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jeudi 23 octobre 2014

"Généalogie des familles Busuttil-Demarque" . Préface de l'essai.

"Généalogie des familles Busuttil-Demarque" .

Préface de l'essai.


Par Yaqov & Joséphine Busuttil-Demarque.

From Msida / MALTA.




E
ntamer la rédaction d’une généalogie aussi complète que possible est une aventure passionnante, autant que difficile et sans fin : en effet, dès lors qu’on commence à enquêter sur les origines d’une personne, puis d’une famille, la découverte d’éléments parfois minimes, éparpillés au travers d’une multitude de documents aux origines les plus diverses pousse le chercheur à « aller plus loin », voire à recommencer des pans entiers de son travail.

En matière de généalogie, le vieil adage « cent fois sur le métier remettre son ouvrage » fait très souvent la règle.

La généalogie est une science qui exige du chercheur qu’il soit à la fois tenace et méticuleux. Cette dernière qualité est importante car il s’agit de produire un travail de recherche historique, qui ne saurait être scientifique s’il n’était rigoureux. Point question donc de supposer ni de rêver : les faits sont les faits et eux seuls doivent être à la source de la rédaction. Tout au plus pourra-t-on inclure dans ce type de travail un chapitre intitulé « conjectures », qui sera la plupart du temps assez bref, et dans lequel on pourra faire figurer des personnes sans liens direct prouvé avec l’arbre, mais pour lesquelles on a des éléments qui tendent à prouver qu’elles y sont rattachées par l’une ou l’autre branche. Personnes qui du reste furent bien réelles, et qui peuvent s’avérer être les pistes d’une nouvelle et fructueuse recherche.

Les « trous », dans une généalogie, ne sont pas rares, et correspondent généralement à des périodes sombres de l’Histoire, qui ont connu les ravages des invasions ou des guerres. Ils sont très souvent la hantise du professionnel comme de l’amateur.


En conséquence, certains Pays qui ont été moins touchés par les avatars de l’Histoire, et qui ont été plus stables permettront une recherche plus facile dans la chronologie des faits et la succession des générations. C’est le cas, notamment, pour l’Archipel Maltais qui connut une assez grande stabilité depuis le 12ème siècle et dans lequel, à dater de 1530, année de sa cession par l’Empereur Charles V à l’Ordre Hospitalier de Saint Jean de Jérusalem, de nombreuses archives ont été tenues méticuleusement, notamment par le Clergé et l’Inquisition. Malte sera aussi assez peu touchée par la folie antireligieuse de la Révolution Française et, mis à part l’autodafé des lettres patentes de la noblesse maltaise, commis, sur l’Autel de la Liberté, par l’occupant français le 14 juillet 1799, peu de documents ont subi une autre destruction que celles hélas inhérentes au temps qui passe et surtout à l’humidité, toujours très élevée dans l’archipel. Les registres paroissiaux sont particulièrement riches, comme le sont aussi les archives de la Sainte Inquisition, celles de la Curia, et celles, bien sûr, de l’Ordre. On peut donc dire que Malte soit une sorte de paradis pour les généalogistes, et elle le serait pleinement si ces derniers n’avaient pas à se heurter souvent à une bureaucratie particulièrement tatillonne !

J’ai été initié à la généalogie par mon père, Jean-Denis Demarque, vers l’âge de mes dix ans.

Il avait rassemblé, dans des dossiers de carton, toutes sortes de documents : Actes de mariage, de décès, de naissance, Actes notariés, documents d’identité, photos, extraits de Presse, documents militaires, effets personnels ayant trait à des membres de sa famille ou à celle de ma mère, Odile Staquet. Tout était classé et répertorié, numéroté selon le système SOSA, et chaque dossier contenait une fiche personnelle et une fiche familiale. Il m’avait montré aussi un beau livre, à couverture de cuir rouge, aux pages vierges, contenant des fiches à remplir pour établir notre livre généalogique. J’avais découvert aussi deux grandes gravures polychromes, représentant un chêne dont les branches s’ornaient de cadres vierges, en forme de blasons.

L’enfant que j’étais était fasciné, devant ces documents et certains objets que mon père conservait précieusement.

Un gros dossier aux pages jaunies, rendues fragiles par les outrages du temps, contenait entre autres documents, des Actes et des Décrets, portant une signature prestigieuse : « Pour le Premier Consul, Joséphine de Beauharnais »…. Ils concernaient une propriété que les hasards de l’Histoire avaient mis dans les mains d’un de mes ancêtres, Pierre Dainville, qui avait épousé une femme de religion Juive, Marie Antoinette Weidman. Une propriété elle-même prestigieuse : celle des ruines du Château et du Parc de Mariemont, près de La Louvière, en Belgique, qui avait appartenu en son temps à Marie de Hongrie, sœur de l’Empereur Charles V ! La propriété comprenait les charbonnages de Mariemont, que mon aïeul tenta, avec quelques actionnaires, d’exploiter, avant de se faire spolier honteusement par un gros industriel de la région : Waroquier ! Mon arrière grand-père, Emile Dainville, avait tenté vainement de faire valoir ses droits sur ladite propriété devant la justice belge, mais s’était vu finalement débouté, par manque de fonds pour poursuivre en Cassation.

Je découvrais aussi, fasciné, les armes du père de mon aïeul : un pistolet à deux coups et un sabre, dont il s’était servi lors de la bataille de Waterloo, le 18 juin 1815 ! J’ai longtemps conservé ces reliques, avant de devoir les vendre, me trouvant moi-même en manque d’argent…

Dans ces années-là, mon père m’emmena aussi « sur le terrain » : à Waterloo, bien sûr, à Mariemont aussi. Mais aussi à Tournai, et surtout à Froyennes, berceau de la famille Demarque.

Il m’emmena aussi sur des traces plus lointaines, dont les « liens » manquaient, mais qui avaient cependant des fondements assez probants : celles de Guillaume de la Marck, le « Sanglier des Ardennes » Duc de Bouillon et Seigneur de Sedan et d’Herbeumont, qui, Protestant, avait tenté, après la révocation de l’Edit de Nantes, de s’emparer de la…Personne Royale de Louis XIV !

J’étais littéralement fasciné, et il y a fort à parier que ce sont ces moments qui déterminèrent en moi une véritable passion pour l’Histoire, passion qui ne s’est pas éteinte aujourd’hui, loin s’en faut !

A la suite de mon Père, et encore de son vivant, j’ai repris plus tard la tâche ardue et passionnante de la rédaction d’une généalogie familiale. Mes études Universitaires en Théologie Protestante avaient eu ceci de positif, de me former de manière scientifique à la recherche historique.

Curieusement, j’étais devenu Protestant, comme mon très vraisemblable ancêtre Guillaume de La Marck ; j’avais passé les meilleurs moments de mon enfance dans son fief d’Herbeumont, jouant durant des heures dans les ruines de sa forteresse[1].

Et, après le décès de mon père et de mon fils aîné, Gaël Demarque, à quelques jours d’intervalle, je me trouvais Pasteur Protestant de la Paroisse d’Ecaussines. Là, des relations amicales avec le curé du lieu, historien et généalogiste de qualité et de renom, me permirent de pousser mes recherches et d’aboutir à la quasi-certitude de liens parentaux avec Isabeau du Havoise de Marcq, qui avait épousé au 12ème siècle, Simon 1er de Lalaing, Seigneur d’Ecaussinnes. J’ai pu ainsi compulser plusieurs documents, notamment notariaux, qui attestent de ces liens et de la présence d’une branche des de Marcq à Ecaussinnes, jusqu’au début du 18ème siècle. Je reproduis, dans le chapitre « conjectures » de ce livre, certains de ces documents et notamment un acte notarié qui fut établi en 1706 au nom de Guillaume de Marq, Mambourg de la Paroisse d’Ecaussinnes-Lalaing.

La vulgarisation de l’informatique, et surtout le « boom » d’Internet me permirent aussi, comme j’imagine à bien d’autres confrères généalogistes, de pousser sans cesse plus loin mes recherches, et notamment d’entrer en contact avec des membres de la famille qui possédaient de précieuses « clés » du passé familial.

Puis, la Vie elle aussi allait jouer un rôle et modifier le cours de mon existence comme jamais je n’aurais pu l’imaginer…

En juillet 2011, ce fut la séparation du premier couple que j’avais formé, depuis 32 ans, avec Christine Cools, la mère de mes trois enfants, Gaël, Ludivine et Marjolaine. Une séparation qui surgissait dans notre vie comme une « réplique » du grand tremblement de terre provoqué dans notre existence par la mort inopinée de notre fils Gaël, alors âgé de vingt ans, suivie à huit jours près de celle de mon père, Jean-Denis.

Et ce fut une longue descente aux enfers, ceux de la perte et de la solitude qui me poussèrent inexorablement vers une voie sans issue, celle d’une fin de vie misérable. Lorsque j’écris ceci, et lorsque j’y songe, j’en ai froid dans le dos et en fais comme la nuit dernière, d’horribles cauchemars !

J’avais pu sauver du naufrage de la séparation la totalité de mes dossiers généalogiques[2]. Durant le second semestre de 2012, j’entrepris, envers et contre tout, de continuer d’y travailler, alors que je survivais, de manière précaire, en zone Flamande.

Puis survint le miracle, aussi fou et fort qu’inattendu :

Celui d’une rencontre sur Facebook, avec une femme maltaise, qui s’était émue de ma situation et me proposait d’aller la rejoindre, du moins pour un temps, à Malte !

Sans le savoir, sans même l’imaginer, et si moi-même, au départ, je n’y ai pas cru, elle m’avait sauvé la Vie, en m’offrant, à moi qui étais au bout du rouleau de la mienne, une existence toute nouvelle, à ses côtés, dans un Pays dont, au départ je ne connaissais rien et qui aujourd’hui est devenu, dans mon cœur, « Mon Pays ».

En juillet 2013, alors que je vivais déjà à Malte depuis six mois, mon divorce fut prononcé, concernant mon premier mariage. Et le 8 mars 2014, Joséphine Busuttil et moi unissions nos vies officiellement, « pour le meilleur et pour le pire » ! Ce furent sa sœur Thérésa, et mon ami Raphaël Kouff qui furent les témoins respectifs de ce mariage.

C’est dans ce contexte très particulier aussi, voire exceptionnel, que je pus laisser libre cours à ma passion de l’Histoire et entreprendre la rédaction de ce livre généalogique Belgo-Maltais, livre qui paraît ra bientôt ici dans sa première mouture, celle d’une première édition appelée sans doute à de nombreuses révisions, au fil du travail ardu et tenace, inquisiteur, du généalogiste que je suis devenu, comme une sorte de sublimation du psychanalyste et du théologien que je reste.

Merci, Joséphine, pour ce que tu m’as donné et continue de m’offrir : la possibilité d’être, d’exister encore, comme celle de devenir !

Merci à toi, et merci à ta famille, qui m’a adopté et est devenue mienne !

Merci à ton Pays, devenu aussi « mon » Pays, et que j’aime et apprécie énormément !

Yaqov Demarque

Msida,
Mercredi 22 octobre 2014.



[1] C’est au cœur de ces ruines, dans la Cour d’Honneur de ce château, que je reçus, lors d’un camp Scout, par une chaude nuit de l’an 1970, mon « adjectif » : « Cumulus », après avoir reçu lors du camp de l’année précédente, mon « Totem » de « Vanneau »… Un « adoubement » sur les terres ancestrales ???
[2] Ces derniers ont été remis en dépôt, fin janvier 2013, à ma cousine, Rachel D.

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