des murs, large d'environ 70 cm, est en pierres, à double parement. Le reste de la construction était en bois ou branchages, peut- être recouverts de torchis dont des fragments ont été retrouvés, portant des empreintes de dayonnages. Le pisé a été, semble-t-il, largement employé à la phase "Ggantija", au 4e millénaire. Le sol des huttes était fréquemment recouvert d'un revêtement d'argile ou de "torba", une sorte de ciment obtenu en broyant du calcaire. Ces cabanes ont livré de nombreux restes de céramique, d'outils de silex et d'os, des meules à grain en calcaire corallien ou en basalte importé — notamment dans la cabane dite "des meules" —, de faune domestique, de mollusques, de graines carbonisées et de charbons qui ont permis de préciser l'âge exact des occupations successives du village. Un autre apport capital des fouilles de Skorba est la découverte dans les niveaux stratifiés d'une construction ovale de 8,50 m sur 5,40 m - apparemment un lieu de culte primitif— de petites figurines anthropomorphes en terre cuite ou en pierre tendre, plus ou moins complètes, dont le caractère cultuel ne fait aucun doute et qui préfigurent déjà la brillante statuaire de l'époque des temples.



Ci-dessus et photos suivantes :

figurines anthropomorphes de pierre et d'argile.

Site mégalithique de Ggantija.

Photos (c) J.& Y. Busuttil-Demarque. 











Outre les plantes cultivées et les animaux domestiques, les colons néolithiques amenèrent avec eux leur outillage, tiré de roches dures inconnues sur l'Archipel : couteaux de silex et haches polies en roches vertes de Sicile et de Calabre, lames en obsidienne de Lipari, meules et broyeurs en lave de l'Etna. Les liens maritimes avec la terre mère, la Sicile, ne cessèrent d'ailleurs jamais, comme le montre le trafic des roches dures. On importait également une obsidienne verdâtre de Pantelleria, petite île située à près de 200 km au nord-ouest, entre Malte et le cap Bon. L'ocre, largement utilisée pour la décoration des édifices, provenait également de Sicile. Seule l'argile, souvent d'excellente qualité, et une chaille grise très dure, mais apte seulement à la fabrication d'outils grossiers, pics, radoirs, marteaux, se trouvaient en abondance sur Malte.
Racloir en silex.
Site mégalithique de Ggantija.
Photo (c) J.& Y Busuttil-Demarque.
Poinçon en os.
Site mégalithique de Ggantija.
Photo (c) J.& Y Busuttil-Demarque.

A l'économie agricole de ces pionniers s'ajoutaient les ressources de la pêche et de la chasse. Malte portait alors une couverture arborée qu'a bien du mal à imaginer le voyageur qui parcourt aujourd'hui ces plateaux rocailleux et ces vallons désolés où ne poussent plus que le câprier épineux, le lentisque et le caroubier. Les forêts néolithiques abritaient cerfs et sangliers, dont les restes ont été retrouvés lors des fouilles ; outre les maillets de pierre, des pics en bois de cerf ont été utilisés pour creuser les hypogées, dont celui de Saflieni.

C'est l'exploitation intensive de ces forêts à l'équilibre fragile, et en particulier la quantité énorme de bois qu'exigeaient la construction et l'entretien des temples, qui a contribué, sans doute très tôt, dès le Néolithique moyen-récent, à la deforestation des îles. Dès l'âge du bronze, les sols devaient être largement dégarnis, surtout sur les reliefs.

Comme il a été dit plus haut, les archéologues ont distingué plusieurs phases évolutives dans le néolithique maltais, essentiellement d'après la céramique trouvée dans les fouilles, celles de Skorba ou d'autres sites. Ainsi, après le Néolithique ancien caractérisé par le style de Ghar Dalam, qui se rattache à celui de Stentinello en Sicile, on a individualisé un Néolithique moyen, comprenant la phase dite "Grey Skorba", datée de 4500-4100 avant notre ère, avec des vases peu ou pas décorés, de formes simples, parfois munis de pieds creux et de préhensions percées allongées aux extrémités évasées ("anses en trompettes") qui signent des influences du Néolithique du Sud de l'Italie. Les surfaces des vases sont beiges ou grises, d'où le nom donné à ce style, et soigneusement polies. Les relations avec la Sicile et les Eoliennes sont évidentes ; des lames et de gros nuclei d'obsidienne liparote attestent ces contacts étroits. La phase suivante, "Red Skorba" est celle des vases à surface d'un beau rouge brillant, avec des teintes corail, rouge-brun, parfois tirant sur le beige, des assiettes à décor gravé géométrique, qui ne sont pas sans évoquer le Chasséen ancien du Midi de la France et surtout les groupes italiens de Diana et Serra d'Alto. On connaît des vases importés depuis la Sicile ou l'Italie méridionale, et de curieuses louches à queue bifide. C'est dans ces niveaux qu'apparaissent les premières petites statuettes anthropomorphes en terre cuite et calcaire.

Vers 4100 se situe une rupture dans les styles céramiques, modification qui ne peut guère s'expliquer que par l'arrivée de nouveaux immigrants. Provenant souvent de tombes ovales creusées dans le roc, les vases de la "phase de Zebbug" (4100-3800 BC) sont à fond plat et col rentrant, avec des anses en ruban souvent ornées, décorés de motifs traités en cannelures, peints en brun sur un fond crème, de chevrons imbriqués ou d'incisions figurant des silhouettes anthropomorphes stylisées à l'extrême. On a qualifié abusivement cette phase d'"âge du cuivre", terme peu adéquat étant donné que le Néolithique maltais ignorera le métal jusqu'à l'incursion des guerriers de l'âge du bronze, au 2e millénaire. Il est vrai que des affinités sont décelables avec les civilisations de l'âge du cuivre de Sicile, mais il est important de souligner le refus par les Néolithiques maltais d'adopter l'usage du cuivre pour lui préférer l'obsidienne de Lipari et le silex de Monte Hyblaea.

C'est aux phases suivantes, celle de Mgarr (3800-3600) et surtout celle de Ggantija, datée à présent de 3600 à 3000 BC, qu'apparaissent les premières architectures cyclopéennes, les plus anciens temples mégalithiques à plan tréflé, tels ceux de Ta Hagrat à Mgarr, de Kordin, de Skorba, ou les premiers temples de Ggantija à Gozo. La céramique est ornée de cannelures en arceaux, souvent incrustées de blanc, ou de très curieux motifs curvilignes terminés par des cercles, baptisés "comètes". Les tombes sont des hypogées avec puits d'accès desservant des chambres circulaires, comme par exemple la nécropole de Xemxija près de St-Paul's Bay. Des vases portant près du fond un cordon horizontal perforé sont ornés de motifs géométriques gravés. Très abondante, la parure comprend des coquillages percés (Cypraea), des boutons coniques à perforation en V, en coquille, qui rappellent ceux du complexe campaniforme européen, et de petites haches-pendeloques en roches vertes de Sicile ou de Calabre. Des vases (ou couvercles ?) à fond plat orné et paroi évasée font nettement référence à la culture sarde d'Ozieri.



Ci dessus et photos suivantes :

Quelques vues du Temple

de Ggantija.

Photos : (c) J.& Y. Busuttil-Demarque 














Ci dessus : à Ggantijia :

Des graffitis très anciens, mais quine sont évidemment pas d'époque :ls témoignent de la mani qu'ont certains de "marquer leur passage"sur des sites historiques... comme ilstémoignent aussi du fait que certains sites sont connus depuis très longtemps !

Photo (c) J.&Y. Busuttil-Demarque. 


Le culte des morts, les hypogées

Avec la courte phase de Saflieni, définie d'après le grand hypogée, les contacts avec la Sardaigne s'affirment. De grands vases à col, munis de très curieuses anses en tunnel "interne" qui évoquent un décor oculé, sont proches de ceux bien connus dans la civilisation d'Ozieri, représentée en Sardaigne dans de très nombreux hypogées à chambres multiples. Les tombes connues dans le Néolithique moyen et récent étaient des puits ou de petites chambres circulaires, creusées dans le roc. Leur évolution va aboutir, vers 3000, à l'hypogée de Saflieni, aux dimensions majestueuses, véritable dédale proche du grand temple de Tarxien, au cœur même de l'agglomération de La Valette.

Découvert fortuitement en 1902 lors du creusement d'une citerne, ce monument, aussi grandiose que mystérieux, semble avoir été aménagé à l'origine à partir d'une grotte naturelle. C'est un ensemble étonnant de chambres circulaires creusées dans la roche, véritable labyrinthe étage sur plusieurs niveaux jusqu'à 10 m sous la surface du sol. Les linteaux et les encadrements sculptés qui matérialisent les entrées des chambres reproduisent fidèlement l'architecture des temples aériens. Certaines salles sont badigeonnées à l'ocre ou portent des motifs en volutes également peints en rouge, telle la fameuse "salle de l'oracle" à l'acoustique étonnante, salles que l'on a rapproché d'hypogées aux parois peintes et sculptées en Sardaigne.




Crane de femme, Ggiantija

photo (c) Y & J. Busuttil-Demarque 


Copiant l'architecture des temples, les salles ornées étaient certainement des lieux de culte : culte des divinités chtoniennes ? Culte des morts ? Sans doute, car les absides contenaient une énorme quantité d'ossements humains. Malgré l'imprécision des fouilles du début du siècle, on estime ces restes à 6 à 7000 individus, des individus au crâne allongé, de type méditerranéen classique, trapus et de taille moyenne. Ils étaient accompagnés de très nombreuses offrandes, des vases, dont une coupe ornée de taureaux et de chèvres gravés, des amulettes, des statuettes en pierre et en terre cuite, dont la célèbre "Sleeping Lady", personnage féminin aux limites extrêmes de l'obésité, richement vêtue, représentée couchée sur le côté, les yeux fermés. Longue de 12 cm, elle repose sur une sorte de lit ou de banquette. Qui était-elle ? Déesse des morts ? Grande prêtresse ou pythie officiant dans ce sanctuaire souterrain ? Egalement en terre cuite, une autre statuette analogue est elle aussi couchée sur un lit, de même qu'une énigmatique représentation de poisson. A de nombreuses statuettes anthropomorphes en terre cuite ou roche tendre (calcaire local, mais aussi steatite claire importée), s'ajoutent des petits animaux stylisés, oiseaux, bovidés, tortues, sculptés dans diverses roches, parfois des roches vertes, ou des tests de mollusques {Spondylus), et munis de perforations en V suggérant une fixation sur un vêtement, ou une suspension comme amulettes. On peut considérer aussi comme des talismans de toutes petites haches-pendeloques en roches vertes, des perles en steatite et en test, des canines de carnassiers percées, et quantité de pendeloques en test, steatite, calcaire, dont certaines font référence au Néolithique récent du Midi de la France : pendeloques en croissant à perforation médiane, pendeloque bilobée, boutons à perforation en V. Il faut citer encore une quantité de poteries très diversifiées en dimensions, des grands vases jusqu'à des récipients miniatures, copies des grands et donc offrandes votives ; beaucoup de ces céramiques présentent des affinités avec le groupe sarde d'Ozieri et parfois avec la poterie à décor cannelé du Néolithique final languedocien.




Urne décorée.

Site mégalithique de Ggantija.

Photo (c) J.& Y. Busuttil-Demarque. 


Le très grand nombre des inhumations, de même que les styles céramiques représentés dans l'hypogée, qui vont du style de Mgarr au début de la période de Tarxien, soit 5 à 6 siècles, indiquent une longue période d'utilisation de cette nécropole-sanctuaire. Mais le sous-sol maltais est loin d'avoir révélé tous ses secrets, puisqu'en 1987 a été découvert sur Gozo un autre complexe souterrain cultuel et funéraire dont l'importance ne le cède en rien à Saflieni, celui de Brochtorff Circle, sur le plateau de Xaghra. Près des grands temples de Ggan tija, une enceinte en partie mégalithique avait été signalée dès 1820, mais le site fut bouleversé et gravement endommagé par des fouilles désordonnées qui s'apparentaient davantage à la chasse au trésor. Des dessins réalisés à l'époque par le peintre Charles Brochtorff constituent heureusement de précieux documents sur l'état du site au XIXe siècle. Redécouvert et fouillé depuis 1987, avec toute la rigueur scientifique moderne, par l'équipe des Pr. Bonnano et Gouder, le "Brochtorff Circle" devait se révéler un site-clé pour la Préhistoire maltaise, bien qu'il pose autant de problèmes qu'il en résout. Le monument comprenait à l'origine un mur à peu près circulaire incluant des pierres levées, entourant une aire d'environ 45 m de diamètre ; au centre un orifice s'avéra être l'accès à un ensemble de cavités funéraires qui se développe jusqu'à 4 m de profondeur. A l'inverse de l'hypogée de Saflieni, véritable dédale de caveaux artificiels creusés de main d'homme, celui de Brochtorff Circle est une série de cavités naturelles reliées par des passages souterrains. Peut-être à la suite de petits séismes, les voûtes, peu épaisses, commencèrent à s'effondrer dès le Néolithique et les Préhistoriques à la phase de Tarxien tentèrent d'y remédier en soutenant les plafonds par des piliers monolithiques. D'après le très abondant mobilier recueilli, poteries, lames de silex et d'obsidienne, perles et pendentifs en coquille, os et pierre, haches polies en roches vertes, cette nécropole fut en usage pendant 1 500 ans environ, depuis la période de Zebbug (vers 4000) jusqu'à celle de Tarxien (vers 2800-2500). A la phase initiale, les inhumations étaient simples, les défunts d'une même famille ou d'un même clan étant placés dans des ossuaires collectifs et recouverts d'ocre rouge. Par contre, la phase de Tarxien marque un réaménagement du site, avec la construction du mur d'enceinte et à l'intérieur l'érection d'orthostats subdivisant les grottes, tandis qu'au centre était installé un énorme vase en pierre. Les corps furent dès lors inhumés dans les chambres entourant le cœur de la nécropole, avec le rite de l'inhumation secondaire visant à ménager de la place pour les apports successifs. Ces restes en cours d'étude représentent un nombre d'individus très élevé et montrent peu de changement dans la composition de la population maltaise durant cette longue période, ce qui laisse supposer que les modifications dans les styles céramiques ou architecturaux ne dépendent guère d'apports extérieurs massifs. Le mobilier sépulcral de la phase de Tarxien consiste uniquement en petites statuettes en terre cuite et en pierre tendre représentant les mêmes personnages féminins aux formes opulentes, ces "Fat Ladies" déjà connues dans d'autres sites fouillés antérieurement. Leur association à un culte des morts, ou de la mort, ne fait ici aucun doute.


Trouvées au pied d'un autel qui domine le grand vase en pierre, deux statuettes jumelles accolées, en pierre tendre, représentent une paire de personnages obèses, à tête amovible, assis côte à côte sur une sorte de lit ou banquette richement orné. Vêtus des jupes plissées, ici peintes en noir, classiques dans la statuaire de Tarxien, les jambes colorées à l'ocre rouge, ni l'un ni l'autre de ces personnages ne présente d'attributs sexuels explicites. L'un (ou l'une ?) tient entre ses mains, sur ses genoux, un petit personnage identique, l'autre un bol.





Couple de Ggantija.

Photo (c) J.& Y. Busuttil-Demarque. 


Toujours à proximité de la grande jarre en pierre, neuf petites idoles en calcaire, dont trois anthropomorphes et une phallique, furent découvertes ensemble. Inédits dans l'art préhistorique maltais, où sont connus cependant de nombreux symboles sexuels mâles, ces objets ajoutent au mystère et à la complexité des rituels funéraires et religieux de ces Néolithiques insulaires.

Les plus anciens temples en pierre du monde


Si les habitats des premiers Maltais, Skorba excepté, sont fort mal connus, les nécropoles l'étant davantage grâce aux hypogées, les lieux de culte représentent par contre une masse de documentation remarquable. Ces constructions spectaculaires, que l'on a qualifiées à juste titre de « plus anciens temples de pierre du monde », ne sauraient en effet être autre chose que des sanctuaires. Ce ne sont pas des édifices funéraires, puisqu'aucune tombe n'y a été découverte (les tombes à incinération de l'âge du bronze trouvées dans les ruines de Tarxien sont largement postérieures). Par contre, la présence d'autels de pierre, souvent monolithiques, de statues figurant des divinités, d'offrandes, atteste leur caractère sacré et religieux. De plus, à Tarxien notamment, des témoignages de sacrifices, couteaux de silex, ossements de moutons, chèvres, porcs, ont été retrouvés sous les autels. Toujours à Tarxien, des sculptures en ronde-bosse figurent les animaux immolés lors des sacrifices : taureaux, chèvres, béliers, porcs, représentés en files cérémonielles sur des frises ornant des linteaux de pierre, richement décorés par ailleurs de motifs en spirales ou en volutes finement sculptés. Il n'y a cependant nulle trace de sacrifices humains, ce qui est en plein accord avec le caractère éminemment pacifique de la civilisation maltaise néolithique, où on ne connait aucune arme, pas même les pointes de flèches en silex - ou en obsidienne - si communes à la même période ailleurs en Europe ou en Afrique. Des "pierres de fronde" fusiformes, en pierre tendre, ont pu servir à la chasse aux oiseaux.

Au nombre de 23 encore reconnaissables, auxquels s'ajoutent les ruines trop dégradées d'une vingtaine d'autres, ces temples comprennent la plupart du temps une série de chambres semi-circulaires enfermées dans une construction massive cernée par un mur externe souvent édifié, comme à Ggantija, en blocs cyclopéens placés en boutisse et panneresse afin d'assurer la cohésion et la solidité de l'édifice.

L'entrée s'ouvre au centre d'une façade concave précédée d'une esplanade parfois pavée. Ces temples sont à plan tréflé, se compliquant au cours de leur évolution, avec 4, 5, parfois même 6 absides. Aucun parallèle n'a pu être trouvé en dehors de Malte et on pense qu'ils procèdent d'une genèse locale, à partir des tombes creusées dans le roc, dont les plus anciennes, comportant plusieurs alvéoles comme à Xemxijà, remontent au 4e millénaire, et à partir de petits sanctuaires domestiques tel celui identifié à Skorba.

Des modèles réduits de temples, en calcaire tendre, et les dispositions en encorbellement des blocs encore en place, donnent une idée de l'aspect originel de ces imposants édifices. Etant donné les dimensions de certaines salles, une couverture en dalles de pierre est impensable ; la toiture devait être en bois, branchages, roseaux, matériaux périssables dont l'incendie a laissé des traces indéniables à Tarxien à Skorba, et sur d'autres sites.

Dans tous ces temples, on peut distinguer une partie externe, qui devait accueillir la foule des fidèles, et une partie interne, obscure et dont le secret était défendu par des portes successives, un "saint des saints" où n'avaient accès que les prêtres et peut-être certains initiés ou privilégiés, ce que suggèrent les "trous d'oracles". C'est dans le mystère de ces salles profondes que se déroulaient les sacrifices, tandis que les prêtres y brûlaient des plantes aromatiques dans de grands récipients de pierre.

L'orientation des temples a donné lieu à quantité d'interprétations, parfois contradictoires. Ils s'ouvrent en général vers le Levant, avec des variantes situées entre le Sud et l'Est. Seul, l'un des temples de Tarxien s'ouvre vers le sud-ouest. Mais doit-on considérer cette orientation vue depuis l'intérieur, ou de l'extérieur, du parvis où se pressait la foule des fidèles ? Dans ce second cas, l'orientation est inverse, vers le nord-ouest et non plus vers le sud-est ! Ge qui pourrait matérialiser, selon le Pr. Bonanno, le maintien de liens sacrés avec la Terre-Mère, la Sicile, mais aussi avec Pantelleria et avec les îles Eoliennes, d'où provenait la précieuse obsidienne.

Quelle divinité vénérait-on au cœur de ces sanctuaires ? A quels dieux, à quelles déesses offrait-on en sacrifice les plus beaux animaux du troupeau, ou les prémices des moissons ? A l'entrée de Tarxien fut découverte la plus grande effigie connue de la divinité, la base tronquée d'une statue qui intacte devait mesurer près de 3 m de haut. Brisée à la taille, il n'en subsiste que les pieds, les jambes massives, les cuisses vêtues d'une courte jupe plissée. Considérée comme féminine sur la base — discutable — de sa corpulence, et ce malgré l'absence de signes sexuels distinctifs, cette représentation de la divinité existe en de nombreux autres exemplaires de dimensions beaucoup plus modestes, toujours sculptés dans le calcaire tendre à globigérines.

Comme pour la "Grande Déesse" de Tarxien, il n'est guère aisé, le plus souvent, d'être catégorique quant au sexe de telle ou telle statue. Toutes ont en commun leur corpulence confinant à l'obésité, avec un développement exagéré de la partie médiane. Nus, ou vêtus seulement d'une courte jupe, ces personnages sont représentés debout, le bras droit allongé le long du corps, le gauche replié sur le ventre. Ni les seins, ni le sexe, ne sont indiqués, pas plus sur les statues verticales que sur celles représentées assises ou accroupies, les jambes repliées dans une pose souvent gracieuse malgré leurs proportions quasi monstrueuses. Curieusement, la tête manque. Une alvéole ménagée au sommet du corps et portant deux perforations indique que la tête était amovible, et articulée. Ainsi les prêtres, cachés dans la pénombre des temples pouvaient-ils peut- être, au moyen de liens souples, animer la tête des statues et donner ainsi des ordres ou des réponses aux fidèles crédules venus consulter les dieux ?

Quant aux petites statuettes, souvent de dimensions très réduites, elles peuvent correspondre à des ex-voto, peut-être aussi à des représentations de prêtres ou de hauts personnages, car certaines sont très réalistes. S'il paraît indéniable que ces effigies aux formes plantureuses évoquent un culte de la fertilité se rattachant au mythe très méditerranéen de la Déesse-Mère, on ne peut écarter un lien étroit avec le monde des morts, le monde souterrain, et y voir des divinités chtoniennes, ce que confirment les observations faites dans les hypogées de Hal Saflieni et surtout de Brochtorff Circle.

Si Ggantija, sur l'île de Gozo, s'impose par sa masse et les dimensions colossales des blocs mis en œuvre, aucun autre temple n'égale celui de Mnajdra, sur la côte sud de Malte, pour les lignes harmonieuses de son architecture, mais aussi la beauté du site et son cadre grandiose. C'est au matin qu'il faut découvrir Mnajdra, lorsque le soleil levant dore les falaises et que l'îlot de Filfla se profile sur la mer azuréenne. Depuis Ghajn Tuffieha et le Ras-il-Pellegrin jusqu'à la calanque du Wied-iz-Zurrieq, la côte sud de Malte est demeurée intacte, vierge des constructions modernes qui surchargent les rivages du nord. En contrebas d'Hagar Qim, qui occupe la crête du plateau de Qrendi, les temples jumeaux de Mnajdra, ouverts vers le soleil levant, dominant la mer de plus de 100 mètres, sont des joyaux de pierre posés sur une lande rocheuse qui au printemps se couvre de milliers de fleurs, asphodèles, chèvrefeuilles, glaïeuls, orchidées sauvages. Centrés sur une esplanade pavée circulaire, les temples de Mnajdra sont en fait au nombre de trois. Le plus petit et le plus ancien, à l'est, remonte au 4e millénaire. Le second chronologiquement est situé le plus à gauche ; le troisième et le plus récent, intercalé entre eux, date de la phase de Tarxien, postérieure à 3000. Souvent considérés à juste titre comme les plus beaux des temples maltais, les monuments de Mnajdra émerveillent le visiteur par la perfection de leur architecture, le soin apporté dans la taille et l'ajustement des blocs, leur décoration sophistiquée. Donnant sur une chambre exiguë ménagée dans l'épaisseur du mur du temple sud-ouest, deux curieuses petites ouvertures ont été interprétées comme des "trous d'oracles". Les mêmes dispositifs existent à Hagar Qim et à Tarxien. On les a rapprochés d'exemples connus dans l'Antiquité classique : par ces orifices, des prêtres cachés dans l'épaisseur du mur de l'édifice pouvaient faire parler les divinités et exiger des fidèles venus interroger les dieux des offrandes en échange de talismans ou de conseils pratiqueAvant que la chronologie, basée sur les datations du radiocarbone, ne vienne bouleverser les idées reçues, on expliquait la présence de ces monuments imposants par des contacts avec les brillantes civilisations de Méditerranée orientale, le Minoen moyen en particulier, ce qui leur assignait une date comprise entre 1800 et 1500 avant J.-C. On sait à présent que la phase "tardive" de Tarxien s'est achevée en fait avant 2200, probablement vers 2500, ce qui écarte radicalement l'hypothèse d'influences de l'âge du bronze égéen. C'était d'ailleurs déjà, dès les années 60, l'opinion du Pr. Evans, qui avançait l'hypothèse d'une genèse autochtone.


Edifiés vers 3500, peut-être avant pour certains, les temples néolithiques maltais peuvent revendiquer sans concurrence le titre de « plus anciens temples en pierre du monde », au moins aussi anciens que les premiers temples sumériens de brique crue, plus anciens que les pyramides des premières dynasties d'Egypte.

Le plus esthétique, on l'a dit, est Mnajdra, sur Malte, mais le plus majestueux est sans conteste Ggantija, sur Gozo. Son plan est analogue à celui de Mnajdra, avec deux systèmes de cours en absides, sans communications entre eux. Construite en énormes blocs et dalles de calcaire corallien, la façade s'élève encore à plus de 8 m, et devait atteindre à l'origine 15 à 16 m. Ggantija, la "Tour des Géants", devait posséder une couverture en bois, certainement pas en pierre, étant donnée la largeur de l'édifice.

Malte préhistorique, île de Pâques de la Méditerranée ?


Ces temples se présentent par paires ou par groupes espacés de 5 à 6 km des temples voisins. Colin Renfrew a pu ainsi définir 6 groupes de temples, qui correspondraient chacun à un territoire. Sur les 316 km2 des îles Maltaises, 60 % sont encore aujourd'hui des terres arables, mais en tenant compte de l'érosion, on peut avancer le chiffre de 70 % pour la période néolithique. Sur la base de 2 ha de terre arable par habitant, C. Renfrew avance un chiffre moyen de population de 2 000 habitants pour chaque territoire, soit 11 à 12 000 au total. L'archéologue britannique a proposé un parallèle au premier abord surprenant, mais assez séduisant en seconde analyse, entre Malte préhistorique et l'île de Pâques. Bien que les plates-formes (ahu) et les statues fameuses de la lointaine Rapa-Nui soient plus récentes de quatre millénaires que les temples maltais, les deux îles présentent des analogies certaines. Toutes deux sont isolées : certes, l'île de Pâques est infiniment plus loin, perdue dans l'immensité du Pacifique, que Malte ne l'est de la Tunisie ou de la Sicile. Toutes deux conservent des témoignages d'architecture sacrée monumentale réalisés par des populations demeurées à un stade technologique rudimentaire, puisqu'ignorant le métal et n'utilisant que des outils de pierre dure, silex et obsidienne sur Malte, obsidienne et basalte sur Râpa Nui.

L'île de Pâques ne couvre que 160 km2, soit la moitié de la superficie totale de l'archipel Maltais. Peuplée à l'origine par dix tribus, son ancien système de chefferies est connu par l'ethnologie, notamment les travaux d'A. Métraux. Lors de sa découverte par les Européens, le jour de Pâques 1722, elle comptait 3 à 4 000 habitants et donc une densité à peu près comparable à celle des îles Maltaises au Néolithique, si l'on en croit les estimations. Comme celle de Malte, la population pascuane vivait des ressources agricoles, représentées ici essentiellement par des tubercules, auxquelles s'ajoutaient celles de la pêche, mais contrairement à Malte elle était privée des apports de l'élevage, les seuls animaux terrestres étant les poulets et... les rats.

Les grandes plates-formes rituelles et funéraires, les ahu, au nombre de 244 et les quelques 600 statues monumentales tournant le dos à la mer et qui ont suscité tant de fantasmes interprétatifs - jusqu'à faire intervenir des extraterrestres ! — étaient érigées en l'honneur de défunts de rang important, ou en l'honneur des dieux. La construction des ahu, aussi bien que la taille, l'extraction, le transport et l'érection des statues, dont certaines ont plus de 10 m de haut et atteignent 80 t, mobilisaient toutes les énergies, ce qui implique, comme sur Malte au Néolithique, une organisation sociale structurée capable de canaliser la main-d'oeuvre et d'utiliser les ressources naturelles et humaines pour des réalisations aussi spectaculaires que prestigieuses. Ceci avait l'avantage d'écarter les heurts et les conflits, et a fonctionné avec succès, au moins durant un certain laps de temps. Mais à terme le système s'est essoufflé sous la montée des pressions sociales, puisque la civilisation pascuane s'est éteinte au début du XIXe siècle, postérieurement à la visite de Cook en 1774, dans des guerres intertribales sanglantes et destructrices, magnifiées par la tradition orale, avant d'être nivelée par les raids esclavagistes du Pérou, à la fin du XIXe siècle.

Sans doute un système de chefferies analogue a-t-il existé sur Malte au Néolithique, capable de produire des réalisations architecturales grandioses malgré des ressources limitées, l'isolement géographique et une technologie rudi mentaire. Mais si la tradition orale des Pascuans a conservé le souvenir d'événements tragiques, à vrai dire peu anciens, responsables de l'efFondrement de cette société, sur Malte le mystère demeure à travers les millénaires.

La mort des temples et les guerriers surgis de la mer


Brusquement, vers la fin du 3e millénaire, la brillante civilisation des temples s'effondre comme anéantie par un cataclysme. Il ne s'agit pas d'une catastrophe naturelle, d'une éruption volcanique colossale comme celle de Santorin, mais d'une catastrophe d'origine humaine. En effet, à Skorba, à Tarxien, les temples montrent les traces de violents incendies. Leur destruction a été aussi totale que brutale.

La disparition brusque de la civilisation des constructeurs de temples a intrigué les chercheurs depuis près d'un siècle. Pour l'expliquer, on a invoqué tantôt des épidémies, tantôt des disettes dues à l'épuisement des sols ou à des années de sécheresse, tantôt à des conflits sociaux nés de la surpopulation, phénomène qui sur l'île de Pâques a entraîné guerres tribales, famines et cannibalisme. Mais aucune de ces hypothèses ne repose sur des bases solides et toutes restent du domaine de la spéculation.
En soulignant la rupture culturelle totale constatée entre le Néolithique maltais et l'âge du bronze qui lui succède, on a invoqué également l'éventualité d'une invasion dévastatrice de guerriers iconoclastes, de mystérieux pirates surgis de la mer. C'est encore la thèse qui prévaut pour nombre de spécialistes.

Durant tout le Néolithique, la civilisation maltaise a évolué, tout en affirmant une profonde originalité, au rythme de contacts et d'apports extérieurs, avec la Sicile essentiellement, mais aussi le Sud de la péninsule Italique, la Sardaigne, voire le Midi méditerranéen français. Nulle trace de heurts, de conflits armés, d'intrusions guerrières, ne vient troubler la quiétude insulaire durant deux millénaires et demi.

Avec l'âge du métal, cet univers paisible va basculer dans une ère nouvelle où priment désormais la force et la violence, où la découverte de la métallurgie est avant tout utilisée à des fins guerrières : le bronze, qui va rapidement supplanter le silex et l'obsidienne, sert essentiellement à fabriquer des armes offensives. Les navigateurs qui vers la fin du 3e millénaire débarquent dans les criques maltaises sont des guerriers armés de poignards et de haches en métal, des archers redoutables qui utilisent encore parfois l'obsidienne de Lipari, tranchante comme du verre, mais uniquement pour en tirer des têtes de flèches meurtrières. Leurs rites funéraires sont très différents : les morts sont incinérés et leurs restes placés dans des urnes groupées en cimetières aménagés dans les ruines des temples, notamment à Tarxien. Le cimetière de Tarxien a fourni de riches parures : colliers à plusieurs rangs de perles en test, en vertèbres de poissons, mais aussi en faïence, pâte de verre bleue, importées d'Egée ou d'Egypte, écarteurs de colliers en pierre ou en faïence.

A Tarxien, les urnes funéraires des nouveaux arrivants ont été trouvées au sein d'une épaisse couche de cendres, ce qui a conforté la thèse d'une invasion destructrice.

Il est indéniable que l'âge du bronze voit l'irruption, dans les îles de Méditerranée occidentale, de populations guerrières connaissant le métal et édifiant des villages fortifiés, que ce soit en Sicile, dans les îles Eoliennes (Lipari, Capo Graziano), ou en Sardaigne et en Corse. D'où venaient ces navigateurs armés ? En s'appuyant sur des affinités constatées dans la céramique, on a invoqué des mouvements complexes de peuples et d'éléments culturels depuis l'est vers le centre et l'ouest de la Méditerranée. C'est avec l'Helladique ancien et le Macédonien ancien que les céramiques du cimetière de Tarxien et celles de Capo Graziano dans les Eoliennes ont le plus de ressemblances. Les envahisseurs de l'âge du bronze sont également les auteurs des dolmens des îles Maltaises, monuments que l'on a rapproché de ceux de Terre d'Otrante. Par contre, les mystérieuses ornières creusées un peu partout dans le sol rocheux des îles, ces "cart-ruts" qui ont fait couler beaucoup d'encre et donné naissance aux théories les plus extravagantes, ne sont pas, comme on l'a dit longtemps, les traces des chariots de l'âge du bronze. Ces ornières se sont révélées en relation étroite avec les carrières d'âge historique ; on en connaît d'ailleurs d'identiques près de Marseille, au cap Couronne, ainsi qu'en Sicile, toujours dans des sites de carrières.

Au cours de l'âge du bronze, de précieux repères chronologiques sont fournis par des trouvailles sur Malte de quelques tessons de poterie mycénienne, notamment sur le site fortifié de Borg-in-Nadur. Les villages fortifiés, occupant des promontoires naturellement défensifs renforcés de remparts, se multiplient au cours de l'âge du bronze, témoignant d'une période troublée. La fin de l'âge du bronze et le début de l'âge du fer montrent des influences des cultures contemporaines de Sicile mais aussi de Calabre. Elles seront relayées vers le VIIIe siècle avant notre ère par les Phéniciens et les Puniques, qui vont faire entrer les îles Maltaises dans l'aube des temps historiques.





SOURCES :

Source principale de l'article : Jean Courtin, Malte préhistorique une île de Pâques méditerranéenne

BIBLIOGRAPHIE SUCCINCTE:


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EVANS Q.-D.), 1963, Malta; Ancient Peoples and Places, Thames and Hudson, London, 256 p.


EVANS (J.-D.), 1971, The Prehistoric Antiquities of the Maltese Islands, Athlone Press, London, 260 p., 70 pi.


RENFREW (C), 1983, Les origines de l'Europe, la révolution du radiocarbone, Flammarion, Paris, 317 p. TRUMP (D. H.), 1972, Malta, An Archaeological Guide, Faber and Faber, London, 171 p.