EXASPERATION….
Mon épouse, qui
est maltaise, et moi-même sommes de plus en plus exaspérés par la place « Royale »
donnée aux enfants dans notre si beau Pays, si riche de sa culture
traditionnelle et de son Histoire passée dont il ne semble plus guère se
souvenir aujourd’hui, trop occupé qu’il est à vouloir à tout prix jouer la « carte
européenne », et à sombrer dans une forme inquiétante de décadence.
Aujourd’hui,
incontestablement, l’Enfant Maltais est un « Enfant-Roi », avec tout
ce que cela comporte, vu d’un point de vue psychologique, de risques et de
dérives.
Souvent,
Joséphine, qui a eu, elle, une enfance et une adolescence, et même en conséquence une vie de femme très difficile, sans guère recevoir de marques de tendresse et ayant eu à subir
comme de nombreuses maltaises qui osent aujourd’hui en parler, les agressions
sexuelles de certains membres d’un clergé encore tout-puissant sur cette terre
inféodée à un catholicisme rétrograde et réactionnaire, bouillonne lorsqu’elle
constate la tyrannie qu’exercent généralement les enfants maltais d’aujourd’hui
vis-à-vis de parents ou surtout de grands parents qui leur cèdent par peur du « qu’en
dira-t-on ».
Et elle a raison, car ici, cette tyrannie est vraiment
devenue énorme et dérangeante, outre le fait qu’elle prépare pour l’avenir une
belle génération de « lopettes », qui vivront en croyant que tout leur
est dû, mais seront totalement dépourvues des « armes » nécessaires pour
faire face aux réalités de la Vie !
Elevés pour la
plupart dans un cocon protecteur et dans un cadre aussi faux que futile et
pernicieux, mettant en exergue le « bling-bling » d’un show biseness de
très bas niveau dans lequel prévalent l’image et la fatuité, les enfants
maltais se voient aujourd’hui le centre d’une politique gouvernementale
démagogique, qui tend à les préserver à outrance.
On les conduit au
pas de la porte de leur école en voiture, quitte à bloquer une circulation déjà
rendue très difficile par un excédent de véhicules (deux à trois par ménage ne
sont pas rares !) et une infrastructure routière lamentable.
Mieux, et c’est
nouveau : la Police bloque systématiquement la circulation dans les rues
ou se trouvent des sorties d’écoles, pour « préserver la sécurité des
enfants » !
Dernièrement, la
compétition autour du concours Eurovision de la Chanson pour les Enfants a littéralement
paralysé de grandes artères routières autour de la Capitale, entraînant des
embouteillages dignes de ceux de la Place de la Concorde, à Paris, ou de
Bruxelles aux heures de pointe. (Pour info, Malte, dans son ensemble, c’est
plus petit que le Grand Bruxelles, et cela rassemble un peu moins de la moitié
de la population de la Capitale de l’Europe !)
Un engouement
extraordinaire de la part des maltais, qui ne parlent plus que de cela,
oubliant tout le reste, oubliant des priorités essentielles, oubliant aussi une
actualité d’autant inquiétante qu’elle se fait sans cesse plus proche :
celle de l’avancée des troupes d’un Etat Islamique barbare, qui se trouve
actuellement à à peine 300 kilomètres de ses côtes !
Oubliant un passé historique autant que
glorieux durant lequel Malte a lutté pied à pied et avec succès contre les
invasions d’un Islam conquérant !
Oubliant aussi le fait qu’aujourd’hui, même si elle fait partie de l’Union
Européenne, Malte qui a chassé de son territoire les Anglais, ne peut plus
guère immédiatement compter que sur elle-même pour se défendre, avec une armée
minuscule et équipée de façon dérisoire.
Mais ceci,
personne ne veut le voir, ni l’entendre, ni en parler : exactement comme
dans la sculpture célèbre des trois petits singes qui se couvrent des mains les
yeux, les oreilles et la bouche !
Et surtout :
il ne faut pas en parler ni le montrer aux enfants ! Non ! Il faut
les « préserver » et les « conserver dans leur innocence » !
C’est faire lamentablement fi du fait qu’aucun enfant, quel qu’il soit, n’est « innocent » :
Freud l’avait très bien perçu, lui qui décrivait l’enfant comme un « pervers
polymorphe » !
Si il faut le
considérer comme étant « une personne », à part entière, ce que je
crois pour ma part, en faire une poupée fragile conservée dans du coton, ou pire, mise sur un piédestal ne pourra jamais le servir et desservira les
générations futures au risque de les enfoncer dans une décadence déjà presque
consommée !
Plutôt que de
leur apprendre à dire le « Rosaire », à jouer aux poupées soumises
lors des communions ou confirmations et à faire des courbettes devant le
clergé, à s’abrutir avec des « tablettes » ou des jeux vidéo, il
faudrait leur apprendre les réalités d’une vie et leur donner les armes dont
ils auront besoin pour affronter un monde hostile, fait non de rêve mais de « Réel »,
ce lieu où, comme le disait Jacques Lacan, « on se cogne », et toujours très durement !
Je terminerai ce « coup
de gueule » que j’estime nécessaire, par une citation d’un auteur que j’aime
beaucoup, Khalil Gibran, qui dans son ouvrage « Le Prophète »,
disait, à propos des enfants :
« Vos enfants ne sont pas vos enfants. Ils
sont les fils et les filles de l'appel de la Vie à elle-même. Ils viennent à
travers vous mais non de vous. Et bien qu'ils soient avec vous ils ne vous
appartiennent pas. Vous pouvez leur donner votre amour mais non point vos
pensées, Car ils ont leurs propres pensées. Vous pouvez accueillir leurs corps
mais pas leurs âmes, Car leurs âmes habitent la maison de demain, que vous ne
pouvez visiter, pas même dans vos rêves. Vous pouvez vous efforcer d'être comme
eux, mais ne tentez pas de les faire comme vous. Car la vie ne va pas en arrière,
ni ne s'attarde avec hier. Vous êtes les arcs par qui vos enfants, comme des flèches
vivantes, sont projetés. Que votre tension par la main de l'Archer soit pour la
joie. »
Iaacov DEMARQUE
Théologien,
Psychanalyste.
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